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22 / 05 / 2009 | 21 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Volontariat au départ : comment gérer les appels d’air ?

Un accord GPEC original vient d’être signé dans le groupe d’édition professionnelle Wolters Kluwer France. Les salariés classés sur des emplois sensibles pourront en effet bénéficier d’un congé de mobilité pour peu de justifier d’un projet à l’externe. Pas habituel dans la « philosophie » GPEC qui cherche à maintenir l’employabilité en interne. « Des salariés démotivés attendent la première occasion pour partir. Plutôt que de démissionner dans des conditions plus défavorables, mieux vaut qu’ils partent dans le cadre de la GPEC », confie un représentant d'un syndicat signataire.

L’accord souligne bien le caractère prioritaire de « la mobilité interne » mais cela n’a pas suffi à la CFDT, première organisation syndicale du groupe, qui a vu dans cette intégration d’un congé de mobilité dans la GPEC un point de rupture. Au point de casser l’unité syndicale qui prévalait dans le groupe. Il a été ainsi question de faire jouer le droit d’opposition mais cela ne passait pas sans le soutien de FO. Faute de recours de ce côté, la contestation de la représentativité du SNJ (Syndical National des Journalistes), deuxième organisation syndicale et signataire de l’accord, a pu se trouver un temps sur la table. Cet accord GPEC a été signé simultanément avec un accord « instituant des mesures d’accompagnement des salariés porteurs de projets externes en cas de présentation d’un projet de réorganisation ayant un impact sur l’emploi ». Un accord où l’on retrouve le congé de mobilité, avec les mêmes conditions que dans la GPEC, comme sas privilégié des départs volontaires...

Forte pression sur les syndicats

  • Pour Danièle Linhart, directrice de recherche au CNRS-Centre de recherche en sociologie et politique de Paris (Paris X), les guichets de départs volontaires relèvent d'une « volonté biaisée ».

Les exemples de tensions suscitées par les plans de départs volontaires se multiplient avec des syndicats qui se retrouvent pris entre deux feux. Retrouvez dans ce décryptage les témoignages de Dexia, Renault et Capgemini. Guy Groux, directeur de recherche au CNRS-CEVIPOF résume la problématique ainsi: « les organisations devraient davantage s’atteler à concilier syndicalisme de service en réponse aux attentes individuelles et défense du collectif ».

Mais tous les salariés n'apprécient pas que les syndicats contestent en justice les plans de départs comme cela a été la cas chez Capggemini où le juge a considéré que les départs n'étaient pas "volontaires"

La pression est parfois très forte comme aux Caisses d’épargne où, à l’automne 2008, FO a proposé une mesure visant à réserver les indemnités de départs volontaires aux « quinquas désenchantés ». Argument : mieux vaut laisser partir les salariés considérés comme « irrécupérables »  au niveau de la motivation. La direction centrale des Caisses d'épargne a accepté de négocier un seuil d’âge pour rassurer certains quinquas craignant de se voir devancer sur la grille de départ par des quadras ou même par de tout jeunes quinquas. Initialement, FO demandait ainsi un seuil à 52 ans tandis que la direction répondait avec un seuil abaissé à 50 ans. L’idée a finalement été mise de côté. Le problème reste. « Il y a une souffrance très grande des quinquas dans les caisses. Il est essentiel de pouvoir leur donner de l’oxygène alors que l’accord qui garantissait un départ en préretraite après 30 ans d’ancienneté a été dénoncée en 1999 », lance Bruno Aguirre, le délégué syndical central FO qui y voit une « façon de ne pas bloquer inutilement les salariés qui souhaitent faire carrière. » Lire le décryptage complet : La Caisse d'épargne ouvre grand les portes à ses quinquas désenchantés

Gérer la frustration

« Il est tout de même incohérent que des refus soient justifiés parce que les personnes sont jugées indispensables alors que quelques temps auparavant elles avaient reçu de mauvaises évaluations » - Christophe Lefebre - CFE-CGC / Adecco

Une fois que l’accord sur les conditions de départs volontaires est signé, reste à gérer la frustration de ceux à qui l’ont refuse le départ. Chez le réassureur Scor, 50 % des candidats aux départs se sont vus refuser la possibilité de bénéficier des conditions du plan. L’appel à candidature s’est terminé fin 2008 alors que la direction tablait sur 200 départs en Europe, seules 74 personnes se sont vues accepter leur dossier. « Il est tout de même incohérent que des refus soient justifiés parce que les personnes sont jugées indispensables alors que quelques temps auparavant elles avaient reçu de mauvaises évaluations. Nous avons remarqué que les dossiers refusés correspondaient aux personnes qui avaient le plus d'ancienneté et qui pesaient donc le plus lourds dans la masse salariale », lance Christophe Lefevre, le délégué syndical central CFE-CGC. Et ce dernier d’ajouter, « mettre un plafond dans le livre III aurait été plus transparent »

