Organisations
Quand la productivité des horaires atypiques atteint ses limites
Enchaîner deux matins, deux après-midi, deux nuits et deux jours de repos, c’est le rythme de travail sur les chaînes de production Goodyear du site d’Amiens-sud, avec 4 équipes au lieu de 5. C’était ça ou un PSE. Chez Altis Semiconductor, une équipe de production est aussi passée à la trappe et la majorité des salariés enchaîne depuis juillet 2011 : 2 jours de travail en journée (de 6h45 à 19h00), 2 jours de repos, 3 jours en journée, 2 jours de repos, 2 jours en journée, 3 jours de repos, 2 jours de nuit (de 18h45 à 7h00), 2 jours de repos, 3 jours de nuits, 2 jours de repos, 2 jours de nuits, 3 jours de repos. Dans les deux cas, les gains de productivité ne sont pas au rendez-vous. La production à Amiens-sud est par exemple de 12 000 pneus par jour environ, alors que le prévisionnel était de 18 000.
- Les rythmes de travail censés être plus productifs, sortes d’accord de compétitivité-emploi avant l’heure, se multiplient dans les organisations du travail posté avec des effectifs réduits.
Les augmentations de salaires, primes et autres contreparties contribuent à accompagner le mouvement. Chez Goodyear, les ouvriers ont vu leur salaire mensuel augmenter de 170 euros nets, avec une prime de 2 500 à 5 000 euros. C’est une indemnisation forfaitaire de 7 000 euros qui a été proposée chez Altis Semiconductor tandis que, dans la chimie, chez Lyondell, en contrepartie d’un accroissement du nombre de nuits et de week-end travaillés, les salariés concernés (environ 170 ouvriers, techniciens et agents de maîtrise sur 280 salariés) ont touché une prime exceptionnelle de 11 000 euros. Ils peuvent aussi opter, soit pour 8 jours de repos supplémentaires par année, soit pour une cessation anticipée d’activité avec un départ avancé d’un mois par année d’exercice en quart posté.
Mais alors pourquoi les objectifs de productivité ne sont-ils pas remplis ?
L’ambiance au travail se dégrade, la motivation et la qualité baissent, l’absentéisme augmente progressivement. À court terme, ces rythmes de travail contre-nature permettent bien d’afficher une meilleure productivité ; à plus long terme, c’est une autre histoire.
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