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27 / 07 / 2018 | 8 vues
Vincent Hernandez / Membre
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Améliorer la représentativité des femmes à des postes de cadre sup' dans les industries électriques et gazières pour plus d’homogénéité dans les décisions

Dans un contexte de renégociation de l’accord sur l'égalité professionnelle de la branche des industries électriques et gazières (IEG) qui prendra fin en octobre prochain, une journée de bilan a été organisée ces derniers mois.

Lors de cette journée, Michel Ferrary (1), professeur de management à l’Université de Genève, a présenté ses analyses sur la féminisation dans les entreprises, démontrant ainsi que, plus une entreprise est mixte, plus ses performances et sa rentabilité sont positivement affectées.

Nous affirmons et maintenons qu’il est plus que temps de faire changer les mentalités. C’est pourquoi notre fédération entend poursuivre sa campagne « des idées pour lutter contre le sexisme dans nos entreprises ».

Michel Ferrary, également chercheur affilié à SKEMA Business School, a présenté un benchmark pour montrer le positionnement des IEG sur la féminisation.

1. Des constats explicites…
  • Les entreprises des IEG emploient moins de Femmes, avec 24,07 %, contre 36,13 % en moyenne dans les entreprises du CAC 40.
  • La présence des femmes dans les conseils d’administration est de 37,19 % dans les IEG, contre 41,12 % dans les entreprises du CAC 40.
2. Une analyse en amont

Pour comprendre, il nous a proposé une analyse plus en amont en observant la répartition des filles et des garçons dans les cursus d’études au niveau du baccalauréat et des études supérieures.

Quelques éléments d'illustration sur le baccalauréat professionnel :
  • plus de 95 % de femmes dans l'habillement,
  • plus de 60 % dans le la vente et le commerce,
  • près de 40 % dans l'accueil, l'hôtellerie et le tourisme,
  • à peine plus de 20 % dans les écoles d'ingénieur,
  • seulement dans les écoles de management, on observe une parité 50-50 %.
On constate que les résultats sont sans appel et dessinent clairement des « filières masculines » et des « filières plus féminines ». Pour nous, il faut agir sur ces tendances qui restent le fruit d’a priori qui ne se justifient plus.

3. Les projections des étudiants

Pour comprendre les schémas de projections des étudiants, il a également procédé à une analyse des entreprises convoitées par les étudiants au cours de leurs études.

Ainsi, en école de management, les filles regarderaient plutôt du côté de :
  • LVMH,
  • L’Oréal,
  • et Danone.

Les garçons, eux, sont plutôt tentés par :

  • Google,
  • Apple,
  • et LVMH.

Concernant les étudiants en école d’ingénieur, les choix seraient pour les filles :

  • L’Oréal,
  • EADS,
  • et Veolia Environnement.

Pour les garçons :

  • EADS,
  • Google,
  • et Dassault aviations.

On peut noter qu’il n’y a pas d’entreprise des IEG dans le peloton de tête des choix, ni côté garçon, ni côté fille. EDF est citée en 4e place pour les étudiantes ingénieures et en 6e place pour les étudiants ingénieurs. Elle se situe entre la 50e et la 55e place pour les étudiants en management. Il nous semble urgent de rendre nos entreprises plus attractives pour les étudiantes et de mettre encore plus de dispositifs en place pour montrer nos métiers.

4. Un indice d’inégalité


Au cours de ses recherches, Michel Ferrary identifie un « indice d’inégalité » destiné à évaluer l’harmonie de la représentation hommes/femmes dans les entreprises.

Cet indice correspond au pourcentage de femmes dans les effectifs moins le pourcentage de femmes parmi les cadres.

Plus cette différence est faible, proche de « 0 », plus l’équilibre est respecté dans l’entreprise avec une représentativité hommes/femmes homogène et cohérente.

Les chiffres sur les effectifs statutaires dans les IEG par collège :

  • exécution : 22 % de femmes,
  • maîtrise : 27 %,
  • cadres : 29 %,
  • cadres sup' : 21 %.

On constate que, pour le collège cadre, l’indice d’inégalité est de 27 % - 29 %, soit -2, proche de 0. En revanche, pour les cadres sup', l’indice est de 27 % - 21 %, soit 6. En conclusion, dans les IEG, la représentativité des femmes à des postes de cadre sup' est à améliorer pour plus d’homogénéité dans les décisions. C’est l'une des revendications de FO.

5. La féminisation d’une entreprise devient une vraie valeur.

Enfin, Michel Ferrary s’est posé la question suivante : le taux de féminisation d’une entreprise a-t-il une influence sur sa rentabilité ? La réponse est oui. Il a pu faire le constat que la féminisation d’une entreprise devient une donnée de plus en plus observée et prise en compte par les investisseurs.

Selon son étude, plusieurs facteurs justifieraient de prendre ce point sérieusement en compte.

  • Recruter hommes et femmes permet d’élargir la taille du marché du travail et donc d’accroître la probabilité de recruter des ressources humaines de meilleure qualité.
  • La moitié des consommateurs sont des consommatrices. Employer des femmes permet de mieux comprendre les attentes des clientes et d’améliorer la relation commerciale.
  • La diversité des systèmes de représentation améliore les processus de décision et la créativité dans les organisations.
  • La promotion de femmes managers constitue un facteur de motivation pour l’ensemble des femmes de l’entreprise.
  • La diversité est une preuve d’ouverture de l’entreprise à laquelle sont sensibles les parties prenantes (clients, pouvoirs publics, actionnaires, médias…).

(1) En 2010, il a notamment publié dans Travail, genre et sociétés (la revue du CNRS) l’article intitulé « Les femmes influencent-elles la performance des entreprises ? ».

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