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13 / 05 / 2025 | 21 vues
Zaïnil Nizaraly / Abonné
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Les paradoxes de la sous-traitance dans la propreté !

Les lieux nettoyés sont divers (écoles, hôpitaux, bureaux, commerces, …) tout comme les usagers des locaux entretenus (personnes âgées, actifs, élèves, salariés, …). Mais les salariés partagent des points communs : travail invisibilisé, faible reconnaissance de la qualification, bas salaires et une activité marquée par de nombreuses pénibilités.

 

Ces métiers sont peu payés. La rémunération mensuelle est aux mieux légèrement supérieurs au SMIC quand ils sont exercés à temps plein. Or ce sont justement des métiers pour lesquels le temps partiel subi est souvent la norme.  On retrouve ainsi dans ces métiers beaucoup de salariés pauvres : bien qu’occupant un emploi, ils ne sortent pas de la pauvreté. Cette situation est d’autant plus problématique que le travail de ces salariés empiète très largement sur leur vie personnelle et/ou familiale avec des coupures qui fragmentent leur temps de travail (et leur salaire) sans réduire la longueur de leur journée de travail.

 

Ces métiers cumulent des contraintes physiques (charges lourdes, postures douloureuses, au fait de rester debout de manière prolongée). Ils peuvent effectuer de longues distances à pied au cours de leur journée de travail. Mais ces métiers sont également concernés par des risques chimiques, à cause des produits d’entretiens, ou biologiques dans le cas du nettoyage des toilettes par exemple. Enfin, les risques psycho-sociaux sont loin de les épargner : l’isolement, les situations de conflits avec les usagers ou l’encadrement, le manque de reconnaissance et de moyens pour effectuer un bon travail, etc.

 

Les effets des politiques de flexibilisation de la main d’œuvre avec le recours à la sous-traitance ou encore la dérégulation affectant la mesure des temps de travail (temps partiels fragmentés, modifications d’horaires sans en être prévenu suffisamment à l’avance, horaires décalés, etc.

 

Un premier paradoxe peut être souligné : si les pouvoirs publics et les entreprises consacrent autant d’efforts à baisser le coût de ces services, c’est d’abord parce qu’ils ne peuvent pas s’en passer. Les dispositifs de contrôle, d’appels d’offres, de délégation, de sous-traitance mis en œuvre consomment au total des ressources conséquentes qui absorbent les économies escomptées… et rendent ces économies encore plus nécessaires.

 

Les processus d’externalisation illustrent un second paradoxe. Les donneurs d’ordres cherchent à réduire leurs coûts… en recourant à un service qui est bien souvent plus coûteux que celui qu’ils pourraient obtenir en tant qu’employeur. En effet, le coût d’une heure de nettoyage acheté à une entreprise prestataire peut être estimé au minimum à 20€ (hors taxe). Cette somme est bien supérieure au coût horaire d’un agent de service en interne ! Le paradoxe ici est que l’on est prêt à payer plus cher le service pour payer moins cher le salarié !

 

L’éventuelle économie permise par l’externalisation ne peut passer que par une réduction du volume horaire : soit parce qu’on intensifie le travail soit parce qu’on accepte que le service soit moins bien effectué par un prestataire externe.

 

On est donc face à un double refus : celui de voir la quantité de travail nécessaire pour rendre un service de qualité et celui de considérer ce travail comme supposant des compétences et donc impliquant un coût.

 

Notre fédération  revendique la transformation du travail pour le rendre plus soutenable. Aujourd’hui de nombreux métiers du nettoyage épuisent ceux qui les exercent. Transformer le travail en réduisant les cadences, en assortissant les appels d’offres avec des clauses sociales, en améliorant les rémunérations à temps de travail effectif constant et en remettant en cause l’organisation sociale qui pousse à externaliser ces fonctions !

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