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18 / 11 / 2025 | 29 vues
Hervé Guindé / Membre
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SEEPH 2025 : Progrès fragiles, urgences oubliées

À l’occasion de la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées (SEEPH) 2025, la FNATH tient à rappeler que si le taux d’emploi des travailleurs handicapés atteint désormais 4 % dans le cadre de l’OETH, cette progression, bien que réelle, ne saurait masquer l’ampleur des défis qui demeurent. Oui, les chiffres montrent que les politiques d’incitation fonctionnent. Mais nous restons très loin des 6 % prévus par la loi, et il est temps que les pouvoirs publics assument pleinement leurs responsabilités au lieu de se satisfaire de résultats intermédiaires.

 

La FNATH dénonce avec force le scandale des quelque 130 000 licenciements pour inaptitude prononcés chaque année. Derrière ces chiffres, ce sont des vies brisées, des revenus annihilés et des parcours professionnels brutalement interrompus, alors même que dans beaucoup de situations, des aménagements de poste ou des solutions de maintien dans l’emploi existent. Ce recours massif et quasi automatique au licenciement traduit un manque criant de contrôle, d’accompagnement et de volonté politique. Nos alertes n’ont que trop longtemps été ignorées : cela doit cesser.

 

Tout ceci est d’autant plus inquiétant que le prochain PLF prévoit une baisse des personnels de France Travail alors que le chômage repart à la hausse.

 

Nous rappelons également que la transformation annoncée des ESAT peine à se concrétiser. Sur le terrain, les établissements manquent toujours de moyens, de personnel et d’outils pour accompagner correctement les travailleurs handicapés. La réduction des effectifs dans les dispositifs d’accompagnement aggrave encore la situation. Comment parler d’inclusion alors que les structures qui en sont les piliers sont laissées dans une telle précarité ?

 

La FNATH appelle à un sursaut immédiat, ambitieux et courageux. Les progrès existent, mais ils demeurent fragiles. Sans un investissement massif, sans une stratégie nationale crédible contre les licenciements pour inaptitude et sans un soutien réel aux ESAT et aux dispositifs de maintien dans l’emploi, nous continuerons de laisser de côté celles et ceux qui devraient être au centre de la SEEPH. Il n’y a plus de temps à perdre !

 

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Du 17 au 23 novembre, la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées donne l'occasion de mettre l’accent sur les réalités d’accès à l’emploi, d’insertion et d’inclusion. Deux études publiées ces derniers jours offrent un panorama actualisé des pratiques des entreprises et des parcours professionnels.

 

Des perceptions qui évoluent

 

Le baromètre Agefiph–IFOP montre que 67% des Français estiment que les Jeux paralympiques ont amélioré l’image du handicap. Dans le même temps, seules 8% des personnes interrogées savent que les handicaps invisibles représentent 80% des situations déclarées. L’accessibilité, quant à elle, est encore largement associée aux bâtiments (81%) et aux transports (74%) mais les difficultés d’accès au numérique (19%) ou à l’information (25%) sont moins connues.

 

Ces représentations influencent l’emploi : 76% des Français et 65% des recruteurs jugent difficile d’embaucher une personne handicapée. 

 

Un accès à l’emploi plus compliqué

 

Selon l’étude LADAPT–Agefiph–FIPHFP, 62% des personnes en situation de handicap ont recherché un emploi en cinq ans, contre 49% de l’ensemble des salariés. Elles accordent une importance accrue aux engagements diversité de l’employeur (69%, +15 points), signe d’une vigilance renforcée dès la candidature.

 

Les difficultés sont plus fréquentes durant le recrutement : 81% ont reçu un refus non expliqué, 62% ont dû dissimuler certains aspects de leur situation et 57% ont été confrontées à des questions intrusives. Le constat n’est pas différent chez les cadres, pour qui la crainte de voir freiner une évolution professionnelle constitue un obstacle supplémentaire à la révélation du handicap.

 

Dans l’emploi : des écarts persistants 

 

Une fois en poste, 61% des personnes en situation de handicap disposent d’outils adaptés, mais 39% n’en bénéficient pas. La taille de l’entreprise joue un rôle majeur : 71% sont équipées dans les structures de 250 salariés ou plus, contre 52% dans les TPE, qui affichent pourtant le meilleur niveau d’intégration ressentie (86%).

 

Le télétravail constitue un levier important : 61% des personnes concernées estiment qu’il a amélioré leur qualité de vie, contre 47% de l’ensemble des salariés. L’étude Apec–Agefiph ne disait pas le contraire, qui mentionnait que pour les cadres, ce sont surtout les aménagements organisationnels (charge, horaires, télétravail) qui facilitent le maintien en emploi, davantage que les équipements matériels.

 

Une obligation d’emploi mieux respectée 

 

L’étude de la Dares indique que le taux d’emploi légal atteint 5,1% en 2024 (+0,2 point). Les entreprises assujetties emploient 720 800 bénéficiaires, représentant 630 400 équivalents temps plein, soit 92% de l’effectif attendu.

 

Les écarts restent importants selon la taille : les entreprises de 2 500 salariés ou plus atteignent 6,4%, tandis que celles de 20 à 49 salariés sont à 3,8%, et 28% n’emploient aucun bénéficiaire. En ce qui concerne les cadres, ils ne sont que 2% à disposer d’une reconnaissance administrative, alors que 7% déclarent une limitation durable : un écart qui contribue mécaniquement aux difficultés de suivi de l’OETH.

 

Le baromètre IFOP-Agefiph : urlr.me/RVYuxw 

L’enquête IFOP-LADAPT–Agefiph–FIPHFP : urlr.me/54Wg8r (en téléchargement depuis la page)

L’analyse annuelle de la Dares : urlr.me/pSNsG9

L’étude Apec–Agefiph de 2024 : urlr.me/pSNsG9