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Marisol Touraine boude les infirmières
Le salon infirmier rassemble chaque année 40 000 infirmières sur trois jours au Parc des Expositions de Paris et la ministre de la Santé passe toujours l'inaugurer ou y présenter sa politique de l’année. Marisol Touraine était particulièrement attendue cette année, entre son projet de loi de santé actuellement au Parlement et les réunions de la grande conférence de la santé.
Hélas, Marisol Touraine n’a pas daigné rencontrer la première profession de santé de France. Les membres de son cabinet ne sont visiblement pas plus motivés puisque jeudi après-midi, ils ont envoyé Michèle Lenoir-Salfati, sous-directrice au ministère, faire le tour du salon infirmier.
« Y a-t-il un pilote dans l’avion ? La question se pose car, depuis des mois, nous sommes dans l’attente d’arbitrages ministériels qui bloquent tous les dossiers professionnels. Comment expliquer le blocage de la réingénierie des paramédicaux alors que Marisol Touraine a le même portefeuille ministériel depuis mai 2012 ? Quand aurons-nous le calendrier des réingénieries ? Quand les travaux sur le référentiel de formation des IBODE, bloqué depuis 2009, vont-ils reprendre ? », s’interroge Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI, le syndicat des infirmières salariées.
De même, quand auront les arbitrages sur la formation cadre : un master ? une formation en Y ? Avec quel opérateur : IFCS ? Université ? Haute école ? Un système mixte ? Il semblerait que Marisol Touraine soit fascinée par le lac de Lamartine : « Ô Temps, suspends ton vol »…
Thierry Amouroux a interpellé Michèle Lenoir-Salfati sur les travaux de la grande conférence de la santé, centrés sur l’articulation formation, métier, parcours. Le ministère oriente les travaux vers un éventuel « tronc commun » dans le cadre de la formation de l’ensemble des professionnels médicaux et paramédicaux. Si nous sommes d’accord sur la nécessité de mieux partager les compétences, pour le SNPI CFE-CGC, il est clair que les enseignements partagés ou mutualisés (centrés sur l’interdisciplinarité) ne doivent représenter qu’une part minoritaire de la totalité des unités d’enseignement à valider.
Les infirmières sont majoritairement hostiles à l’idée d’une « L1 paramédicale » sur le modèle de la « L1 santé » créée par la loi du 7 juillet 2009 car nous souhaitons le respect des trois filières professionnelles : soins infirmiers, médico-technique, rééducation. Nous ne souhaitons pas que certains se retrouvent dans telle filière par dépit, au vu de ses résultats scolaires. Nos professions doivent se faire par choix. Il n’est pas nécessaire de faire une année commune pour mettre en place quelques cours transversaux ou donner des notions de base concernant chaque métier afin de mieux prendre en charge le patient et de mieux comprendre le travail de chacun.
Pour le syndicat infirmier de la CFE-CGC, « cela va à l’encontre de l’approche par compétences des nouveaux référentiels de formation issus de la réforme LMD des professions de santé. Ces formations ont réfléchi à leurs contenus : une nouvelle modification ne ferait qu’ajouter de la confusion dans les différentes filières. Les modalités ne sont pas les mêmes, les socles des métiers ne sont pas les mêmes, les finalités ne sont pas les mêmes ! Il serait sans doute plus intéressant de renforcer dans chaque filière, l’interdisciplinarité, la transdisciplinarité. Mais il faut respecter le cœur de métier. »
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