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Quand la RATP s'en prend comme jamais au droit de grève...
La direction de la Régie autonome des transports parisiens a confirmé samedi qu'elle envisageait bien d'instaurer un dispositif lui permettant de remplacer au pied levé les conducteurs de métro ou de RER absents.
Elle a indiqué vouloir disposer d'un « vivier » de 150 cadres volontaires qu'elle formerait et qu'elle payerait en conséquence. « Leur habilitation à la conduite serait renouvelée tous les six mois. Par ce système, nous voulons encourager des volontaires pour avoir des conducteurs de réserve et pas seulement en cas de grève », a précisé un porte-parole de la RATP.
En échange, lesdits « volontaires » se verront offrir une prime mensuelle de 100 euros (environ 1 200 euros par an).
Lors d'une grève en avril dernier sur la ligne du RER A, certains dirigeants de la RATP avaient déjà testé ce genre de pratique en réquisitionnant d'office d'ex-conducteurs de rames (passés cadres ou agents de maîtrise) pour remplacer les grévistes, rappellent les syndicats.
« Au mépris des problèmes de sécurité que cela pose pour les voyageurs, la direction nous explique aujourd'hui sans ambage qu'elle veut généraliser un système pour casser à l'avenir les grèves sur le réseau », dénonce Didier Larrigaldie (FO-RATP), avant de s'en prendre à ce projet « scandaleux et inacceptable d'un autre âge ! ».
Il invite fermement la direction à renoncer à son projet qui piétine allègrement le droit de grève inscrit dans de la Constitution.
- Payer des conducteurs non-grévistes pour remplacer des grévistes est en effet illégal, comme le confirme un arrêt récent (juin 2010) de la Cour de Cassation et selon lequel est « discriminatoire l'attribution d'une prime à des salariés selon qu'ils ont participé ou non à un mouvement de grève ».
Anticipation ?
D'aucuns se demandent si la direction n'anticipait pas là un conflit social d'envergure à l'heure où le dialogue social est au point mort sur les conditions de travail (acquis sociaux remis en cause, réorganisations tous azimuts, charge de travail en hausse) mais aussi sur l'emploi (700 postes supprimés) comme sur les salaires.
À cet égard, malgré le doublement de ses bénéfices (231 millions d'euros au premier semestre 2011), la RATP a décidé de soumettre ses agents à une stricte modération salariale.
Elle a octroyé « 0,5 % d'augmentation au 1er juillet 2011 alors que l'inflation (2,2 %) entraîne une baisse du pouvoir d'achat pour nombre d'agents dans un contexte francilien où vivre et se loger coûte plus cher qu'ailleurs », vient de dénoncer l'ensemble des syndicats dans une lettre ouverte au PDG.
Dans ce courrier daté du 2 septembre, les salariés lui ont demandé de rouvrir les négociations sociales dans les meilleurs délais.