Organisations
Le vaste univers des très petites entreprises
Elles emploient près de 4 millions de personnes, et pourtant, on ne parle presque jamais des TPE, ces très petites entreprises de moins de 11 salariés qui — fait encore plus méconnu — comptent elles aussi des cadres et des ingénieurs.
Pour mémoire, quelques points de repères:
- Environ 49 % des cadres du secteur privé (soit environ 1,9 million de personnes) travaillent dans des TPE ou des PME, principalement dans le secteur des services.
- Le salaire médian des cadres en TPE est inférieur de 6 % à celui alloué par les grandes entreprises. Selon l’Apec, il s’élevait à environ 46 000 euros brut par an en 2023.
- Les TPE représentent 95 % des entreprises françaises et continuent de croître à un rythme annuel de 3%, ce qui maintient un important vivier d’emplois pour les cadres. (source : entreprises.gouv.fr, 2023)
- 40 % des cadres de TPE ont pratiqué le télétravail en 2023, contre une moyenne de 64 % pour l’ensemble des cadres, d’après l’APEC.
- En 2024, les intentions de recrutement des TPE pour les cadres se stabilisent autour de 8 % des entreprises qui prévoient de recruter.
- Deux tiers des cadres de TPE se déclarent satisfaits de leur situation professionnelle, un taux équivalent à celui de leurs homologues de grandes entreprises.
- Seuls 64 % des cadres de TPE ont accès à des programmes de formation continue, contre 84 % au sein des grandes entreprises.
- Moins de 10 % des cadres des TPE ont envisagé une reconversion professionnelle
À la veille des élections syndicales dédiées aux TPE(1), qui auront lieu du 25 novembre au 9 décembre, petit aperçu de cette galaxie hétérogène, par le biais de quatre cadres qui y travaillent et de deux experts qui analysent les spécificités de ces toutes petites structures.
(1) ( près de 5 millions de salarié·e·s de très petites entreprises (moins de 11 salariés) et d’employé·e·s à domicile voteront pour désigner les syndicats qui les représenteront dans leur vie professionnelle)
Souvent perçues comme un événement de moindre envergure, comparées à celles des grandes entreprises ou des administrations, les élections TPE, qui ont lieu tous les quatre ans, constituent pourtant un enjeu majeur pour les salariés, en particulier pour les cadres, fréquemment isolés dans ces établissements de moins de 11 employés.
Historiquement, les taux de participation à ces élections sont faibles, avec souvent moins de 10 % des salariés concernés qui participent au scrutin. Cela s’explique par plusieurs facteurs : la méconnaissance du processus électoral, un sentiment de déconnexion vis-à-vis des enjeux syndicaux, ou encore une proximité avec l’employeur qui rend difficile l’identification à des instances syndicales externes.
Cette faible participation ne doit cependant pas masquer l’importance de ces élections.
Dans les TPE, où la structure hiérarchique est réduite et les relations entre employeurs et salariés souvent directes, les enjeux liés au dialogue social sont d’autant plus cruciaux pour négocier et faire entendre les revendications des salariés, notamment en matière de conditions de travail, de salaires ou de formation.
L’avenir des TPE passe par le dialogue social
Pour les cadres et ingénieurs, les enjeux sont encore plus spécifiques.
Souvent perçus comme des interlocuteurs privilégiés des employeurs, ils se retrouvent dans une position délicate, à mi-chemin entre le rôle de décideur et celui de salarié. Et leur voix est rarement entendue faute de représentation adéquate et de structures adaptées au statut qui est le leur. Les cadres et ingénieurs, comme l’ensemble des salariés, sont pourtant confrontés à des problèmes fondamentaux : stress, surcharge de travail, incertitudes liées à la polyvalence exigée dans ces structures, sans oublier des questions liées à la rémunération ou à l’évolution de carrière.
Ces élections sont l’occasion de défendre des accords qui encadrent mieux les spécificités du travail des cadres et ingénieurs de TPE.
Dans un contexte économique où les petites entreprises jouent un rôle moteur, il est essentiel que le dialogue social y soit actif et constructif. Il est donc impératif que les cadres et ingénieurs se mobilisent pour ces élections, non seulement pour bénéficier d’une meilleure représentation, mais aussi pour renforcer des discussions indispensables à la bonne santé de leur entreprise.
L’avenir des TPE et le bien-être de leurs salariés passent par un dialogue social renouvelé et renforcé. Les élections professionnelles en sont une pierre angulaire.
La Lettre FO-Cadres n°189 d'octobre 2024 consacre un numéro spécial aux élections TPE