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24 / 03 / 2021 | 90 vues
Michel Berry / Abonné
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Pourrons-nous nous contenter de relocaliser notre industrie ?

Sonia Bellit, Caroline Granier et Caroline Mini (de La Fabrique de l’industrie) se sont penchées sur cette question et la Gazette de la société et des techniques vient d'en faire l'écho. Ce sujet retiendra l'attention dans le contexte actuel.

 

La réponse gouvernementale à la crise économique déclenchée par la pandémie de covid-19 fait la part belle à l’idée de reconquête de notre souveraineté industrielle et de réindustrialisation du pays. Les débats en cours évoquent les relocalisations comme un élément clef de la politique industrielle du « monde d’après ». Dans le cadre du plan « France Relance », 1 milliard d’euros sont destinés à subventionner les projets de relocalisation. Une telle politique en faveur des relocalisations ne doit évidemment pas entraîner le rapatriement de productions à l’identique ou à faible valeur ajoutée, qui ne seraient pas compétitives et pérennes sur notre territoire. De même, ces nouvelles activités devront reposer sur les compétences, le savoir-faire et les ressources disponibles dans notre pays. Donc, que peut-on concrètement véritablement attendre des relocalisations ?

 

Parmi les principaux arguments avancés pour justifier la nécessité de relocaliser, le constat de la désindustrialisation occupe une place prépondérante. Certes, la désindustrialisation est incontestable : la part de l’emploi industriel dans l’emploi total baisse continûment depuis une cinquantaine d’années, passant de 23 à 9 % entre 1974 et 2018.

 

  • Le recul relatif de l’emploi industriel concorde avec la baisse du poids de l’industrie manufacturière dans la valeur ajoutée brute. Celle-ci est en effet passée de 22,8 à 10,9 % entre 1974 et 2018.

 

Pour autant, peut-on considérer les relocalisations comme un moyen de reconstituer le tissu industriel français ?

 

D’abord, faut-il définir ce que l’on entend par relocalisation. Selon la plupart des économistes, à l’instar d'El-Mouhoub Mouhoud (2017), la relocalisation est le pendant de la délocalisation, pas de la désindustrialisation. En effet, elle renvoie au retour d’une entreprise ayant préalablement délocalisé pour profiter de coûts salariaux moindres.
 

Ce phénomène reste très marginal en France : la Direction générale des entreprises (DGE) a recensé 98 cas de relocalisation entre mai 2014 et septembre 2018 (Assemblée nationale, 2020) et n’en a répertorié que 107 entre 2005 et 2013 (DGCIS – DATAR – PIPAME, 2014).
 

  • Les délocalisations représenteraient entre 9 000 et 27 000 emplois industriels perdus par an, selon les études, les périodes utilisées et les définitions (Sonia Bellit et al., 2020).
  • Les relocalisations ne suffisent pas toujours à sécuriser l’accès aux biens : la diversification des sources d’approvisionnement, leur rapprochement et le stockage sont des alternatives à prendre en compte.

 

(1) Pour en savoir plus : 

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