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Accord « Stress » PSA : une belle vitrine mais rien en magasin !
L’augmentation de la charge de travail, la dégradation du climat dans l’entreprise et l’augmentation des tensions entre salariés ont des conséquences sur la vie de chacun de tous les salariés du groupe PSA : ras-le-bol, stress, développement des TMS et des risques cardio-vasculaires, pétages de plomb (burn-out), dépressions.
Avec l’accord sur le stress, les salariés attendaient des mesures concrètes permettant de réduire la charge de travail, les tensions et de redonner du temps et de la convivialité dans l’entreprise.
Coquille vide
Malgré les demandes de la CGT, l’accord PSA ne comprend aucune mesure concrète :
- rien sur la charge de travail ;
- rien sur la répétitivité des gestes en fabrication ;
- rien sur le développement de postes adaptés au personnel vieillissant ou à restriction médicale ;
- rien sur la fixation des objectifs pour les ETAM et cadres ;
- rien sur les délais ;
- rien sur les méthodes de management ;
- rien sur le respect des libertés et du volontariat ;
- rien sur les critères de promotion actuellement basée sur l’individualisme et la soumission ;
- rien sur les sous-effectifs ;
- rien sur les pressions sur les malades et accidentés ;
- rien sur la nécessité de redonner du temps aux salariés et de restaurer des espaces de convivialité.
Feu vert à l’aggravation
L’étude DARES (Ministère du Travail) de 2007 a étudié les différentes formes d’organisation du travail. Elle a conclu que l’organisation « Lean » était la plus néfaste à la santé des salariés (voir le site de la revue Travail et Emploi, n°112 p35/47). Pourtant, l’accord PSA dit que le « bien-être au travail » passe par les méthodes « Lean » (travail en groupe UEP et UEC, open-spaces, gain de temps, polyvalence, qualité totale, compactage…) : un comble !
L’accord est donc vide de mesures concrètes et dangereux dans ses affirmations de principe.
Dans le détail
L’accord prévoit 3 mesures principales
Numéro vert
Pour les salariés en « détresse psychologique ». Sans nier l'utilité ponctuelle d'un tel numéro vert, on voit bien que, dans l'esprit de la direction de PSA, le « problème », ce n’est pas la pression au travail, c'est la « fragilité » des salariés qui ne la supportent pas. Cette approche individuelle et culpabilisante masque les causes réelles de l'augmentation de la souffrance au travail.
Cellule de veille
Elle a pour objectif avoué de « repérer » les situations « à risques » et les salariés qui risquent de « péter les plombs » et de les « gérer ».
Questionnaire stress
Les salariés volontaires pourront répondre à un questionnaire stress dans les infirmeries. Depuis plusieurs années, à Sochaux, les médecins du travail du montage et de logistique ont mis en place un questionnaire qui révèle un niveau de stress dans les différentes catégories de salariés (ouvriers, ETAM et cadres) largement supérieur à la moyenne nationale. Or, au lieu d'étendre cette enquête qui est validée nationalement (questionnaire Karasek), la direction de PSA fait approuver par les syndicats signataires la méthode d'évaluation du stress du cabinet Stimulus, cabinet patronal qui sous-estime de façon systématique les causes professionnelles du stress et renvoie aux causes individuelles et familiales.
- L'exemple de France Télécom : avec la dégradation de la situation, les syndicats ont obtenu de la direction de laisser tomber Stimulus et son fameux questionnaire. Ils ont fait appel au cabinet Technologia, moins proche des thèses patronales.
Confidentialité ?
La direction promet que le questionnaire Stimulus restera « confidentiel ». Pourtant, pour le remplir sur l’ordinateur, il faudra taper son « code personnel ». À ce titre-là, la CGT considère que l’anonymat n’est pas garanti.
Pour la CGT, l’accord stress PSA s’apparente à :
- une vitrine pour l'image sociale de la direction à l'extérieur de l'entreprise ;
- une manœuvre pour minimiser les problèmes et retarder les mesures à mettre en œuvre.
- Santé au travail parrainé par Groupe Technologia