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01 / 04 / 2025 | 149 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Direct MiroirSocial / Epsor du 20 mars 2025

Épargne salariale responsable : comment les représentants des salariés peuvent-ils contribuer à renforcer l’engagement des dispositifs

Les représentants des salariés se montrent de plus en enclins à challenger leur direction pour que les fonds d'épargne salariale proposés aux salariés soient alignés avec les engagements RSE de leur entreprise. Retour sur le direct du 20 mars organisé par Miroir Social en partenariat avec Epsor, une société à mission en épargne salariale dont l'objectif est que 80% des encours sous gestion le soient sur des fonds labellisés responsables.

 

  • La rediffusion dans les conditions du direct qui permet de visualiser le chat est accessible à partir de cette page. Il suffit de s'inscrire pour la regarder


En tant qu'entreprise à mission, Epsor s'est fixé des objectifs ambitieux pour ses encours sous gestion. Epsor vise à atteindre 25 % d'encours sur des fonds Article 9, dits “durables", contre 12 % actuellement (la moyenne du marché de l'épargne salariale étant de 5 %). Par ailleurs, Epsor a pour objectif d'avoir 80 % de ses encours sur des fonds labellisés, contre 72 % aujourd'hui (la moyenne du marché étant de 49 %)."  "Depuis 12 mois, des directions nous contactent parce qu'ils ont été challengés par les représentants des salariés pour que l'épargne salariale soit alignée avec les engagements RSE de l'entreprise", explique Thomas Poulet, chef de projet finance responsable et RSE chez Epsor, partenaire du direct organisé par Miroir Social le 20 mars 2025. 
 

L'engagement ne se limite pas à intégrer les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les fonds. "La négociation de l'accord d'intéressement est une bonne occasion d'intégrer des critères extra-financiers dont les versements sont la première source d'alimentation de l'épargne salariale. Cela contribue à donner un sens global à l'engagement", souligne Morgane Le Saget, experte épargne salariale chez Epsor qui reconnaît que l'alignement des critères extra-financiers entre l'intéressement et l'épargne salariale ne s’impose pas encore comme une évidence dans beaucoup d'entreprises. Comparer un dispositif d'intéressement et celui de l'épargne salariale sur l'angle de la responsabilité a en outre ses limites. "Les indicateurs extra financiers que l'on retrouve dans un accord d'intéressement ne reflètent pas tous les engagements RSE d'une entreprise. Ils sont réducteurs et pas aussi ambitieux qu'ils pourraient l'être", relève Benoit Ostertag, secrétaire Fédéral de la CFDT Métallurgie et par ailleurs membre du Comité Intersyndicale de l'Epargne Salariale (CIES) qui labellise des fonds. Et ce dernier d'ajouter : "Nous avons les moyens de contrôler l'alignement ESG de l'ensemble des fonds que nous labellisons". En cela, l'application de la CSRD dans le reporting extra financier de l'entreprise va renforcer les capacités de contrôle des fonds. Le contrôle est une chose, la transparence en est une autre.

Sortir de la boîte noire

"Il faut que l'épargne salariale ne ressemble pas à une boîte noire pour les salariés. Sur chacun de nos fonds nous proposons un score d'impact sur la base d'une méthodologie maison que nous expliquons. C'est le Yuka de l'épargne salariale", affirme Morgane Le Saget qui précise toutefois le besoin de laisser le choix aux salariés qui ne désirent pas engager leur épargne sur des fonds labellisés.

Epsor reporting ESG
 

Le reporting extra-financier des fonds reste encore très global. "Il faudrait que chaque salarié puisse savoir quelles sont les entreprises qui sortent des fonds et celles qui y entrent avec les motivations associées", considère ainsi Benoit Ostertag. Des informations qui restent pour le moment cantonnées au niveau des conseils de surveillance des fonds.


Une transparence qui s'impose d'autant plus sur les fonds article 9 dont l'objet est de pouvoir mesurer véritablement les impacts extra-financiers. "Nous travaillons sur un fonds à impact qui vise à accompagner la réindustrialisation. Cela n'existe pas et il y a un véritable intérêt à le proposer aux salariés. Les deux critères discriminants seront la création d'emploi en France et la capacité des entreprises françaises ou étrangères à y payer l'impôts", annonce Philippe Petitcolin, expert Confédéral CFE-CGC Transition Économique et par ailleurs secrétaire du Collectif Reconstruire. C'est avec une approche large de l'industrie que le portefeuille de ce fonds qui devrait être finalisé d'ici fin 2025 va se constituer. La meilleure illustration du rôle clé des représentants des salariés pour donner un sens autre que simplement financier à l'épargne salariale, comme la CFDT, la CFTC, la CFE-CGC et la CGT l'ont déjà fait en 2002 en créant le CIES.