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Santé au travail à La Poste : pour une direction de la prévention indépendante
Ces dernières années, La Poste n’a pas été épargnée par l’inflation des risques psychosociaux, ces fameux RPS qui constituent des indicateurs de la souffrance au travail. Le rapport Kaspar remis à l’ancien président Jean-Paul Bailly faisait état d’une « situation sociale dangereuse ».
La publication et la médiatisation de ce rapport laissaient espérer que les lignes bougent… Un accord sur la qualité de vie au travail (signé en janvier 2013 avec FO com, la CFDT, la CGC et la CFTC) prévoyait l’ouverture de chantiers directement liés à l’environnement de la santé au travail.
Nous pensions alors que les dramatiques événements qui se sont déroulés à La Poste pouvaient permettre d’aborder une nouvelle ère dans les relations des postiers avec leur travail. Force est de constater qu’un an après l’ouverture des négociations, aucun chantier n’a abouti et que certains ne sont toujours pas ouverts. Cela en raison notamment du refus obstiné de La Poste d’aborder concrètement les sujets d’ordre psychosocial et les problématiques du management.
Il ne sert à rien de se voiler la face.
Tous les jours, nous constatons que des agents, des collègues, des cadres et des cadres supérieurs sont en souffrance.
Des hommes et des femmes, des postiers travaillant dans la même entreprise, souffrent d’un mal insidieux qui, faute d’attention, peut progressivement s’aggraver jusqu’à devenir pathologique.
De faux prétextes pour éviter de prévenir ces risques ?
Lorsqu’un événement dramatique se produit, nous entendons malheureusement trop que cela ne concerne que la sphère privée du salarié alors que les faits sont validés par des expertises diligentées par le CHSCT et autres cabinets externes.
Face au nombre important d’expertises, notre fédération pense qu’il serait plus judicieux d’accéder à sa demande de globaliser et de centraliser les demandes d’expertise sur tout le territoire pour en tirer les enseignements et la recherche de solutions « nationales ».
À l’heure de la recherche d’économies tous azimuts, cette proposition paraît réaliste et bénéfique à plus long terme pour les collaborateurs... Pour l’instant, la souffrance persiste, l’usure psychologique s’installe et ainsi les troubles physiques apparaissent : hypertension, accidents du travail, multiplications d’arrêts maladie de courte et longue durée, nombreuses dépressions...
Pourquoi ne pas mettre en place les conditions d’un dialogue social sérieux et efficace ?
Promouvoir un dialogue social de qualité et favoriser le bien-être au travail c’est possible, si l'on privilégie la prévention en s’attaquant directement aux facteurs de risques, qui constituent une orientation fondamentale maintes fois préconisée par notre organisation syndicale.
Nous manquons de véritables indicateurs chiffrés sur les dépressions, les « burn-outs » et les alertes psychologiques.
La santé au travail, une priorité pour FO com
Notre fédération demande donc à la direction du groupe La Poste et à son nouveau président que la prévention des risques et la santé au travail soient « dans les faits » une véritable priorité nationale et que cela ne reste pas de simples mots alignés dans un accord.
Convaincre les comités de direction
Prévenir, soigner et accompagner : ce sont des niveaux d’intervention indispensables dans le dispositif de prévention des RPS.
Il devient nécessaire de convaincre les dirigeants que les performances économiques n’iront de pair qu’avec les performances sociales. Dans l’entreprise, ce sont les membres du comité de direction qui sont les plus difficiles à convaincre.
C’est dans ces instances que se prennent les décisions majeures relatives à l’organisation des services et des types de management.
Aussi, affirmons-nous que les acteurs de la prévention doivent avoir leur propre direction nationale, au même titre que d’autres directions, telles que la direction financière ou la direction de la production… La présence d’un directeur de la prévention dans ces instances de décisions conduirait à trouver nécessairement des compromis entre les contraintes économiques et les priorités sociales.
Les médecins du travail, les infirmières, les assistants sociaux verraient leurs préconisations respectées et l’ensemble des acteurs de la prévention se verraient ainsi garantir leur indépendance et ne connaîtraient de subordination que celle de leur filière.
C’est vraiment la condition sine qua non pour que la prévention puisse s’exercer sereinement et dans la plus grande efficacité.
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PETIT LEXIQUE DES RPS
Les risques psychosociaux qui recouvrent des réalités aussi diverses que le harcèlement moral et sexuel, l’épuisement professionnel, les suicides au travail ou encore les violences exercées sur les salariés par des personnes extérieures à l’entreprise, constituent désormais un enjeu majeur de santé publique. La prévention de ces risques doit être une priorité.
Burn-out : ou syndrome d’épuisement professionnel. Il estcaractérisé par un ensemble de signes, de symptômes et de modifications du comportement en milieu professionnel.
Harcèlement moral au travail : aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptibles de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel (article L.1152-1 du Code du travail).
Harcèlement sexuel : les agissements de harcèlement de toute personne dans le but d’obtenir des faveurs de nature sexuelle à son profit ou au profit d’un tiers sont interdits (article L.1153-1 du Code du travail).
Stress : il est souvent lié à un déséquilibre entre la perception des contraintes imposées et la perception des ressources dont on dispose personnellement pour y répondre.
Violence interne : comportement physique ou verbal agressif d’un salarié à l’encontre de l’un de ses collaborateurs.
Violence externe : comportement physique ou verbal agressif à l’encontre d’un salarié par un client, un usager, une personne extérieure à l’entreprise.
Prévention primaire : elle vise à la mise en œuvre de moyens dans l’organisation du travail afin d’éviter l’émergence de risques et d’accidents.
Prévention secondaire : elle vise la détection des risques en amont, quand l’accident peut encore être évité.
Prévention tertiaire : elle a pour objectif la réparation des accidents et la mise en œuvre de démarches permettant qu’ils ne se renouvellent pas.
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