Le secteur de l'expertise en automobile joue un rôle fondamental dans l'écosystème de l'industrie automobile, agissant comme un pilier de la sécurité routière et de la conformité des véhicules. Alors que le monde automobile évolue rapidement, notamment avec l'émergence de nouvelles technologies et des défis environnementaux, la nécessité d'experts toujours plus qualifiés devient de plus en plus pressante, et ce n’est pas là le moindre des défis auxquels est confronté le secteur. Nous y consacrons un dossier spécial ce mois ci...

Etat des lieux

Oubliez les Experts Miami, Las Vegas, Manhattan et autres Cyber, faites plutôt connaissance avec les experts en automobile, membres de la grande famille des métallos FO.

Regroupant près de 470 cabinets et entreprises d’expertise en automobile de tailles variées, la branche de l’Expertise en Automobile fait partie des six branches professionnelles rattachées à la Fédération  de la Métallurgie.

Une centaine de ces structures n’emploient aucun salarié. Il s’agit d’experts en automobile travaillant seuls en qualité de travailleurs non-salariés. Les 370 autres entreprises emploient la quasi-totalité des 6 000 salariés, dont plus de 2 000 experts, que compte la branche. Il s’agit majoritairement de TPE employant moins de 10 salariés.

Ensemble, ils produisent annuellement près de 4 millions d’actes d’expertise, illustration de la vitalité du secteur. Les experts en automobile sont responsables de l'évaluation de l'état des véhicules, garantissant qu'ils répondent aux nombreuses normes de sécurité et de performance, conformément au référentiel du Code de la Route.

Leur rôle s’avère essentiel, qu'il s'agisse de déterminer la cause des sinistres, d'évaluer les dommages, ou d'estimer les coûts de réparation. Leur expertise est cruciale pour les compagnies  d'assurance, qui s'appuient sur leurs analyses pour prendre des décisions éclairées concernant les indemnisations
et l’opportunité d’engager ou pas des réparations.

Aux termes du Code de la route, l’expert en automobile dispose d’un monopole sur trois activités règlementées. Il est ainsi le seul professionnel à pouvoir rédiger des rapports d’expertise destinés à évaluer l’origine des dommages sur un véhicule à moteur et à pouvoir déterminer le coût des réparations.

Ce rapport d’expertise est d’ailleurs un écrit au sens juridique, qui peut être utilisé dans le cadre de l’instruction d’un sinistre. Il est aussi le seul à pouvoir déterminer la valeur des véhicules terrestres à moteur. Enfin, il peut agir dans le cadre des procédures administratives qui concernent les véhicules endommagés dangereux et irréparables économiquement.

La forte prédominance des petites structures illustre l'importance de l'expertise locale et la proximité avec les clients.

Historiquement composée de cabinets familiaux, la branche a vu, récemment, ces derniers se rapprocher pour répondre aux besoins des assureurs et se constituer un réseau, sorte d’association commerciale où chaque cabinet conserve son indépendance de gestion et sa clientèle, avec un nom commercial unique et en profitant de la mutualisation de certaines ressources. Le mouvement s’est ensuite orienté vers des fusions créant des entités de taille plus importante qui se sont ensuite attelées à absorber leurs concurrents ou à s’associer entre elles.
 

Si ce phénomène de fusion/concentration perdure, on assiste à un retour à l’indépendance pour un nombre non négligeable d’experts qui s’installent à leur compte en travaillant seul, en tant que travailleurs non-salariés, majoritairement au service des particuliers et des professionnels de l’automobile (tous types de clients non-assureurs).

Au final, seule une poignée d’acteurs regroupe plus de 100 salariés, dont le géant du secteur, BCA Expertise, où FO est largement majoritaire, comme elle l’est au niveau de la branche avec une remarquable représentativité qui s’établit à 45 %.

Quant à la typologie des effectifs, elle révèle une égale répartition entre employés, professions intermédiaires et cadres. Cette diversité de compétences est un atout majeur, car elle permet d'aborder les défis variés que pose la complexité des véhicules modernes.

Des compétences de haut niveau

Le métier d'expert en automobile requiert un haut degré de compétence technique et une connaissance approfondie des réglementations en vigueur. Les experts doivent également être à jour sur les avancées technologiques, notamment en ce qui concerne les véhicules électriques, hybrides, les systèmes d'assistance à la conduite et l’en-semble de l’électronique embarquée, tant cela induit la prise en compte de nouveaux facteurs et paramètres pour l’exercice de leurs missions.

La formation continue est donc indispensable pour maintenir ce niveau d'expertise élevé. Les experts doivent également maîtriser des outils numériques avancés, tels que les logiciels de gestion des sinistres et d'évaluation des dommages, qui sont devenus essentiels dans un environnement de travail de plus en plus digitalisé.

En découle d’importants besoins de formation. Ceux des experts en automobile passent par des cursus
spécialisés, souvent sanctionnés par des diplômes ou des certifications reconnues. En France, des écoles et des instituts proposent des formations spécifiques en expertise en automobile, abordant des domaines tels que l'évaluation des dommages, la mécanique automobile, la législation routière, et même la gestion des sinistres.

Ces formations sont cruciales pour préparer les experts à faire face aux défis du marché. De plus, avec l'essor de la technologie, des formations en ligne et des modules de mise à jour continue sont proposés, permettant aux experts de s'adapter rapidement aux évolutions du secteur. Ces formations sont également essentielles pour intégrer des pratiques durables et respectueuses de l'environnement, en réponse aux exigences croissantes en matière de durabilité dans l'industrie automobile, enjeux majeurs pour l’ensemble du monde automobile, auxquels les experts n’échappent pas.

