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Risques psychosociaux chez France Télécom Orange : moratoire sur les mobilités, approche paritaire et préretraite
La direction a annoncé le 10 septembre lors du Comité national d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CNHSCT) sa décision de "suspendre jusqu’au 31 octobre prochain toutes les mobilités des personnes concernées par des projets de réorganisation afin de réexaminer les conditions de leur mise en œuvre." Une annonce qui tombe alors que France Télécom Orange se trouve confrontée à des "drames ayant touché ces derniers mois plusieurs salariés de l’entreprise." Il est ici question d'une série de suicides de salariés sur fond de contexte général de souffrance au travail.,
La grève contre la souffrance au travail lancée, le même jour, par SUD, la CGT et FO a mobilisé un plus de 12 % des salariés selon la direction.
La direction avait déjà fait une marche arrière fin juillet.
- Cela faisait en effet deux ans que France Télécom Orange voulait transférer 28 salariés en poste à Morlaix vers Brest. Le projet a été abandonné. Il aura fallu qu'un salarié se retrouve hospitalisé pour troubles psychiques du 4 au 10 juin à l'hôpital de Morlaix après avoir pris connaissance des modalités d'une "mutation d'office" pour que la direction accepte de faire marche arrière.
Quels seront les effets de ce moratoire sur les 50 salariés de Cahors qui doivent être transférés à Montauban ? Idem du côté de Donges dont le site devrait fermer avec un redéploiement des 90 salariés à Nantes.
Approche paritaire
En CNHSCT, la direction a aussi confirmé sa volonté de signer un accord sur le stress. Le Dr Éric Albert, psychiatre, directeur de l’institut français d’action sur le stress (Ifas) sera "le conseiller scientifique qui accompagnera les négociateurs", précise le communiqué de la direction. À noter que l'Ifas est à l'origine, en 1998, de la création de l'observatoire du stress de Renault...
Si le choix de l'Ifas est unilatéral, la direction annonce qu'un cabinet d'expertise indépendant va être sélectionné "en concertation avec les organisations syndicales" pour réaliser un état des lieux pour fin novembre.
Une augmentation des effectifs de médecins du travail est par ailleurs annoncée, alors que les démissions de ces derniers se succèdent. " Je n'ai pas pour vocation de leur sacrifier ma propre santé ", lançait l'un des derniers démissionnaires qui précisait : "le système de management de santé au travail de France Télécom me procure la désagréable impression de jouer un rôle mineur comme acteur très secondaire de la prévention."
Les équipes RH de proximité vont être aussi renforcées par une centaine de collaborateurs, annonce enfin la direction. Des RH de proximité qui devront davantage accompagner les mobilités. Ces dernières pouvant être facilitées par l’accord sur le télétravail, signé le 22 juin 2009, souligne le communiqué de la direction. Sauf que SUD, non-signataire de cet accord, rappelle que la direction a affirmé que "le télétravail n'était pas une alternative aux fermetures de sites". Le syndicat demandait que des situations de télétravail collectif soient prévues dans l'accord, mais l'approche reste individuelle.
La revendication des préretraites
Le communiqué de la direction qui se garde bien de faire le lien avec la négociation en cours d'un accord sur les seniors. Les syndicats et notamment la CFE-CGC/UNSA demandent la "mise en place d’un nouveau système de départ anticipé". Faire partir les plus de 56 ans, considérés comme les moins mobiles, faciliterait les réorganisations et réduirait les risques psychosociaux. Sauf que la préretraite n'est pas vraiment considérée comme socialement responsable et elle coûte cher. La CFE-CGC/UNSA rappelle que 40 000 salariés ont bénéficié d'une préretraite entre 1995 et 2007. Coût annuel de ce Congés de Fin de Carrière (CFC) : 800 millions d'euros.
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