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31 / 12 / 2015 | 33 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Insécurité de l'emploi: un sentiment en augmentation

L'augmentation du sentiment de l'insécurité de l'emploi est ce qui ressort d'une récente étude de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES), dans une dernière note d'analyse sur le thème « insécurité de l'emploi et exercice des droits dans le travail ».

Pour la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques, le sentiment d’insécurité de l’emploi a fortement augmenté entre 2005 et 2013, notamment pour les salariés en CDI mais aussi pour les agents de la fonction publique et les non-salariés.

Les salariés qui craignent pour leur emploi, en CDI ou dans la fonction publique, tendent à faire valoir moins pleinement leurs droits : ils sont plus nombreux que les autres à venir travailler même quand ils sont malades, à dépasser les horaires normaux sans compensation ou à ne pas prendre tous leurs congés.

Ils disposent moins souvent de consignes de sécurité, les respectent moins systématiquement quand ils en ont et sont plus touchés par les accidents du travail. Ils peuvent moins facilement s’exprimer en cas de désaccord avec leur supérieur.

Quelques éléments chiffrés

La proportion des personnes craignant de perdre leur emploi dans l’année est passée de 17 à 25 % entre 2005 et 2013, secteur privé et public confondus, selon la DARES, le service des statistiques du ministère du Travail.

Deuxième observation : ces salariés, dits en emploi « stable insécurisé », ont tendance à moins faire valoir leurs droits que les autres.

En 2013, 32,2 % d’entre eux ont ainsi signalé avoir perdu leurs congés contre 19,4 % des salariés dits en emploi « stable sécurisé », c’est-à-dire ne déclarant pas craindre de perdre leur emploi dans l’année.

L’écart est encore plus important dans la fonction publique : 40,5 % contre 24 %.

Les salariés en « emploi stable insécurisé » sont aussi beaucoup plus nombreux à déclarer effectuer des heures supplémentaires sans compensation, ni en salaire, ni en repos.

Un comportement encore plus fréquent parmi les cadres : 38 % des cadres du privé en « emploi stable insécurisé » sont concernés contre 34 % des « emplois stables sécurisés ».

Encore une fois, les écarts se révèlent plus importants dans la fonction publique : 47 % contre 36 %.

Le risque d’accident du travail augmente


Près de 13 % des salariés ayant peur de perdre leur emploi déclarent manquer d’équipements de sécurité individuels, contre 7 % pour les autres. Ils sont aussi 55 % à déplorer le manque de consignes de sécurité dans le secteur privé et 56,4 % dans la fonction publique.

Quand ils ont des consignes, 10 % des salariés du secteur privé et 10,7 % des fonctionnaires « stables insécurisés » déclarent ne pas avoir les moyens de les appliquer complètement.

Ce déficit dans l’application des règles de prévention contribue sans doute à augmenter le risque d’accident, estime la DARES.

De fait, les salariés « stables insécurisés » signalent plus souvent que les autres avoir été victimes d’un accident du travail au cours des 12 derniers mois : 11,6 % contre 7,9 %.

Évidemment, ces salariés ont davantage de difficultés à exprimer leurs désaccords avec leur supérieur hiérarchique.

Ils sont ainsi 15,7 % dans le secteur privé et 18,5 % dans la fonction publique à dire « avoir toujours ou souvent des désaccords avec leur supérieur sur la façon de bien faire leur travail » mais « ne pas pouvoir en discuter », contre seulement 7,9 % des salariés du privé et 9,9 % des fonctionnaires en « emploi sécurisé ».

En revanche, la DARES note que les salariés « insécurisés » abordent collectivement les questions d’organisation du travail aussi fréquemment que les autres salariés.

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