La question des conditions de travail et  de la qualité de vie au travail est régulièrement mise en avant dans les débats ou les discussions avec les partenaires sociaux dans les entreprises. Et sur ce sujet , comme sur d'autres, les salariés expriment souvent le  "ressenti" d'une forte dégradation au fil des ans....
 

Certes la  baisse du chômage ces dernières années et les tensions sur le marché du travail ont mis en lumière l'importance du lien entre qualité de l'emploi et attractivité des métiers. Déjà la crise sanitaire avait joué un rôle de révélateur avec les métiers « essentiels »

Mais comment mesurer véritablement  la qualité de l’emploi à l’échelle des métiers ? France Stratégie, dans une récente notre note (1)  tente d'apporter son éclairage.
 

Les auteurs de cette étude soulignent que  la  baisse du chômage ces dernières années et les tensions sur le marché du travail ont mis en lumière l'importance du lien entre qualité de l'emploi et attractivité des métiers, en rappelant que  la crise sanitaire avait déjà joué un rôle de révélateur avec les métiers « essentiels »...

Dans la continuité de la mission sur les travailleurs de la « deuxième ligne » [2], cette nouvelle note de France Stratégie  bâtit une typologie en six groupes de métiers selon leur configuration de qualité de l’emploi, en fonction de scores obtenus pour une série d’indicateurs.

Les six groupes de métiers:

• des métiers bien rémunérés, aux perspectives de carrière favorables, mais à forte intensité de travail (des métiers de cadres)
• des métiers de bonne qualité, protégés des risques et des contraintes (des métiers qualifiés et moyennement qualifiés appartenant à divers secteurs, malgré une concentration dans les services)
• des métiers à fortes contraintes physiques ( des métiers d’ouvriers, qualifiés et non qualifiés) 
• des métiers à bas salaires relativement protégés des contraintes physiques et horaires ( des métiers d’employés faiblement à moyennement qualifiés)
• des métiers à très bas salaires et trajectoires défavorables, avec de fortes contraintes horaires ( des métiers peu qualifiés, principalement dans les services)
• des métiers très exposés aux contraintes horaires, mais avec des perspectives de carrière favorables  (des métiers du care et de la sécurité) 

 Les six dimensions de la qualité de l’emploi et du travail:
 

• Salaires (Salaire annuel et horaire / Insatisfaction salariale)
• Conditions d’emploi (Types de contrat / Insécurité de l’emploi)
• Conditions de travail (Accidents du travail / Risques physiques et psychosociaux / Intensité du travail)
• Trajectoires et carrières ( Participation à la formation / Transitions professionnelles et promotions)
• Temps de travail ( Heures de travail / Horaires atypiques / Conciliation vie professionnelle/familiale / Perspectives de carrière)
• Représentation collective (Représentation des salariés / Consultation)

Les enseignements tirés par les auteurs de cette étude: 
 

"  De réelles marges de progression se font jour pour l’ensemble des professions, y compris dans les métiers très qualifiés, les cadres par exemple, pour qui la soutenabilité du travail est altérée par une forte pression ressentie.
 

..En outre, les analyses montrent une corrélation entre une bonne qualité de l’emploi et une satisfaction élevée à l’égard de la vie professionnelle, et soulignent à l’inverse des déficits de qualité de l’emploi pour des métiers sur lesquels on anticipe de forts besoins de recrutement."
 

Pour France Stratégie," rien n’indique cependant que le contexte de tensions accrues suffira à améliorer la qualité des emplois proposés dans ces métiers par le simple biais des mécanismes de marché. Dès lors, une politique d’amélioration de la qualité de l’emploi pourrait contribuer à concilier un objectif de bien-être des salariés avec un objectif d’efficacité économique."
 

Et d'ajouter que: "Dans cette perspective, il importe de faire de cet état des lieux de la qualité de l’emploi par métiers un socle de référence, en le renouvelant sur la base des prochaines éditions des enquêtes mobilisées dans cette note. Cela permettra notamment de suivre l’évolution dans le temps de ces différentes dimensions."
 

"Mais améliorer la qualité de l’emploi suppose une approche et des politiques à la maille des métiers. Le diagnostic et les principaux leviers identifiés par métiers pourront dès lors servir de base pour élaborer des pistes concrètes de revalorisation des emplois. Celles-ci doivent être explorées de manière complémentaire aussi bien au niveau des politiques publiques de l’emploi que des pratiques des branches professionnelles et des entreprises ou des employeurs publics. C’est là une condition essentielle pour s’assurer de l’attractivité des métiers qui seront les plus en tension demain et pour concilier efficacité économique et bien-être des travailleurs.

(1) Note d'analyse n°130 (strategie.gouv.fr)

(2) Erhel C. et Moreau-Follenfant S. (2021), Rapport de la mission d’accompagnement des partenaires sociaux dans la démarche de la reconnaissance des travailleurs de la deuxième ligne, 19 décembre 2021.

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