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10 / 12 / 2009 | 27 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Pôle Emploi répète-t-il les erreurs de France Télécom Orange sur les conditions de travail ?

Pôle Emploi lancera au début de l'année prochaine une négociation sur la prévention du stress et les conditions de travail. Le contexte : des tentatives de suicide qui se multiplient sur les lieux de travail.

Le déploiement accéléré des sites mixtes où le public peut être renseigné tant sur le placement que sur l’indemnisation se trouve visé. Les objectifs de déploiement sont irréalistes. En PACA, 24 sites mixtes sont déployés. Il en reste 68 à déployer d’ici... la fin de l’année. Tout bonnement impossible surtout que le déploiement est bloqué par une procédure en référé engagée par le comité d’entreprise.

Objectifs irréalistes

« On a voulu donner une identité de façade à Pôle Emploi avant que l’organisation ne soit une réalité » - Michel Michelotti, SNU« On a voulu donner une identité de façade à Pôle Emploi avant que l’organisation ne soit une réalité. Avant de mettre en place les sites mixtes, il fallait d’abord avoir une réflexion globale sur notamment l'organisation, les déplacements inter-sites et la mutualisation des moyens informatiques », explique Michel Michelotti, ex-ANPE, délégué syndical du SNU et élu CHSCT de Pôle Emploi en région PACA.

Pôle Emploi ouvre par ailleurs des sites mixtes sans avoir préalablement harmonisé l'organisation du temps de travail. Les établissements de l’ex-ANPE fonctionnent sur la base d’accords locaux avec des horaires fixes différents selon les sites, tandis que les ex-Assedics fonctionnent selon le principe des plages variables. Cette épineuse négociation commencerait également courant janvier.

Dysfonctionnements et contradictions

En attendant, sur un site mixte où les ex-ANPE commencent à 8h30, les ex-Assedic pourront commencer le travail entre 8h30 et 9h00 pour le terminer entre 15h30 et 16h00. À charge pour le responsable du site de trouver les volontaires chez les ex-Assedic pour assurer l’accueil à 8h30 et éviter ainsi à l’agent ex-ANPE de se retrouver un peu perdu dès lors que les questions porteront sur l’indemnisation.

Le décalage entre un certain affichage des objectifs et la réalité se retrouve ailleurs. « On sent bien que l’idée est de diminuer la taille des portefeuilles des agents. Les objectifs initiaux ne voulaient rien dire. La contradiction est d’autant plus difficile à gérer en période de crise », lance Henri Peyre, ex-Assedic, élu au CHSCT Rhônes-Alpes de Pôle Emploi.

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Le regroupement à tout prix des ANPE et des ASSEDIC n’en finit plus de charrier malaise et souffrance parmi les personnels. Pour stopper la spirale infernale, FO exige la «suspension du déploiement des sites mixtes» et des embauches «pérennes».

   
 
 
Une dizaine de suicides depuis le début de l’année, cinq tentatives en moins d’un mois. Le spectre de France Télécom plane sur Pôle emploi. En cause, le déploiement à marche forcée des sites mixtes née de la fusion entre les agences ANPE et les ASSEDIC. Censée améliorer les démarches administratives des chômeurs, l’opération se révèle jour après jour un désastre pour les chômeurs et un désastre pour les personnels. «On est confronté à une organisation de travail ubuesque: système informatique inopérant, conseillers tenus d'être polyvalents au bout de deux jours de formation, jusqu’à 300 dossiers de chômeurs à traiter par agent, locaux inadaptés, deux postes de travail disponibles pour 5 personnes», explique FO-Pôle-emploi, pour qui « le service minimum dû aux demandeurs d'emploi est intenable dans ces conditions».

Les syndicats n’ont cessé de tirer la sonnette d'alarme sur les souffrances pour les personnels (voir notre article du 21 octobre 2009). Mais les pouvoirs publics, tout comme la direction nationale du nouvel organisme, ne semblent pas vouloir prendre la réelle mesure du problème, déplore FO. «À chaque incident (sic), une enquête est diligentée par les ressources humaines», a déclaré la direction, avant d’accepter, une réunion en urgence qui devait se tenir mercredi avec les délégués du personnel d’Ile-de-France où l’on a recensé trois autres tentatives de suicide en quelques jours. Du côté du gouvernement, le secrétaire d'État Laurent Wauquiez, a affirmé mardi ne pas prendre «à la légère» ces tentatives de suicide, en récusant tout «parallèle» possible avec la situation à France Télécom. Pour preuve de sa bonne foi, il a annoncé une négociation en janvier sur les risques psycho-sociaux, dont le point départ sera le résultat du dépouillement d’un questionnaire envoyé aux agents en août.

Sauf que cela ne répond pas aux attentes immédiates. «Afin d’arrêter la spirale infernale», FO «exige des mesures urgentes en commençant notamment par suspendre le déploiement aux forceps des sites mixtes à l’origine de la dégradation des conditions de travail et par envoyer des renforts pérennes en personnel». Ce que le gouvernement continue de refuser en raison d’un diktat du président de la République. Tous les sites mixtes devront être «déployés d'ici à la fin de l'année» car «quand on fait un choix, on s'y tient et on essaye de maximiser ses chances. On ne fait pas comme bien souvent : arrêter au milieu du chemin», s’était entêté Nicolas Sarkozy le 23 novembre. Quant aux embauches supplémentaires, il avait indiqué qu’elles devront être limitées en nombre et dans le temps. Quitte à passer par l’intérim, comme l’a confirmé depuis M. Wauquiez. «La situation à Pôle emploi n’est pas comparable avec France Télécom, mais jusqu’à quand? Jusqu’à qu’on y atteigne le même nombre de morts?», s’interroge FO.