Organisations
Les pratiques de négociation et les compétences mises en œuvre : une « boîte noire » à ouvrir
Les évolutions législatives récentes en France tendent à promouvoir la négociation collective. La volonté explicite des pouvoirs publics français est de faire de cette dernière une pièce maîtresse dans le développement du dialogue social et de l’amélioration des relations professionnelles dans les entreprises.
L’institut d’Études Sociales, composante de la Faculté d’économie de Grenoble, organise un colloque sur les pratiques de négociation et les compétences mises en œuvre, le 14 septembre 2018.
Si, dans le contexte actuel, on peut ainsi en toute logique s'attendre à un fort développement de la négociation d’entreprise au cours des prochaines années, les acteurs directement impliqués semblent paradoxalement peu préparés à ce changement de dimension. Les formations spécifiques programmées et suivies par les acteurs semblent ainsi sans rapport avec les nouveaux enjeux.
Ce déficit de formation peut s’expliquer pour différentes raisons.
Les organisations syndicales, pour leur part, soulèvent régulièrement l’insuffisance des dispositifs et des moyens de formation. Au-delà des questions relatives aux droits légaux et des moyens financiers, on peut se demander si ce déficit n’est pas également lié, au moins partiellement, à une conception particulière de la négociation tendant à surpondérer l’apprentissage et l’expérience qui occupent traditionnellement une place importante dans la vie syndicale en général. On entrevoit cependant les limites d’un tel positionnement dans le contexte d’un fort développement à la fois des champs et des objets de la négociation d’entreprise.
Combler le déficit des formations à la négociation suppose de s’interroger sur le sens même du travail et des pratiques de négociation. Peu d’études sont menées en France sur la manière dont se déroulent les négociations et les compétences mises en œuvre par les acteurs. Les programmes actuels de formation s’adressant aux acteurs syndicaux tendent à accorder une place essentielle aux compétences relatives aux savoirs notamment juridiques et économiques au détriment des aspects plus techniques ou stratégiques. Les évolutions du contexte de la négociation ouvrent ainsi de nouveaux champs d’études et de réflexions et interrogent, outre les juristes, les économistes, sociologues, spécialistes des sciences de l’éducation etc.
Le colloque organisé par l’Institut d'Études Sociales se propose ainsi d’ouvrir la « boîte noire » des négociations en donnant la parole à différentes catégories d’acteurs (syndicalistes, employeurs, universitaires etc.) et en confrontant l’expérience française à celle d’autres pays.