Participatif
ACCÈS PUBLIC
11 / 06 / 2025 | 28 vues
Theuret Johan / Membre
Articles : 71
Inscrit(e) le 04 / 09 / 2017

Réduction du nombre de fonctionnaires : une fausse solution aux vrais problèmes

Alors que les Ministres de l'Économie et des Comptes publics persistent à présenter la réduction du nombre de fonctionnaires comme un levier d’économie budgétaire, il est urgent de rétablir la réalité : le service public ne constitue pas une charge excessive, mais une réponse essentielle aux besoins de la population. Supprimer des postes dans la fonction publique, c’est fragiliser l’hôpital, l’école, la sécurité, la justice, les piliers mêmes de la cohésion sociale.

 

Contrairement à une idée reçue, la part des agents publics dans la population active est stable depuis des décennies. En 2024, la France comptait environ 5,5 millions de fonctionnaires, soit 20,8 % de la population active, un chiffre comparable à celui de 2010 (1 emploi sur 5). Il n’y a donc pas eu d’explosion incontrôlée des effectifs publics. Cette stabilité s’explique par la croissance des besoins liés au vieillissement de la population, à la crise sanitaire, ou encore aux défis éducatifs et sécuritaires.

 

Sur le terrain, les conséquences des suppressions de postes sont toujours visibles.

 

Dans les hôpitaux, la réduction des effectifs a contribué à une saturation chronique des services d’urgence. Dans l’Éducation nationale, le non-remplacement de milliers de professeurs a conduit à des classes surchargées, parfois jusqu’à 30 élèves en primaire, et à la fermeture de plusieurs centaines de classes, notamment en zones rurales.

 

Les réductions à l'aveugle des effectifs n’entraînent pas de réelles économies. Au contraire, elles génèrent des surcoûts indirects : recours accru à des prestataires privés, moins efficaces et plus coûteux, dégradation du service rendu, et multiplication des inégalités d’accès. Par exemple, un rapport de la Cour des comptes a révélé que les dépenses de prestations intellectuelles de l'État ont considérablement augmenté, passant de 11 millions d'euros en 2014 à 200 millions d'euros en 2022. Cette hausse n'était pas toujours justifiée par des besoins spécifiques, et dans certains cas, des missions qui pourraient être assurées en interne étaient confiées à des cabinets de conseil privés, entraînant des coûts supplémentaires pour l'État.

 

Par ailleurs, les dépenses liées à la rémunération des fonctionnaires ne sont pas une charge inutile. Selon l’INSEE, entre 2015 et 2025, le pouvoir d’achat du salaire net moyen a progressé de 0,7% par an dans le secteur privé, tandis que dans la fonction publique, cette progression n’a été que de 0,2 %. Cette différence s’explique notamment par le gel prolongé de la valeur du point d’indice, qui sert de base au calcul des salaires des agents publics.

 

La modération salariale a permis aux employeurs publics de maîtriser leurs dépenses de personnel tout en maintenant des services publics indispensables. En ce sens, la fonction publique a déjà contribué de manière significative à la gestion budgétaire, souvent au prix d’un pouvoir d’achat limité pour ses agents.

 

Il est donc temps de sortir du mythe selon lequel « moins de fonctionnaires » signifierait « moins de dépenses ». La vraie question n’est pas celle du nombre, mais celle de l’adaptation des missions, de la modernisation des services et de l’investissement dans la qualité. Car affaiblir la fonction publique, c’est affaiblir les services publics, les territoires, et in fine, les droits des citoyens.

 

Les fonctionnaires ne sont pas un coût : ils sont une garantie. Celle de l’égalité, de la solidarité et de l’avenir.

Pas encore de commentaires