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30 / 06 / 2020 | 68 vues
Vincent Hernandez / Membre
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Fessenheim : un gâchis industriel, économique, environnemental et social

Notre organisation syndicale tient une nouvelle fois à condamner la fermeture anticipée de la centrale de Fessenheim.
 

Cette dernière a été un sujet de campagne pour François Hollande et le Président Emmanuel Macron l’a repris à son compte. Cette décision politicienne ne résulte que d’une course aux voix « vertes » et n’a aucun fondement pragmatique. Au contraire, elle va même à l’encontre des objectifs dont notre pays s’est doté en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
 

Mais sur ce dossier, les contradictions ne se comptent plus. D’abord, sur les émissions de CO2 : il faut le redire, la fermeture d’une source d’énergie totalement décarbonée est une absurdité totale en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Compte tenu des discours erronés par différents responsables sur cet aspect, il nous paraît essentiel de le souligner de manière très claire et sans ambiguïté. Nous préciserons également que l’on ne remplacera pas le nucléaire par du renouvelable. Ceux qui affirment cela prennent les gens pour des imbéciles.
 

Le bilan électrique RTE indique que la production des deux tranches de Fessenheim a été de 12,1 TWh alors que les 450 000 panneaux photovoltaïques français n’ont produit que 11,6 TWh à un coût très élevé pour la collectivité. Nous rappellerons également que, de l’autre côté de la frontière, nos voisins allemands viennent d’ouvrir une centrale supplémentaire à charbon de plus de 1 000 MW et il y a fort à parier que nous serons dans l’obligation d’importer de l’électricité produite par cette centrale.
 

Les gouvernements responsables de la fermeture anticipée de la centrale de Fessenheim doivent probablement penser que les émissions de CO2 de cette centrale s’arrêtent à la frontière. Car s'il faut parler d’émission de CO2, faisons-le de manière objective. Mais force est de constater que cela n’a pas été le cas : cet argument pour fermer Fessenheim est donc irrecevable. L’aspect économique nous mène également à indiquer notre sidération sur cette fermeture anticipée, car cette décision est un non-sens sur ce point-là aussi.


Pour quelles raisons ?

  • Depuis 1977, la centrale est raccordée au réseau.
  • La centrale a employé près de 1 000 salariés et 2 000 lors des activités de maintenance.
  • Depuis 1977, la production s’est élevée à 440 TWh (ce qui est l’équivalent de 30 ans de consommation des Alsaciens).
  • En 2019 : 12,3 TWH produits. C’est la cinquième meilleure performance du site (pour avoir une idée : la consommation de l’Alsace est de 14 TWh).

 

Ces quelques chiffres démontrent que les investissements réalisés ont permis de disposer d’installations plus performantes et plus fiables. Enfin, contrairement à ce qui a souvent été véhiculé par les médias, il faut rappeler que cette centrale a été reconnue comme l’une des plus sûres de France par l’Autorité de sûreté nucléaire elle-même, y compris dans le dernier rapport qu’elle a rendu il y a quelques semaines.


De plus, tous les acteurs locaux attestent de ce que la centrale de Fessenheim a participé au développement économique de la région. Il faut noter que, depuis 1977, la centrale a versé 50 millions d’euros par an en impôts et taxes, dont 14 millions d’euros en moyenne aux collectivités locales, ce qui représente 2 milliards depuis sa mise en service. Cette fermeture anticipée aura donc un effet économique sans précédent sur le tissu économique régional et une conséquence sur les résultats d’EDF qui va perdre une centrale affichant d’excellents résultats au niveau du parc.
 

Nous relèverons également le non-sens industriel : des investissements ont été réalisés ces dernières années afin de garantir la sûreté des installations. De fait, cette décision de fermeture anticipée entraîne la fermeture d’une centrale nucléaire en parfait état de fonctionnement et de sûreté. Le chantage exercé auprès d’EDF par le biais de la loi sur la transition énergétique et la croissance verte de 2015 est clairement et simplement, à nos yeux et aux yeux des salariés, une manœuvre politicienne faisant fi de tout intérêt général concernant l’avenir industriel de la France dans le secteur de l’énergie, notamment concernant la production d’électricité nucléaire.
 

Le dernier élément (non des moindres) est la catastrophe sociale de cette fermeture. Les salariés et leurs familles sont directement touchés par cette décision et les responsables politiques doivent se rappeler que, derrière leurs petits enjeux politiciens, des salariés et leurs familles vivent des situations difficiles depuis quelques années et doivent surmonter des épreuves découlant directement de ces décisions.
 

La fermeture anticipée de la centrale de Fessenheim illustre ce à quoi des logiques politiciennes à des fins électoralistes peuvent mener : prendre une décision contraire à l’intérêt national et à la lutte impérative contre le changement climatique.
 

De Ségolène Royal qui avait promis une usine de batteries Tesla que l’on n’a jamais vu venir à Emmanuel Macron qui a appliqué cette funeste décision, tous les décideurs publics ont fait preuve d’une complaisance coupable envers les écologistes (principalement allemands) qui ont préféré lutter pour fermer Fessenheim plutôt que contre les mines de lignite dans leur pays. Ces décideurs publics sont coupables envers la Nation et les salariés de Fessenheim.
 

Notons d'ailleurs que le seul projet aujourd’hui sur le site est celui du technocentre porté par EDF. Dans un premier temps, la ministre Élisabeth Borne avait eu l’indécence de le critiquer avant de se rendre compte qu’elle n’avait rien à proposer.


Situation vraiment pathétique une nouvelle fois !
 

Notre fédération se tient aux côtés des salariés de la centrale qui ont agi pour l’environnement, pour EDF et pour la France pendant huit années supplémentaires alors que la fermeture avait été annoncée en 2012. FO énergie et mines tient à saluer le professionnalisme exemplaire des salariés qui ont exploité la centrale dans des conditions de sûreté optimales jusqu’au bout. Ils sont la fierté d’EDF et resteront ceux qui se seront battus pendant plusieurs années pour faire prévaloir la logique de l’intérêt général et du service public en produisant une électricité bas carbone à un prix compétitif pour les citoyens.

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