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28 / 12 / 2018 | 48 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Prévenir le surinvestissement : le nécessaire « mauvais rôle » des syndicats

Ce contenu est produit par Miroir Social dans le cadre d'un dossier du comptoir mm sur l'absentéisme maladie.

Le sujet des conditions de la régulation du surinvestissement au travail concerne tous les secteurs avec, à chaque fois, les mêmes dénominateurs.

La non régulation du forfait jours

« Nos ingénieurs sont passionnés par ce qu’ils font et sont d’autant plus investis dans les projets que les contraintes budgétaires sont fortes. Nous essayons de leur faire prendre conscience du temps qu’ils passent au travail dans le cadre du forfait jours », explique Pascal Peltier, délégué syndical CGT chez Thales et membre de l’union des cadres et techniciens à la fédération métallurgie. Pour prévenir les ruptures, synonymes d’arrêt de travail, Pascal Peltier considère qu’il « est essentiel de reconstruire du collectif sur les métiers en marge des approches par projet et recréer du débat sur le travail. On ne peut pas se contenter de cocher la case quand le sujet de la charge de travail est abordé en entretien individuel. Il est plus facile de le faire dans un cadre collectif ».

Le masque du présentéisme

« Il y a une forte culture du présentéisme dans la grande distribution. Assurer l’ouverture à 6h00 du magasin jusqu’à la fermeture à 20h00 (cela 6 jours sur 7) n’a rien d’exceptionnel pour de jeunes chefs de secteur qui aspirent à progresser. Ils n’y sont pas obligés mais c’est une façon de faire leurs preuves en phase d’intégration. Certains tiennent le coup mais d’autres craquent, partent en arrêt de travail de longue durée et ne reviennent pas », témoigne Jean-Paul Gathier, délégué syndical FO chez Castorama. Dans chacun des 102 magasins de l’enseigne en France, on trouve en moyenne 5 chefs de secteurs, des cadres au forfait jours. Pour un salaire moyen de 2 800 euros, chacun encadre entre 15 et 30 salariés. Le surinvestissement est d’autant plus fort que le renouvellement est important, surtout dans les grandes métropoles. En attendant les remplacements, il faut assurer le travail de ceux qui démissionnent. Dans ce contexte, l’absentéisme des cadres a été multiplié par 2 en deux ans. « Nous demandons à la direction une évaluation précise de la charge de travail des cadres. Il y a trop de temps masqué. Tous ces éléments se retrouvent dans les rapports d’expertise des CHSCT », ajoute Jean-Paul Gathier.

Même les non-« forfaitisables » dépassent les bornes.

Chez Atos Worldline, le problème de la surcharge de travail se pose avant tout chez les jeunes ingénieurs qui sont censés travailler 37 heures par semaine car non-« forfaitisables », au regard des bornes fixées par la convention collective Syntec, mais qui font pour certains beaucoup plus sans que leur manager ne le leur demande. « Cela ne va pas sans poser problème à des managers qui ne savent pas comment les freiner. Il y a une soif d’apprendre et de toujours être à la pointe des dernières nouveautés pour ces jeunes recrues qui sortent de leur école d’ingénieurs », souligne Florent Jonery, délégué syndical CFTC de l’entreprise qui reconnaît les difficultés à repérer les équipes en surchauffe. « Nous avons proposé que le reporting ne porte pas sur la charge individuelle mais plutôt sur la charge globale des équipes afin de pouvoir intervenir sur le collectif avant que certains ne craquent. Cela arrive, nous le savons », avance le représentant de la CFTC. Mais quid du modèle économique si l’ensemble des salariés, hors forfait jours, se contenaient de faire leur 37 heures ?

 

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