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Salaires : les routiers prêts à relancer les blocages
Sans reprise des négociations salariales, les chauffeurs routiers seront en grève illimitée avec des actions dures, à l’appel d’une intersyndicale. Le dialogue a été rompu le 9 février, sur des propositions patronales insuffisantes.
Dans la continuité de la mobilisation de janvier, l'intersyndicale du transport routier de marchandises lance un nouvel appel à la grève reconductible à compter du 15 mars à 22h00.
Elle revendique une hausse de 100 euros par mois du pouvoir d’achat par des augmentations de salaire de 5 %, un treizième mois et une meilleure protection sociale. Dans la profession, qui n’a pratiquement pas connu de hausse de salaire depuis trois ans, cinq coefficients sur six sont inférieurs au SMIC et les salariés ont perdu plus de 11 % de leur pouvoir d’achat en cinq ans.
Malgré la nomination d’un médiateur, le dialogue social s’était rompu le 9 février sur des propositions patronales limitées à une hausse de 1,2 à 2,2 %, selon les coefficients. Ces offres, formulées par écrit le 4 mars, sont jugées « insuffisantes » par les syndicats. Le taux horaire minimal à l’embauche passerait ainsi à 9,62 euros bruts de l’heure pour les plus bas coefficients, soit seulement un centime au-dessus du SMIC, et à 9,89 euros bruts pour les plus hauts.
Les syndicats assignés au tribunal
Mettant le patronat face à ses responsabilités, les syndicats ont fait des contre-propositions, formulées le 11 mars dans un courrier adressé au Secrétaire d’État aux Transports, Alain Vidalies. Ils acceptent, pour les plus bas coefficients, un taux horaire minimal de 9,82 euros bruts au lieu de 10 euros. Ils demandent au gouvernement de « mettre en œuvre une réunion dans les meilleurs délais » avec les organisations patronales afin de relancer les négociations. Le 13 mars, seule la fédération Otre, représentant les PME et TPE du secteur, avait accepté cette proposition.
Le reste du patronat, reçu le 12 mars par Alain Vidalies, ne semble pas davantage disposé aujourd’hui à rouvrir le dialogue. Pourtant, les entreprises du secteur bénéficient d’aides publiques via le Crédit d’impôt compétitivité-emploi (CICE) et le pacte de responsabilité, d’allégements de cotisations issus de la loi Fillon et de la baisse du prix du carburant.
Le 10 mars, le groupe Charles André, l’un des principaux employeurs du secteur, a assigné les syndicats, devant le tribunal de grande instance de Paris. Il leur reproche le « blocage illégal » de ses sites durant le mouvement social de janvier. Or, il se trouve que le secrétaire général du groupe, Jean-Christophe Pic, est également président de la FNTR, principale organisation patronale du secteur.
« Cette assignation est inadmissible ; elle montre la manière dont le président de la FNTR voit le dialogue social dans la branche », dénonce Patrice Clos, secrétaire général de la fédération FO des transports.
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