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14 / 10 / 2013 | 4 vues
Michel Salingue / Membre
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Réforme des retraites : des avancées mais loin du compte

En cette rentrée, l'actualité est très largement dominée par un nouveau projet de réforme des retraites. Ce projet dévoilé le 28 août dernier fait suite au rapport rendu par Yannick Moreau le 14 juin à la demande du Premier Ministre ainsi que le rapport de la Cour des Comptes de décembre dernier, largement relayé par les médias et présentant les retraités comme des privilégiés. La meilleure façon d'analyser ce projet est très certainement de l'examiner à l'aune de nos revendications.

Certains aspects répondent à nos revendications : le principe affiché de la prise en compte de la pénibilité, tous les trimestres de congé maternité réputés cotisés pour les femmes à partir du 1er janvier 2014, un trimestre sera réputé acquis avec 150 heures SMIC de cotisation au lieu de 200 heures pour les périodes à temps partiel, la validation des périodes d'apprentissage (quelle que soit leur rémunération), une meilleure prise en compte des périodes de formation professionnelle et de chômage, l'amélioration du minimum contributif dont le seuil d'écrêtement est relevé à 1 120 €...

Notons que certaines préconisations du rapport Moreau ne sont pas reprises dans le projet : la remise en cause du calcul sur les six derniers mois dans la fonction publique, la hausse de la CSG des retraités, la sous-indexation des pensions et des salaires portés au compte ainsi que la remise en cause de l'abattement fiscal de 10 %.

Certaines propositions du projet posent problème : à partir de 2020, la majoration de pension de 10 % pour trois enfants et plus sera progressivement plafonnée puis transformée en majoration forfaitaire par enfant et elle sera fiscalisée à partir du 1er janvier 2014. L'amélioration de la possibilité de rachat des années d'études reste nettement insuffisante.

L'allongement de la durée de cotisation à 43 annuités en 2035 qui est la mesure pivot du projet de réforme s'inscrit dans la continuité des réformes régressives précédentes avec, toujours, la même argumentation : « on vit plus longtemps, il faut donc travailler plus longtemps ».

Sauf que si on travaille plus longtemps, on vivra moins longtemps car le travail use souvent. Ces dernières années, l'espérance de vie sans incapacité ou espérance de vie en bonne santé a baissé en France et aujourd'hui déjà, la moitié des salariés lors du départ en retraite n'est déjà plus au travail. De plus, le chômage des jeunes n'a jamais été aussi important.

Même si l'âge possible de départ à la retraite (62 ans) ne change pas : pouvoir partir à cet âge-là restera un simple rêve pour l'immense majorité des salariés (un enseignant débute aujourd'hui vers 26 ans et devra attendre 69 ans pour obtenir une retraite complète). Une telle mesure ne peut aboutir qu'à une baisse drastique du montant des pensions. Cette mesure présente aussi le danger de favoriser la montée en charge de la capitalisation que les salariés les plus aisés utiliseront pour compléter leur retraite afin de pouvoir partir à un âge décent.

Le maintien de la décote dont nous dénonçons la nocivité depuis sa mise en place pèsera encore plus sur le niveau des retraites.

Ce projet prévoit aussi la baisse du pouvoir d'achat des retraités. S'il exclut la désindexation des pensions, il prévoit le report de la revalorisation annuelle du 1er avril au 1er octobre, ce qui représentera, selon les chiffres du gouvernement, de 600 millions d'euros en 2014 à 2 milliards d'euros en 2040, pris dans poche des retraités. Cette mesure s'ajoutant à la fiscalisation de la majoration de 10 %, à la récente CASA de 0,3 %, à la disparition de la demie part fiscale pour les célibataires, veufs ayant élevé un enfant, au blocage pendant deux années des tranches d'imposition et à l'augmentation de la TVA en 2014 vont sérieusement faire baisser le pouvoir d'achat des retraités.

Parce qu'elle est encore loin de nos attentes et qu'elle s'attaque au pouvoir d'achat des retraités cette nouvelle réforme nécessitera la mobilisation de la FGR-FP.

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