Participatif
ACCÈS PUBLIC
29 / 10 / 2009 | 116 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
Articles : 4216
Inscrit(e) le 16 / 11 / 2007

« Nouvelle culture d'entreprise » sur fond de fusions de CPAM dans la Sécurité sociale

La fusion de CPAM est une opération destructrice d’activités locales pour l’organisme le plus petit qui est absorbé.

L’objectif recherché : un siège social, un seul service RH, une seule logistique… Bref, un regroupement de toutes les fonctions supports a minima et la décomposition du travail en tâches parcellaires au travers des processus métiers, ceci afin d’augmenter la puissance productive.

  • Gains pour l’entreprise Sécurité sociale : productivité, transversalité, efficience…
  • Impact sur les salariés : transferts d’activités, risque de déqualification, reconversions aléatoires, perte d’identité, absence de lisibilité voire d’équité envers les salariés, perte des repères…

La « nouvelle culture d’entreprise »

Afin de mieux communiquer sur le concept de fusion et tenter de rallier les salariés à cette idée « d’évolution », l'entreprise lance un nouveau projet de création d’une culture d’entreprise. Certaines mauvaises langues diront « pour mieux en faire ingérer les inconvénients au personnel ».

Des actions de bien-être au travail sont aussi lancées. Sans doute pour enrayer les conséquences d’un stress qui n’est plus maîtrisé. C’est sûr ! Cela va chasser la morosité d’un coup !

  • La recette est compliquée. Comment créer dans nos entreprises une culture collective propre à une cohésion sociale tout en découpant en tranches l’activité des salariés ?!


C’est pourtant le moment choisi par nos dirigeants pour tenter une énième fois une grande communication autour de l’esprit d’entreprise style « nous demain », une sorte d’énième caricature de l’entreprise moderne qui écrit qu’elle a de la considération pour ses employés… De là à être reconnu dans son travail, il y a un gouffre.

L’occultation du facteur humain


Délicat dans ces circonstances d’élaborer des messages qui valorisent le collectif et surtout les diversités d’activités.

De là à penser que ces messages peuvent en plus faire adhérer le personnel à la dite nouvelle culture d’entreprise ! Qu'ils adhèrent à cela n'est pas gagné d'avance… (humour)

 
Ne nous trompons pas, nous ne sommes pas structurés comme une entreprise privée, sur des fondements économiques et capitalistes, pas plus que nous ne pourrons créer une réelle cohésion interne à l’image de Google et d’Apple qui sont liées à leurs créateurs.

  • À l'inverse, on peut aussi imaginer qu’avec une démarche d’anticipation et d’accompagnement bien menée, l’on puisse réaliser des gains d’expertise et même requalifier les salariés dans de nouvelles missions…

Valeurs culturelles et culture d’entreprise

Nous avons tous déjà reçu un apprentissage sociétal qui se traduit par des valeurs culturelles. De la même manière, le personnel de nos entreprises a acquis des valeurs qui diffèrent des valeurs acquises par le personnel des autres entreprises. Ces valeurs s’expliquent, en grande partie, par la culture locale du bassin d’emploi où se situe l’entreprise, mais pas seulement.

Mais attention : fusionner, c’est mettre en commun ses actifs mais aussi son passif. Lorsque la fusion se prépare, il est nécessaire de bien prendre la mesure de l’écart culturel qui provient essentiellement des différences culturelles, même si les valeurs de l’institution constituent un socle commun aux deux entreprises.

La connaissance de ces éléments évitera les réactions négatives telles que des conflits internes entre les deux personnels et la perte de confiance envers nos dirigeants.

Alors, pensée collective sur le modèle de « l’homme ne se pense qu’au pluriel ». Il ne suffit pas de demander l’adhésion aux projets ou de s’offrir les services d’un consultant. Il ne suffit pas de dire « fusionner, c’est créer » encore faut-il savoir s’y prendre.

« On obtient le meilleur des hommes par la confiance » et par l’implication réelle de nos dirigeants, ce propos contient un peu d’idéalisme, certes, mais un peu de vérité aussi.

Comme disait Pierre Dac : « Ceux qui ne savent pas où ils vont, sont surpris d’arriver ailleurs ».

Mais encore…

Bon gré mal gré, les salariés de nos CPAM observeront ces bouleversements comme d’autres regardent passer les trains.

Une fusion, c’est un regroupement d’entreprises qui doit se traduire par une réalité économique et une plus grande efficacité de l’entreprise. Mais attention : fusionner, c’est mettre en commun ses actifs mais aussi son passif.

Afficher les commentaires

Historiquement, Cholet était la capitale militaire de la Vendée...alors peut-etre que culturellement ce passif aurait été facilitateur avec une autre Caisse...Qui sait ?

Néanmoins, à ce jour, il ne peut pas y avoir de fusion, sans que chaque électron soit conscient de la création d'une nouvelle Caisse départementale, alors que l'on entend plus parler d'absorbtion du plus petit par le plus grand. C'est dommage, il y a tant à gagner à construire une nouvelle histoire commune, ensemble, il y a tant à gagner (ou à moins perdre, selon l'humeur) à se souder...

Tout est lié à l'orchestration de cette fusion, et les attentes sont fortes, alors de l'orchestration à la mise en scène, il n'y a qu'un pas : "L'effet de théâtre est de deux sortes : fusion des acteurs et fusion des spectateurs. La mise en scène peut opérer les deux". Karl Kraus