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30 / 06 / 2010
Valérie Schneider-Macou / Membre
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Inscrit(e) le 29 / 06 / 2010

Droit individuel à la formation : quelques précisions utiles

La loi relative à la formation professionnelle du 24 novembre 2009 est venue réformer la mise en œuvre du droit individuel à la formation (DIF) et permet ainsi sa portabilité en cas de rupture du contrat de travail du salarié (loi du 24 novembre 2009 n°2009-437).
 

Le salarié licencié peut désormais faire valoir ses droits au DIF en dehors de l’entreprise au sein de laquelle il les a cumulés. Ce nouveau mécanisme, dit de « portabilité », impose aujourd’hui à l’employeur de délivrer un certificat de travail devant comporter un certain nombre de nouvelles mentions obligatoires (décret du 18 janvier 2010 n°2010-64).

Les nouvelles mentions obligatoires du certificat de travail :

  • les droits acquis au titre du DIF durant les deux dernières années dans l’entreprise, en précisant la ventilation des heures acquises/utilisées/restantes, la monétarisation du solde ;
  • le nom de l’organisme collecteur paritaire agréé (OPCA) qui pourra financer l’action de mise en œuvre, lors de la période de chômage (article L 6323-18 alinéa 2 du Code du Travail).

Les conséquences du non-respect de ces dispositions :

Le législateur n’a pas prévu de sanctions. Néanmoins, les tribunaux ne manqueront pas de se prononcer dès que les circonstances de l’espèce le permettront.
 

  • Dans un arrêt du 17 février 2010 (n°08-45382), la chambre sociale de la Cour de Cassation a sanctionné un employeur qui avait omis de mentionner dans la lettre de licenciement les droits du salarié au titre du DIF (alors que le législateur ne prévoit aucune sanction). La Cour de Cassation a en effet estimé que cet oubli avait nécessairement causé préjudice au salarié.

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Bien que la "portabilité" soit un progrès par rapport au régime antérieur, il s'agit toutefois d'un mécanisme qu'il vaut mieux éviter...Il faut donc faire comprendre aux salariés qu'il vaut mieux  "consommer" son crédit d'heures DIF avant toute rupture du contrat de travail (ce qui peut toujours arriver).

 La raison est simple à comprendre...

 Durant l'exécution du contrat de travail, l'employeur prend en charge l'intégralité des frais de formation à hauteur du crédit consommé (+ frais de transport et d'hébergement éventuels) auquel s'ajoute la rémunération si la formation a lieu pendant le temps de travail ou une allocation de formation si elle a lieu hors temps de travail.

 En cas de rupture du contrat de travail, qu'il s'agisse du cadre de l'article L6323-17 ou de la portabilité au sens strict dans le cadre de l'article L6323-18, le DI qui s'exprimait alors en "temps-formation" est converti en un "budget-formation" selon la formule : nombre d'heures acquises et non consommées X 9,15).

Par conséquent, un salarié qui aurait atteint son maximum légal (120 heures par exemple pour un crédit de 20 heures annuel) n'aurait en tout et pour tout que...1098 euros.

A l'évidence, le montant qui sera obtenu sera insuffisant pour financer une formation à hauteur du crédit d'heures acquis et non consommé.

 

Bruno Callens

Docteur en Droit