Organisations
Le handicap en quête de meilleures passerelles vers l'emploi
Plus de quatre cent personnes ont assisté à la 13ème journée « travail et handicap » organisée par la confédération FO le 11 décembre dernier. Un succès croissant, hélas, qui montre que les salariés en situation de handicap peinent encore à se faire une place au travail. Formation, sécurisation des parcours, tutorat... Plusieurs voies de progression ont été évoquées.
Touchés de plein fouet par la crise
« Pour se mobiliser sur le handicap, poussons les entreprises dans leur retranchement ! » - Yves Hinnekint, Opcalia
De janvier 2011 à mars 2012, le nombre de travailleurs handicapés inscrits à Pôle Emploi a augmenté de 22 % : ils sont aujourd'hui 332 500 en recherche active et 30 % d'entre eux ont un niveau de qualification inférieur au CAP. Leur meilleure intégration dans le travail passe bien sûr par la formation. « Les moyens restent faibles par rapport à la dépense nationale de formation car ils représentent 4 % du total de la formation professionnelle », a tenu à rappeler Odile Menneteau, présidente de l'AGEFIPH. D'où la nécessité de les maintenir le plus possible dans le droit commun. De son coté, Yves Hinnekint, directeur général d'Opcalia, a martelé que la culture de la contribution passive des entreprises à l'AGEFIPH doit muter vers une culture de recherche active de solutions : « Il ne faut pas hésiter à l'expérimenter dans son entreprise en accueillant un candidat » et a lancé, un brin provocateur : « pour se mobiliser sur le handicap, poussons les entreprises dans leur retranchement ! »
- La salle a ensuite retenu son souffle pour écouter Joël Ruiz, directeur général d'AGEFOS-PME et père d'un enfant handicapé. Celui-ci a expliqué que « l'accueil d'un handicapé chez un artisan reste difficile, en raison de la pression du temps et de l'effectif réduit. Mais les financements, qui pour aménager un poste, qui former un tuteur dans une PME existent ! Dire que la démarche est compliquée est faux ! »
Stéphane Lardy, secrétaire confédéral de FO, a insisté sur l'importance pour les élus syndicaux de s'emparer du sujet au moment de la négociation du plan de formation. Avant de conclure que pour les handicapés aussi, la formation reste plus que jamais un outil de promotion sociale.
Expériences à partager entre syndicats et associations
« Nous apprenons à trouver des territoires communs » - Anne Baltazar, FOLa table ronde consacrée aux relations entre syndicats et associations a mis au grand jour des différences d'approche. « Les débuts ont été froids mais nous apprenons à trouver des territoires communs », a reconnu Anne Baltazar, en charge de l'économie sociale, de l'égalité professionnelle et du handicap à la confédération FO. Christel Prado, présidente de l'UNAPEI a fait mouche avec son mot d'ordre : « il faut passer désormais de l'action solidaire au combat solidaire ». Pour elle, les associations peuvent sensibiliser les syndicats à des problèmes spécifiques. Grosse inquiétude également de la plupart des intervants sur le prochain transfert des Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) vers des services intégrés dans les Conseils régionaux.
En retard sur tous les plans
Constat très amer aussi d'Arnaud de Broca, président de la FNATH, qui rappelle qu'au mieux, un travailleur victime d'un handicap, se voit proposer un mi-temps et au pire, un licenciement pour inaptitude. Bien des déclarations d'inaptitudes pourraient être évitées selon lui.
- Pour traiter les handicaps non visibles, Ange Mezzadri, médecin du travail, a expliqué que des salariés préfèrent encore taire une maladie (sclérose en plaques, insuffisance rhénale par exemple), y compris à la médecine professionnelle, par peur d'être ostracisés.
« Quand le handicap (re-)devient visible, nous sommes en retard », a-t-il ajouté. Interventions très écoutées enfin que celles consacrées aux handicaps psychiques. Au Ministère de l'Économie, un service a été financé pour accueillir trois personnes souffrant de ce handicap, a révélé Didier Fontana du Fonds pour l'insertion des handicapés dans la fonction publique (FIPHFP). Les résultats ? Difficile d'en faire état, la recherche de volontaires, depuis dix huit mois, n'ayant toujours pas abouti...
Donner du sens aux accords
Attention aux « accords d'entreprise creux », a prévenu Janine Lecot-Lothore de la FGTA-FO, qui défend de préférence les négociations de branche. Béatrice Clicq, déléguée syndicale centrale chez Orange a résumé les dipositions du « plutôt » bon accord maison, qui traite de l'accueil jusqu'au départ anticipé des travailleurs handicapés. Avec un taux d'emploi de 4,56 % fin 2011 (moyenne nationale, 2,7 %), l'opérateur a jusque fin 2013 pour tenter d'atteindre le seuil de 6 %.
Au-delà du constat global, peu tendre, plusieurs intervenants ont toutefois mesuré le parcours accompli depuis la loi de février 2005 sur l'égalité des chances. Mais pour Anne Baltazar, « seules les actions durables pourront faire reculer barrières et stéréotypes frappant encore les travailleurs handicapés ».