Organisations
Éducation et formation : la peur (de changer) reste une mauvaise conseillère
La France et les Français n'aiment guère la prévention. Si, en matière médicale, notre pays se distingue par de piètres politiques et pratiques d'anticipation des risques liés à la santé (la prévention, le mode de vie et l'éducation), il en est de même avec l'éducation et le travail : une formation professionnelle qui dérive de réforme en réforme sans parvenir à rattraper le niveau des bons éléments de la classe (Allemagne, Scandinavie et plusieurs pays d'Asie du sud-est).
Notre calamiteux « traitement social du chômage »
Depuis le début des années 1980 (conséquences des premières crises de l'énergie), notre pays consacre une partie de ses efforts sociaux et financiers à éteindre des incendies, à repousser ses échéances (entre autres éducatives) et à tenter de replâtrer un ex-modèle social qui empêche désormais le développement économique et social.
La formation et l'éducation sont des anticipations, pas des reconductions.
Dans le monde, tout a changé depuis 30 ans (au moins) avec la numérisation, la généralisation d'internet, l'accélération de la diffusion des connaissances et la montée en puissance (et en compétences) de nombreux et nouveaux compétiteurs (pays de l'est ayant vaincu le communisme, pays asiatiques dont la Chine...) et nos systèmes de reconnaissances sociales, de diplomation, de statuts professionnels et d'avancement sont devenus obsolètes.
Les Français victime du syndrome de l'assurance pour le numérique ?
Dans quelques semaines (échéance du 25 mai 2018), toutes les organisations européennes (administrations, associations et entreprises) vont devoir prouver leur maturité numérique via le règlement général de protection des données (RGPD). Dans un pays qui a toujours considéré l'informatique comme un simple outil (au service de l'école, de l'entreprise et du consommateur), la réflexion sur les usages du numérique, la conservation, l'exploitation, la protection et la transparence de l'usage des données risque d'être lacunaire ou totalement défaillante.
La formation, ce n'est pas juste pour les autres...
En matière de formation et d'éducation, les citoyens ont un comportement schizophrène : ils admettent que les travailleurs manquent souvent de compétences mais ne se sentent guère concernés eux-mêmes par ces lacunes éducatives. Selon une enquête UDEMY, 81 % des employés français estiment que leur pays manque de compétences mais seulement 30 % pensent qu'eux-mêmes sont insuffisamment compétents.
N'ayons plus peur d'apprendre
Comme le soulignent de nombreux commentateurs étrangers, le problème principal à résoudre pour la France ne vient pas de son code ou de son organisation du travail (forcément datés et imparfaits) ou de ses institutions (forcément datées et imparfaites) mais bien d'un considérable déficit croissant de compétences, de compétitivité et d'éducation.
Les blocages de notre société sur les modèles du passé proviennent en grande partie de notre éducation défaillante (faible pratique des langues étrangères, éducation économique insuffisante, difficultés avec le numérique, manque de culture générale etc.).
La réforme de la formation échouera tant qu'elle singera l'école.
Alors que le 27 avril, la ministre du Travail va présenter le quatrième opus de la réforme de la formation (depuis 2004, une réforme tous les 4 ans en moyenne), il faut nous interroger sur ce qui nous empêche collectivement et individuellement d'apprendre en France : est-ce le manque d'argent (on en doute), le manque de temps (chacun dispose pourtant de 24 h par jour dans le monde entier) ou le manque d'envie de changer (on se forme pour évoluer et changer, pas pour garder ses croyances intactes) ?