Les conseillers commerciaux licenciés de Generali restent mobilisés
Comment en est-on arrivé là ?
La direction de Generali Proximité avait engagé des négociations sur la rémunération du réseau commercial en prenant prétexte de la demande de certains partenaires sociaux de faire évoluer celle-ci.
Les demandes des représentants des salariés avaient trait à une meilleure intégration des nouveaux entrants, une meilleure valorisation des actions de conquête de nouveaux clients, la mise en place d’un véritable fixe et une meilleure définition du rôle des inspecteurs commerciaux.
La direction ajouta des considérations liées à l’évolution du cadre réglementaire de l’assurance (amendements « Marini » et « Fourgous »), à la perception qu’elle avait de l’évolution du contexte concurrentiel (parts de marché des bancassureurs), et à la nécessité qu’elle avait d’améliorer la profitabilité de la compagnie.
Les négociations entre les partenaires sociaux durèrent 6 mois au cours desquels l’architecture de la nouvelle rémunération décidée par la direction ne put être modifiée qu’à la marge par les représentants du personnel.
En juillet 2006, suite à une pression importante de la direction (en cas d’échec, la direction menaçait de dénoncer l’ensemble des accords de rémunération, de stopper les recrutements et de réduire la gamme de produits commercialisés), une partie des représentants du personnel signait cet accord sur la nouvelle rémunération. Seuls les syndicats FO et UNSA restaient hostiles à cet accord.
Sans entrer dans les détails, par nature complexes, cette nouvelle rémunération entrainait d’importantes conséquences :
- Passage d’une rémunération basée sur le chiffre d’affaire à une rémunération basée sur le nombre de contrats vendus (les salariés encore en poste parlent désormais d’abattage).
- Modification complète de la pratique professionnelle des conseillers commerciaux dont l’objectif n’est plus de répondre à un besoin mais de faire du chiffre (nous constatons aujourd’hui une diminution importante de la production de contrats liés à un conseil et une augmentation toute aussi importante de la production de contrats simples et à faibles cotisations).
- Baisse de 20 % à 50 % de la rémunération des conseillers commerciaux suivant leur profil de production.
Plus de 200 conseillers commerciaux et inspecteurs principaux refusèrent donc de signer cette modification de leur contrat de travail et furent licenciés pour motif économique dans le cadre d’un PSE.
Et maintenant ?
Le choc du licenciement fut très important pour des salariés ayant 10, 20, voire plus de 30 ans de carrière au sein de la compagnie. Ces licenciements eurent des conséquences importantes sur les revenus de tous, mais aussi pour certains sur leur vie familiale ou leur santé.
Depuis, tous tentent plus ou moins facilement de reconstruire leur vie professionnelle, souvent à titre d’indépendants, preuve que leurs qualités professionnelles n’étaient pas en cause.
- Durant le même temps, nous menons une action auprès des instances prud’homales. Certains le font individuellement, d’autres en petits groupes dans leur régions, enfin 87 d’entre nous ont fait le choix de nous regrouper pour mener une action commune auprès du Tribunal des Prud’hommes de Paris défendue par Maître Denis Delcourt-Poudenx. La direction de Generali France ironisait sur notre capacité à nous organiser, nous mobiliser. Pensez donc ! Des conseillers commerciaux, par nature individualistes et indisciplinés, de plus éparpillés aux quatre coins du territoire réussissant à mener une action en commun pour faire valoir leurs droits. Elle peut constater aujourd’hui que, sur ce point également, elle avait tort.
Parce qu’aujourd’hui, les choses bougent. Les premiers jugements des Tribunaux interviennent, tous condamnent Generali et même si la direction fait systématiquement appel, ce n’est plus que pour gagner du temps. Les conclusions générales et les 87 conclusions individuelles du groupe de Paris viennent d’être déposées et les jugements interviendront en mai - juin 2009, nous sommes confiants.
Nous sommes confiants dans la justice parce que nos contestations sont justes et terribles :
- Nous contestons le caractère économique d’un licenciement décidé par un groupe d’assurance qui a réalisé un profit de 2,92 milliards d’euros en 2007, en constante augmentation depuis de nombreuses années, et dont la rentabilité des fonds propres se situe à plus de 14% !
- Nous contestons les arguments de la direction sur l’obligation de modifier le mode de rémunération du réseau du fait de la modification de la réglementation et de la baisse du nombre de clients. La réglementation a bon dos lorsque les produits incriminés sont toujours inscrits dans les plans d’action commerciaux plus d’un an après la réforme du contrat de travail. La baisse du nombre de clients était largement enrayée en 2006 (elle avait été en partie provoquée par des décisions techniques de la direction).
