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RATP et chauffeurs routiers : deux approches du dialogue social salarial
Il y a la grève sur la ligne A du RER parisien qui entame son deuxième jour. Des négociations sur les conditions de travail et salariales des agents de cette ligne avaient bien lieu mais les propositions de la direction ont été jugées insuffisantes. Pour faire monter la pression, les syndicats ont donc lancé un préavis de grève reconductible pour le 10 décembre. La direction s'est braquée en demandant la levée du préavis comme condition à la reprise des négociations. Une direction qui affirme dans un courrier adressé le 7 décembre aux syndicats qu’elle « reste entièrement disponible pour reprendre l’examen de ses propositions ». Pour SUD, la direction « laisse ainsi entendre qu’il y aurait des pistes de négociations, des marges de manœuvre, qui ne peuvent être discutées ou même simplement proposées dans le cadre d’un préavis, pourtant prévu à cet effet. »
- Pour SUD, toutes les voies de la négociation n’ont pas été explorées « à l’instar des discussions qui se poursuivent jusqu’à la dernière limite entre le Secrétaire d’État aux Transports (notre tutelle) et les syndicats de routiers », dont le mouvement de blocage des entrepôts de la grande distribution est annoncé pour le 13 décembre. Manifestement, dans le conflit de la RATP, la tutelle ne tient pas à entrer officiellement dans la boucle de la négociation.
Un Secrétaire État aux Transports qui a proposé d’alléger la taxe carbone des entreprises de transports de 100 millions d’euros afin que les employeurs se montrent davantage disposés à lâcher du lest. Les syndicats de chauffeurs routiers demandent une hausse des salaires de 4 %, leurs patrons proposaient 2 %, aux dernières nouvelles.
- En mai 2008, c’était les patrons routiers qui lançaient des opérations escargots pour demander au Secrétaire d’État aux Transports d’amortir la hausse des prix du gazole pour les professionnels. Les employeurs de la FNTR (Fédération Nationale des Transporteurs Routiers), qui regroupe la majorité des employeurs du secteur, étaient alors dans le rôle des « bloqueurs »... Chacun son tour. Une fois, les patrons ; l’autre, les salariés. Voilà un Secrétaire d’État pris entre deux feux qui s’autoalimentent...
À noter que deux organisations de producteurs de lait (l’APLI et la Coordination rurale) menacent aussi de bloquer des entrepôts de la grande distribution. Voilà des patrons qui en profiteraient alors pour se greffer sur un mouvement initié par des salariés. Suite aux actions musclées des producteurs de lait de septembre dernier, la fédération FO des travailleurs de l’agriculture avait refusé « de cautionner leurs agissements et dérapages irresponsables » en demandant « aux chefs d’entreprise de tout mettre en œuvre pour préserver l’intégrité des salariés et de leur garantir le maintien de l’emploi et de leurs rémunérations. » Le tout en affirmant comprendre la situation inconfortable des producteurs de lait.