Cela comprend la gestion des déchets, le recyclage des pièces automobiles et l'évaluation de l'impact environnemental des réparations. Les pratiques de durabilité sont de plus en plus demandées, tant par les consommateurs que par les régulateurs. Les experts doivent être capables de conseiller les clients sur les meilleures pratiques en matière d'entretien et de réparation, en tenant compte non seulement de la sécurité et de la conformité, mais également de l'impact environnemental.

L'écosystème dans lequel évoluent les experts en automobile est en pleine mutation, marqué par des avancées technologiques rapides et des demandes évolutives des compagnies d'assurance. La transition vers des véhicules censés être plus écologiques, tels que les voitures électriques et hybrides, exige des experts qu'ils s'adaptent et qu'ils acquièrent de nouvelles compétences, notamment des habilitations électriques et la connaissance des règles de prudence lors de leurs expertises. De plus, l'essor de l'autopartage et de nouvelles formes de mobilité modifie les attentes des clients et les types de services que les experts doivent offrir.
 

Les experts en automobile doivent également faire face à des défis liés à la digitalisation de leur secteur.
 

L'utilisation croissante de l'intelligence artificielle et des outils numériques transforme la manière dont les expertises sont réalisées, offrant au passage des opportunités de faire évoluer le traitement des dossiers, mais aussi de se diversifier. Par exemple, des logiciels capables d'analyser des images de dommages peuvent désormais automatiser une partie du processus d'évaluation, permettant ainsi une intervention plus rapide et précise. Cependant, cela nécessite que les experts soient à l'aise avec ces nouvelles technologies et qu'ils sachent les utiliser efficacement.

Des défis aussi syndicaux

Malgré l'importance vitale des experts en automobile, défendre les intérêts de ces professionnels représente un défi majeur pour les syndicats. La répartition géographique des experts sur le territoire national complique l'organisation et la représentation. Les petites structures, souvent éloignées des grands centres urbains, rendent difficile la mise en place d'une représentation efficace. Les métallos FO doivent naviguer entre des intérêts variés et des contextes locaux différents. Les disparités régionales en matière de réglementation, de dynamisme économique et de conditions de travail compliquent encore davantage la tâche.

Par exemple, un expert basé dans une région rurale peut faire face à des défis très différents de ceux d'un expert travaillant dans une grande ville. Cette diversité rend difficile la formulation de revendications unifiées et cohérentes à l'échelle nationale. De plus, les organisations syndicales doivent également faire face à la concurrence croissante entre les experts eux-mêmes, notamment en raison de l'augmentation du nombre de travailleurs indépendants dans le secteur. Cela a conduit à une fragmentation des voix et à une difficulté à mobiliser les experts autour de causes communes.

En parallèle, le mouvement de concentration du secteur produit des entités d’une taille plus importante et dans lesquelles une implantation syndicale devient alors envisageable.

Dans ce cadre, Bruno Reynès, secrétaire fédéral en charge de la branche, souligne « le remarquable travail de négociation et de développement syndical effectué par l’équipe FO de BCA Expertise, sous la houlette de son responsable Franck Chatron, qui assure un haut niveau de représentativité pour notre organisation chez BCA Expertise et, par extension, dans la branche ». Bruno Reynès précise également la stratégie à respecter dans un contexte diversifié : « A nous d’adopter une approche flexible et personnalisée
pour répondre aux besoins spécifiques des experts dans chaque région tout en
maintenant une vision cohérente à l'échelle nationale ».

Pour être efficaces, il faut également sensibiliser les experts aux enjeux auxquels ils sont confrontés, ce qui implique de fournir des informations sur les droits des travailleurs, les conditions de travail et les développements réglementaires. En outre, pour notre organisation, cela passe aussi par la promotion de la formation continue et le développement professionnel pour s'assurer que les experts restent compétitifs dans un marché en constante évolution.

Un métier qui ne manque pas d’avenir

L'expertise en automobile est et restera un secteur incontournable, garantissant la sécurité et la conformité des véhicules sur les routes. Les experts en automobile, par leur savoir-faire et leur professionnalisme, contribuent à la confiance des consommateurs dans l'industrie automobile. Cependant, les défis que posent leur répartition géographique et les spécificités du marché nécessitent une attention particulière, notamment de la part du monde syndical.

Pour défendre efficacement les intérêts de ces professionnels, il est crucial d'adopter des stratégies adaptées à la diversité du secteur et aux réalités locales. En reconnaissant l'importance de ces experts et en soutenant leur développement professionnel, l'industrie automobile peut continuer à prospérer dans un environnement en constante évolution. La collaboration entre les organisations représentatives des salariés, l’organisation patronale FFEA, les entreprises et les experts eux-mêmes sera essentielle pour relever les défis à venir et garantir un avenir solide pour le secteur de l'expertise en automobile, dont l'importance ne doit pas être sous-estimée.

En tant que professionnels de l'évaluation et de la conformité, les experts en automobile jouent un rôle clé dans la navigabilité de nos routes et la sécurité de nos véhicules. Il est essentiel de garantir que leur expertise soit reconnue et valorisée, afin d'assurer un avenir durable et sûr pour tous les usagers de la route.