Les quinquas sont particulièrement enclins au départ. Et parfois ça bouchonne comme cela a été le cas chez Alcatel Lucent. Il était prévu de supprimer 1000 postes dans le cadre du PSE annoncé début 2007. Ce sont au final plus de 1400 personnes qui se sont portées candidates à un départ volontaire. « Ce chiffre inattendu démontre la perte de confiance des salariés en l’avenir de l’entreprise », soulignait alors la CFDT. Autant de recalés, frustrés. « Heureusement », fin 2007, un nouveau PSE était lancé. Au total, 80 % des départs volontaires de ces deux PSE ont concerné des préretraites. La volonté de partir était si forte que les syndicats ont accepté de signer un accord permettant de quitter le groupe avant la fin de la procédure du PSE... « Nous nous sommes opposés au deuxième PSE. Sans cela, la direction aurait laissé partir plus de monde. Une minorité nous en a voulu mais globalement notre position a été comprise », déclare Hervé Lassale, délégué syndical CFDT d’Alcatel Lucent. Un nouveau plan de départs volontaires est aujourd’hui sur les rails. Il concerne la suppression de 198 postes de managers en France. La période de volontariat va s’ouvrir en juin avec un point en septembre. Les indemnisations financières sont moins attractives qu’en 2007 et 2008. Et surtout, fini les préretraites « non conformes aux problématiques d’emploi des seniors et de retraites en France et de plus fortement taxées... » « Si le volontariat a fonctionné lors des plans précédents c’est bien grâce à ce type de mesures CAPA (préretraite maison). Cette fois-ci, il n’y aura pas assez de volontaires », annonce la CFDT. 10 % de l’effectif a plus de 55 ans et 47 % plus de 45 ans.

  • Chez HP France on regarde de près les conditions de départs volontaires proposés en Allemagne. Notamment pour les plus de 55 ans qui peuvent prétendre à une forme de préretraite avec 80 % du salaire jusqu’à 63 ans...L’âge de la retraite est déjà là-bas à 65 ans...C’est le grand marché comparatif des plans de départs volontaires.

« Il y a une réelle volonté de partir quand on voit que 200 personnes quittent Adecco pour suivre une formation sans assurance d’un CDI  » - Arnaud De Bienne - CFE-CGC / Adecco

Fin mai, la période de volontariat se termine chez Adecco où on a déjà fait le plein de volontaires avec 450 dossiers acceptés. Dans certaines régions, les directions refusent déjà des dossiers. « Il y a une réelle volonté de partir quand on voit que plus de 200 personnes quittent Adecco pour suivre une formation sans assurance d’un CDI. Avec un marché en baisse de 40 %, les commerciaux touchent 0 % de part variable. Cela pose un problème de motivation », souligne Arnaud De Bienne, le délégué syndical central CFE-CGC. Une cinquantaine de salariés quittent également volontairement l'entreprise pour un CDD. L’hémorragie touche aussi les délégués syndicaux.

  • Au moins un tiers des 30 élus représentants les salariés permanents va ainsi profiter du plan pour quitter l’entreprise.

Perte de savoir faire

Chez PSA aussi il y a eu un appel d’air lors du premier plan de départs volontaires de fin 2007. Particulièrement du côté des cadres. 2000 sont partis alors que l’objectif était de 1200. Ils ont permis de compenser les « déficits » de volontaires chez les ouvriers (moins 290) et les ETAM (moins 220). Le second plan de départs prévoyait un peu plus de 1000 départs, exclusivement des non-cadres cette fois-ci. « L’ancienneté chez PSA se vend bien. En attendant, la charge de travail est resté la même. Les cadres doivent donc de plus en plus faire des arbitrages en fonction des priorités. Ils ont plus de responsabilités et donc plus de pression », explique Martial Petit Jean, le responsable de la section CFE-CGC du site de PSA Mulhouse.

Des syndicats qui avancent souvent les risques de perte de savoir faire comme chez Atos Origin. Fin 2007, les syndicats de l'entreprise ont contesté en justice le plan de redéploiement des effectifs en interne sur la base du volontariat. Finalement, 68 %  des 460 volontaires ont tout bonnement quitté l'entreprise plutôt que d'accepter une mobilité.

Les risques des plans de départs volontaires sont sous-estimés estime Martin Richer, le directeur général de Secafi.

Les plans de départs volontaires font parfois un bide. En février, le sous-traitant automobile Michel Thierry a supprimé 50 emplois en désignant les personnes concernées. Une décision qui acte l’échec du plan de départs volontaires qui avait été proposé préalablement.

A noter que chez Adecco, le nombre de volontaires au départ ne va pas empêcher 85 départs contraints...

 

 

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