Participatif
ACCÈS PUBLIC
25 / 11 / 2013 | 76 vues
François Dubreuil / Membre
Articles : 10
Inscrit(e) le 16 / 02 / 2010

Pourquoi faire participer ?

Depuis 40 ans, une doxa semble s’être imposée en Occident : faire participer les individus aurait la force d’encourager l’engagement (des salariés, des clients, des citoyens…) et d’améliorer les performances des entreprises et l’acceptabilité sociale de ses actions. En cette année 2013, l’actualité de la participation est particulièrement riche : En France, représentants élus des salariés au conseil d’administration, groupes d’expression au travail, partout dans le monde, développement des processus d’innovation à partir de plateformes numériques d’échange et de production collaborative, invitation à dialoguer avec ses parties prenantes, sans oublier le renouvellement, à un rythme toujours croissant des scandales, alertes et controverses, qui viennent bousculer le fonctionnement d’institutions en charge de développer une expertise, autrefois moins susceptibles d’être remises en cause…

Mais sous couvert de participation, de quoi parle-t-on au juste ? D’équilibrer les pouvoirs et de développer une culture de responsabilité ? De susciter et organiser l’intelligence collective ? D’identifier les meilleurs leviers pour rendre acceptables certaines décisions ? De libérer la parole sur le travail réel ? D’établir une démocratie technique 

Le terme « participer » n’est dénué ni de complexité ni d’ambiguïté. En gestion, participer est le fait pour un acteur d’être impliqué à un moment ou à un autre dans un processus (« prendre partie, être associé à ») de fonctionnement et donc le fait de contribuer à l’action, il peut aussi s’agir d’une participation au processus de décision, voire de partage des bénéfices (participation aux résultats). En politique, la participation des citoyens à la discussion et à l’élaboration des décisions relatives au groupe auquel ils appartiennent est une question de démocratie. La démocratie participative vise à s’assurer qu’au-delà des moments décisifs de vote, il existe une participation effective des citoyens à la vie des institutions. On trouve en entreprise des volontés de démocratiser la gouvernance stratégique (représentants des salariés), comme la mise en œuvre concrète des actions (groupes d’expression directe). Les technologies numériques ont fortement renouvelé l’aspiration à des formes de participation directe à la discussion et à la création (wiki, blogs, twitter, pinterest, youtube…). Enfin, les évolutions techniques qui bouleversent la société (nanotechnologies, transition énergétique, visibilité des traces numériques…) font l’objet d’engagement ou de rejet par l’opinion avec un effet sensible sur les entreprises. La société civile s’invite à des débats auparavant circonscrits à des experts, débats que l’entreprise ne peut ni empêcher, ni refuser, même lorsqu’elle doute de la compétence ou de l’objectivité des opposants.

Dans ce contexte multiforme, à quelles opportunités renvoie l’usage de la participation ? Quel intérêt trouvent les dirigeants à faire participer leurs parties prenantes aux décisions qui les concernent ? À quelle condition cette participation est-elle source d’efficacité et de légitimité ? Quelle est la réception par les salariés et la société de ces appels à la participation ?

Ce sera l’objet de notre prochaine université d’hiver, qui aura lieu le 17 janvier 2014. Comme lors des années précédentes (cf actes 2011, 2012, 2013), l’événement réunira un riche panel d’intervenants, responsables d’entreprises, DRH, chercheurs et experts français et internationaux, parties prenantes, pour nous aider à décrypter l’état de la « participation » dans la société et l’entreprise et les enjeux autour de cette notion dans les années à venir.

Le programme visera à répondre à travers trois tables rondes aux questions suivantes.

  • La participation se développe-t-elle partout et de la même manière ? Ou bien est-ce une pratique propre à l’Occident ? Est-elle une force pour l’Occident ou un obstacle à son développement ?
  • Quel intérêt trouvent les dirigeants des entreprises ou des collectivités publiques à faire participer les personnes aux décisions qui les concernent ? À quelle condition cette participation est-elle source d’efficacité et de légitimité ?
  • Quel intérêt trouvent les salariés, les citoyens, les clients à s’engager dans des démarches participatives très souvent sur leur temps libre, au risque de perte de revenus ou d’un engagement excessif ?

Les participants pourront ensuite choisir entre trois ateliers : « participer et société », « participer et changement », « participer et autorité ».

·  LLa participation ne se cantonne plus aux seuls salariés de l’entreprise. Les nouvelles technologies permettent des discussions spontanées très larges, dans lesquelles les entreprises se trouvent « embarquées » à leur insu. Comment l’entreprise intègre-t-elle la pertinence de cette participation ? Avec quelles avancées mais aussi quelles limites (voire menaces) ?

·LesLes projets de changement constituent sans doute le domaine du management dans lequel la participation a été la plus mobilisée… Les incitations à participer se sont multipliées, pouvant conduire à la fois à un surinvestissement participatif pour les salariés. Quelle efficacité organisationnelle au final ?

·   Tout se passe aujourd’hui comme si la participation aux frontières de l’entreprise et à la conduite du changement finissait par limiter la capacité des salariés et de l’encadrement de proximité à échanger et agir sur le travail réel. D’où un renouveau d’attention pour le management de proximité et sa capacité à rendre possibles des discussions ouvertes sur les pratiques de travail. Or, les traits de personnalité habituellement décrits dans la littérature pour caractériser l’autorité des dirigeants et encadrants (vision, créativité, autorité, charisme…) sont-ils en cohérence avec ce qui est décrit comme étant la recherche de participation des salariés ? N'y a-t-il pas paradoxe à rechercher des managers charismatiques tout en souhaitant développer des formes de participation ?

Après une synthèse de ces ateliers, nous terminerons la journée avec un exposé sur la participation dans l’art.

Le thème de l’événement étant la participation, une grande place sera laissée aux échanges avec les participants. D’ici le 17 janvier, n’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires ou questions. Après le 17 janvier, nous mettrons en ligne des extraits vidéo, sur le modèle de la table ronde finale de notre université d’hiver précédente, permettant la poursuite des échanges au-delà de cette date.

Si vous êtes intéressé, vous pouvez télécharger le programme ici et le bulletin d’inscription là.

Pas encore de commentaires