- Nous contestons la légalité du système de prise en charge des frais professionnels. En effet, commerciaux itinérants, les salariés ont d’importants frais de production. Le choix fait par l’employeur a été de mettre en place un abattement de 30% sur la rémunération soumise à charges sociales. Or, outre qu’il est inéquitable eut égard aux frais supportés par les salariés, ce système est illégal depuis le 1er janvier 2003. Il a pour conséquences une économie importante de charges sociales pour la compagnie mais surtout une très forte diminution des droits sociaux des salariés (indemnités journalières, allocations chômage, pension de retraite).
- Nous contestons la validité du PSE compte tenu qu’à aucun moment, la question des causes économiques de celui-ci n’a été abordée lors des réunions du CE. Pire, la demande d’examen des comptes par un expert-comptable indépendant fut repoussée.
- Nous affirmons que la direction n’a, à aucun moment, cherché loyalement, à reclasser le personnel licencié. Pire, les propositions de reclassement pré-licenciement comme les mesures d’accompagnement suite au licenciement n’ont été que de pure forme, sans aucune volonté de la direction d’aboutir à un réel reclassement.
- Nous contestons que la direction de Generali Proximité renonce unilatéralement à la clause de non-concurrence, évitant ainsi de l’indemniser. Pire, ce renoncement n’est que de pure forme puisqu’il est assorti d’une clause de loyauté aux contours plus que flous.
- Nous contestons enfin la validité même de notre licenciement puisqu’il à été prononcé par une société qui n’existait plus. Elle venait en effet d’être absorbée dans le groupe Generali France et le courrier signé par Monsieur Michel Estimbre n’aurait de ce fait aucune valeur.
La situation dans le réseau ?
De plus de 1700 salariés en 2001, l’effectif des conseillers commerciaux du réseau salarié de Generali n’est plus que d’environ 1100 aujourd’hui. Et encore, ce chiffre comprend l’ensemble des conseillers en arrêt de travail dont le nombre explose littéralement (environ 10% à 12% des effectifs d’après les échos que nous avons).
Les licenciements continuent mais à un rythme tel que la direction n’est pas tenue d’engager un nouveau PSE.
Le syndicat FO parle ainsi d’une rémunération « révolving » La production s’est déplacée et nous pouvons constater que les transferts « Fourgous » représentent désormais plus de 50% des primes collectées. Cette nouvelle rémunération ainsi que l’organisation commerciale qui découle ont organisé la précarité des salariés, d’autant que la direction a accordé de nombreuses avances sur salaires qui rendent les conseillers débiteurs vis-à-vis de leur employeur, les forçant ainsi à produire toujours plus pour combler ce déficit. Le syndicat FO parle ainsi d’une rémunération « révolving »
La crainte de tous est des plus simples : que le portefeuille client, déjà intégré dans le portefeuille global de Generali France, soit confié à court terme par Monsieur Claude Tendil aux agents généraux du groupe ou à toute autre entité (mailing internet, plateforme téléphonique, etc.).
Quel sera alors le rôle des conseillers commerciaux, quel nombre sera considéré comme nécessaire pour mettre en œuvre la politique commerciale du groupe Generali, combien arriveront à tenir le rythme d’une production toujours plus importante, d’une politique commerciale aux exigences contradictoires toujours plus élevées ?
- Pour faire connaitre notre combat, créer un lieu d’échanges, de témoignages et de débats ouvert aux licenciés de GPA comme aux actuels salariés et agents généraux du groupe , nous avons créé un blog. N’hésitez pas à le visiter, à y laisser un commentaire et surtout à le diffuser autour de vous.
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L'ancien Inspecteur du travail et le cadeau empoisonné
Tout d'abord Merci de votre article, pertinent et humain et pour le lien direct vers notre blog
L'ancien Inspecteur du travail Monsieur Estimbre, est devenu l'artisan de ce gachis. Il semble qu'il en pris l'habitude avant d'entrer aux service de Générali chez d'autres assureurs que je ne citerai pas ici.
Mais le plus inacceptable c'est qu'mprégné des habitudes de travail de l'inspection du travail, conscient de leurs moyens d'action, il fit fi du désaccord de ses anciens employeurs. Son égo lui laisse croire que nous petites mains sommmes devenus inutile.
Inutiles, nous le sommes devenus par force pour les clients que nous avions en charge, mais efficace nous sommes restés pour défendre nos intérêts certe, mais celle de la majorité silencieuse qui subit les descisions du directoire en permanence... NOS CLIENTS, sans qui générali neserait rien.
Mais extapolons un peu, quand monsieur Estimbre aura eu la peau des derniers commerciaux, il seront redirigé vers les agents Généraux, qui n'acceuilleront pas ceci sans rétiscences, car de 2007 à la mort du dernier des mohicans tous les commerciaux seront passé, par force, à coté du devoir de conseil pour essayer de maintenir leurs salaires.
De sources sure nous savons aujourd'hui que les agents généraux n'attendent pas ce cadeau les bras ouvert, et en plus de tarifs en hausse de prix il devront en plus gérer la fuite des clients mécontent.
Cordialement Eric PILOT ex folio 182 751