Les orchestres touchés à leur tour par la crise
Avec la crise économique, les pouvoirs publics taillent dans les subventions dédiées à la culture. L’orchestre national d’Île-de-France en fait les frais. Plus de 160 musiciens se sont rassemblés début avril au Cent-quatre à Paris pour un concert de soutien à l’orchestre national d’Île-de-France (ONIF). Sur scène, les membres de l’orchestre bien sûr, mais aussi des représentants de plus de vingt formations permanentes, des intermittents ou encore des retraités.
Ils se mobilisaient à l’appel de plusieurs syndicats du spectacle vivant, pour dénoncer la baisse sur quatre ans du tiers de la subvention accordée par l’État à l’ONIF, soit 700 000 euros. Face au désengagement sans précédent de l’État dans le secteur culturel, ils ont aussi poussé un cri d’alarme plus général pour défendre l’emploi, la création et l’accès à la culture pour tous.
L’ONIF, qui emploie 95 musiciens permanents et une vingtaine de salariés administratifs et techniques, vit essentiellement de subventions publiques. celles-ci représentent 10 millions d’euros sur un budget de fonctionnement de 11,5 millions d’euros. Un quart provient de l’État, le reste de la région Île-de-France.
L’orchestre, créé en 1974 par le Conseil régional et le Ministère de la Culture, est investi d’une mission de service public: il est chargé de diffuser l’art symphonique sur l’ensemble du territoire régional, surtout auprès de nouveaux publics comme les enfants. Il donne une centaine de concerts par saison, organise des ateliers éducatifs et des rencontres, crée des pièces contemporaines...
Si la survie de l’orchestre n’est pas menacée pour l’instant, la baisse des subventions remet en cause certaines de ses missions car 700 000 euros en moins, c’est l’équivalent de douze postes ou d’une vingtaine de concerts. Pour 2012, l’État a finalement reversé 50 000 euros à l’ONIF, mais à titre exceptionnel.
« L’ONIF vient de renoncer à la musique de chambre, des petites formations de quatre ou cinq musiciens, c’est la première conséquence du désengagement de l’État. Par la suite, les économies vont se faire sur les chefs, les solistes, la création, tout est grignoté peu à peu, la qualité des prestations va en pâtir », déplore Hélène Lequeux-Duchesne, présidente du syndicat des musiciens SNM-FO.
Cette année, pour la première fois, le Ministère de la Culture a effectivement gelé 6 % de l’ensemble de ses subventions. Et l’État n’est pas le seul à serrer les budgets. Les collectivités locales aussi rencontrent des difficultés financières et rognent à leur tour sur leur soutien au spectacle vivant. De très nombreuses structures en pâtissent, provoquant une vive inquiétude dans le monde de la culture.
Et les orchestres, formations atypiques regroupant spectacle vivant, patrimoine et création, sont particulièrement touchés. Il y a seulement 2 000 musiciens permanents en France. Hélène Lequeux-Duchesne ajoute : « C’est le moyen d’avoir des musiciens de qualité qui maîtrisent un répertoire, ce n’est pas facile de travailler dans l’angoisse en étant intermittent. En cas d’économies, la culture est le premier poste qui saute avec le sport, mais la mission éducative doit rester une priorité. Les enfants, c’est notre public de demain. Sinon, il n’y aura plus de culture ».