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02 / 11 / 2012 | 47 vues
Nicolas Fourmont / Membre
Articles : 11
Inscrit(e) le 23 / 07 / 2008

Pourquoi les durées des stages de formation sont de plus en plus courtes ?

Une récente étude de la DARES (cf Analyses, octobre 2012, n° 70) nous apporte un éclairage de l’évolution du nombre de stagiaires et de la durée moyenne des formations des salariés ainsi que des demandeurs d’emploi.

En 10 ans, la durée des stages de formation a baissé de 27 %

Il ressort notamment que la durée moyenne des formations s’est significativement tassée : de 85 heures en 1999, la durée moyenne d’un stage de formation est passée à 62 heures en 2010, soit une contraction de 27 %.

Comment interpréter cette tendance lourde qui, année après année s’est confirmée et ce, quel que soit le contexte économique traversé ?

La logique compétence : à l’origine, pour sortir du travail prescrit

Cette question nous ramène 10 ans en arrière : le débat consistait à savoir si nous devions sortir de la logique de qualification pour aller vers la « logique compétence ». L’objectif des « think-tanks » RH visait à sortir d’une conception du travail prescrit (« j’applique la procédure ») à une conception plus ouverte du travail et plus mobilisatrice de la subjectivité des salariés (« je mobilise mes compétences pour arriver à un objectif que l’on m’a fixé »). Autrement dit, la question n’était plus de savoir si les salariés étaient ou non qualifiés pour occuper un poste de travail mais mobiliser les maximum de compétences pour arriver le plus rapidement aux résultats attendus.

Les formations longues disqualifiées

Si la notion de compétence est aujourd’hui omniprésente dans les entreprises, l’esprit initial s’est quelque peu perdu en route : aujourd’hui, l’aspiration des « business partners » vise moins à développer les marges d’autonomie des salariés qu’à mobiliser les compétences clefs utiles pour tenir un poste donné. Retour à la case départ ? Pas tout à fait car au passage, les salariés semblent perdre progressivement les bénéfices des formations généralistes et qualifiantes, dont ils avaient besoins pour maintenir leur employabilité sur leur poste. Aujourd’hui, force est de constater que les formations sont généralement mises en place pour adapter les salariés à leur poste de travail en  leur fournissant la compétence clef utile. Les organismes de formation ont bien compris le message : les catalogues de formation regorgent de modules de formation courts (1/2 jours).

Le temps est-il venu d’interroger à nouveau la logique compétence ?

À travers le prisme de la formation, nous réactivons là un débat vieux de 10 ans, dont nous voyons aujourd’hui avec le recul les conséquences concrètes. Pourquoi ne pas réinterroger la « logique compétence », telle qu’elle est aujourd’hui mise en œuvre dans les entreprises, et nous demander si nous ne faisons pas fausse route ?

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Un article très intéressant... Je vois une troisième raison à la diminution de la durée moyenne des formations, et elle est d'ordre financier. Les organismes diminuent le coût des formations pour être plus compétitifs, passer sous le barème horaire des OPCA, remporter les appels d'offre des Régions ou du Pôle Emploi. Les OF sont donc amenés à proposer le même service à des coûts de plus en plus réduits. Ils disposent pour cela de trois variables : la mutualisation des moyens pédagogiques (ce qui donne un avantage aux grosses structures), la durée des formations (diminuer le nombre de face-à-face pédagogique et augmenter la durée des stages, par exemple), le salaire des formateurs. La pression économique amène donc les OF à se saisir des nouveaux concepts de la formation (la logique compétence, la modularisation...) pour gagner en efficacité. Il est donc nécessaire de réinterroger la "logique compétence", comme vous le suggérez, mais peut-être pas pour la raison que vous évoquez.