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02 / 03 / 2017 | 5 vues
Michel Berry / Abonné
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Formation et industrie : refonder la promotion sociale

La promotion sociale est en panne : la dévalorisation de l’enseignement professionnel et la fragilité du système de formation continue dans l’industrie en sont l'illustration.

Dans un pays qui se passionne pour les débats sur l’éducation, la formation professionnelle fait l’objet d’une forme de désintérêt national, ce qui laisse penser que plus personne ne croit réellement à la possibilité d’une seconde chance que le système éducatif et professionnel pouvait offrir pendant les Trente Glorieuses.

De plus, l’industrie du futur bouleverse les besoins en compétences des entreprises, laissant poindre une société bipolaire, divisée entre des gens très qualifiés et peu qualifiés.

Pour les auteurs de cette étude, l’emploi industriel en France est structuré en trois catégories résultant des conventions collectives de branches, ouvriers, techniciens et cadres. Ces catégories sont en partie définies en fonction du niveau de qualification, lequel peut être mesuré selon différents critères : le diplôme initial, les compétences nécessaires au métier exercé et le salaire horaire.

Pour eux, cette structure ternaire devrait changer au gré des transformations industrielles.

Ils partent de la présentation d'une hypothèse d’évolution à long terme des catégories de l’emploi industriel :

1. certains emplois ouvriers vont disparaître avec l’automatisation des tâches à faible valeur ajoutée, dans la continuité de la diminution du nombre d’ouvriers peu qualifiés observée depuis 30 ans (1) ;

2. les tâches dont les coûts de réalisation par une machine sont plus élevés, tel le « kitting » (2) exigeront toujours de la main d’œuvre, les tâches dont les coûts de réalisation par une machine ;

3. il y aura toujours un besoin en compétences techniques spécifiques (à l’image du métier de chaudronnier) ;

4. des conducteurs de machines plus qualifiés seront affectés au contrôle d’un îlot de production et coordonneront les tâches d’opérateurs moins qualifiés ;

5.
en parallèle, les besoins en cadres et en ingénieurs de haute qualification se renforceront autour de compétences clefs comme le numérique, le management collaboratif et la gestion de projet.

Enfin, les compétences intermédiaires, aujourd’hui représentées par les techniciens, déclineront du fait de l’automatisation de la production et des compétences logicielles nécessaires pour la maintenir et l’organiser.

La division statutaire entre technicien et ingénieur pourrait donc péricliter aux dépens du statut de technicien.

L’emploi industriel évoluera alors vers une structure bimodale, creusant un fossé de qualification entre ouvriers et ingénieurs et risquant de rendre la promotion sociale plus complexe.

Il semble donc nécessaire de refonder le système de formation professionnelle en améliorant sa transparence, en s’appuyant sur les filières industrielles pour recréer des identités professionnelles et en mettant en place une formation professionnelle tout au long de la vie.

Telles sont les conclusions développpées dans le dernier numéro de La Gazette de la société et des techniques par trois ingénieurs des mines, à l'issue d'un mémoire de troisième année et au cours duquel ceux-ci ont rencontré de nombreux professionnels.

(1) Analyses n° 28, DARES, 2015.
(2) Sélection et préparation des pièces nécessaires sur la chaîne de production.

La note de La Gazette de la société et des techniques.

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Tout comme l'éducation, confiée sans discernement à l'Etat par de nombreuses familles qui s'en désintéressent, la formation (la poursuite de l'éducation initiale) n'intéresse guère la plupart des travailleurs (au delà de quelques velléités rarement poursuivies dans la durée). Il faut comprendre par exemple qu'en 2014 le gouvernement (et les partenaires sociaux) ont tué le Droit Individuel à la Formation (DIF) pour un dispositif inutile, inaccessible et non financé (le Compte Personnel de Formation ou CPF) sans que personne ou presque ne s'élève contre la disparition d'un droit auquel on a substitué un ridicule compteur d'heures de formation. Vous avez raison, on ne peut que déplorer le manque de formation des Français (moins de 6 h par an en moyenne) mais ce sujet intéresse moins les foules que le niveau des retraites (payées largement à crédit) ou les remboursements des lunettes de marque.