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29 / 01 / 2014 | 12 vues
Sylvain Thibon / Membre
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Canal+ : le mal-être des cadres supérieurs

Crise managériale en cours, le vernis se craquelle. Au grand jour apparaissent les dommages provoqués par sept années d’une politique managériale aux antipodes de la modernité sociale, à des années-lumière d’un modèle de gestion humaine adapté à l'ADN de notre entreprise.

Les uns après les autres, tous ceux qui ont été présentés il y a quelques mois encore comme la relève et des forts potentiels craquent, démissionnent et s’en vont.

Les départs emblématiques de quelques cadres supérieurs ces trois dernières semaines dévoilent une grave crise de confiance, qui affecte l’ensemble des activités de la distribution, de l’édition ou de la technique de Canal+.

Ce n’est pas une surprise pour nous. Nous savons que la politique des ressources humaines aujourd'hui à l'œuvre ne peut mener qu’à l’impasse. Nous ne cessons de lancer des alertes sur ses conséquences néfastes pour les salariés ou pour l'entreprise. Des centaines de salariés en ont déjà fait les frais ces dernières années dans tous les secteurs de l'entreprise. Maintenue sous le boisseau jusqu’à présent, elle apparaît aujourd'hui au grand jour du fait même de la personnalité des salariés concernés. Car il s’agit aujourd’hui de nos cadres supérieurs et il est bien difficile de cacher l’échec global que révèlent ces nombreux et soudains départs.

  • Ils s’en vont dépités, sous d’autres cieux plus intelligents, affectés ou pire, pour certains lorsqu’ils présentent tous les signes d’un « burn-out » caractérisé.


Mais pourquoi donc cette accélération de départs en ce début 2014 ? Charge de travail, mobilité incomprise, postes non remplacés, désorganisation, économies drastiques, des éléments qui ont fini par saper le moral de nos meilleurs cadres.

Pourtant, cette année présente le visage d'une année stratégique pour le groupe. D’abord parce que notre actionnaire se réorganise, laissant à Canal+ les clefs d’un vaisseau amiral en charge du développement des activités médias en France et à l’International. Ensuite parce que nous prenons enfin le virage de l’internet global, avec pour corollaire une réorganisation interne rapide mais déstabilisante pour de nombreux salariés. Enfin, parce que la crise « imposerait » davantage et toujours des économies et une productivité que l’on devrait encore faire progresser... Un schéma managérial qui tourne à l'absurde, générateur d’un climat de défiance aux conséquences désastreuses.

  • Pour justifier cette politique, que l’on cesse de se réfugier derrière un actionnaire présenté comme un ogre dévastateur qui réclamerait toujours moins de charges ! Ne serait-ce pas plutôt un alibi, un discours éculé destiné à justifier l’accélération d’un processus de renouvellement rapide de notre base sociale, celle dont on dit qu’elle vieillit trop, qu’elle ne répond plus aux canons du moment ?

Dans cette période cruciale, l’édifice social se fragilise dangereusement, le climat devient délétère. Dans cette ambiance de fin de règne, ce sont les dirigeants de demain qui s’en vont. Alors que la relève explose, comme nous, les dirigeants d’aujourd’hui devraient être inquiets.

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