Autoroutes du Sud de la France : la dégradation des indicateurs sociaux continue
Depuis la privatisation du secteur autoroutier, et notamment le rachat par Vinci de la société Autoroutes du Sud de la France (ASF), la situation est toujours plus alarmante. Où en sommes-nous en fin d’année 2011 ?
Les effectifs en berne
La CFDT constate une la continuité de la baisse des effectifs CDI, qui s’inscrit dans un contexte de baisse continue de 5 % en moyenne et par an, depuis Vinci.
À cela s’ajoute une quasi-disparition des embauches en CDI et une diminution drastique du recours aux CDD, en particulier des saisonniers, sous le fallacieux prétexte d’une lutte contre la précarité. S’agissant essentiellement d’étudiants désireux de profiter de ce type de « petits boulots » pour gagner un peu d’autonomie financière et acquérir quelques expériences professionnelles, ASF fait preuve d’une évidente hypocrisie...
Enfin, la direction ne s’en cache plus : aucun recrutement extérieur pour le cas où un poste serait à pourvoir. Seules les ressources internes sont sollicitées, quitte à en allonger considérablement les délais.
Comme d’autres entreprises françaises, ASF ne peut se soustraire à sa responsabilité sociale en matière d’emploi. Ainsi, malgré une bonne santé économique, elle aura fait disparaître en quelques années pas moins de 1 500 emplois nets, dans un contexte de chômage en hausse significative et continue, avec à ce jour près de 4,5 millions de demandeurs d’emploi en France.
Les conditions de travail fortement dégradées
Tous ces facteurs bousculent indéniablement les organisations de travail et amplifient la mise en tension de tout le personnel. Cette baisse des effectifs est un dogme qui affecte l’amplitude des journées de travail, les plannings, les tours de service, les astreintes, les congés, les week-ends… Autant d’incidences qui contribuent à rompre l’équilibre indispensable entre vie professionnelle et vie personnelle.
L’obsession budgétaire
L’entreprise fixe des objectifs toujours plus ambitieux avec des ressources chaque fois plus faibles pour les atteindre. La direction d’ASF n’a jamais été autant centralisée et a délibérément choisi de faire porter sa politique par son encadrement qui n’a d’autre alternative que de satisfaire à la sainte logique budgétaire et produire les résultats escomptés, faute de quoi, les chaises musicales auront raison de son avenir dans l’entreprise.
Des « valeurs » de façade, une communication « en trompe l’œil »
Comment peut-on sérieusement, avec une telle politique, corriger le déséquilibre de la pyramide des âges, répondre à l’égalité hommes-femmes, agir concrètement en faveur de la diversité, lutter contre les discriminations et faire une prévention efficace contre les risques psychosociaux ? L’embauche de jeunes, évoqué dans l’accord diversité, n’est donc là que pour l’affichage. Autant de valeurs affichées par l’entreprise mais qui ne demeurent en réalité que superficielles.
Malgré nos mises en garde répétées, la direction poursuit sans relâche une politique austère, guidée essentiellement par des critères de rentabilité et des indicateurs de performances. Pour le reste, elle déploie des efforts considérables pour soigner son image et habiller la vitrine par une communication valorisante : le développement durable, les étapes estivales, les opérations clientèle, la fondation Vinci, les labels en tout genre, les collaborateurs par ci, les équipiers par là…
Mais la réalité du terrain est toute autre : la majorité des salariés sont à ce jour en décalage avec cette communication « surjouée » ; au fond, ils restent fortement attachés à cette entreprise, mais dans l’esprit comme dans la forme, ils s’en éloignent progressivement. De vraies inquiétudes pour les uns, un profond scepticisme pour les autres et pour tous, une défiance à l’égard des dirigeants d’ASF.
Le dialogue social dégradé
L’échec de la négociation sur les salaires 2012, les enveloppes attribuées par la direction occasionnant une baisse du pouvoir d’achat des salariés malgré des résultats financiers excellents illustrent davantage encore cette fracture.
Récemment encore, dans un conflit avec les organisations syndicales, la direction affirmait agir dans l’intérêt des salariés. Ce comportement est révélateur d’une approche populiste, reniant ouvertement la légitimité des représentants du personnel. ASF aurait-elle, comme d’autres, un problème avec les corps intermédiaires ?