Le 23 octobre, plus de 50 délégués représentants 25 CHU et CHR se sont réunis dans les locaux de la fédération FO des services publics et de santé (SPS) .
Cette réunion a permis de mutualiser les cahiers de revendications, élaborés dans chacun de ces établissements, avant de rencontrer l’après-midi même Raymond Le Moign, directeur-adjoint du cabinet de Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, ainsi qu’un représentant de la DGOS (Direction Générale de l’Offre de Soins). Mathieu Lapprand dans le dernier numéro de la revue FO Hebdo revient sur cette journée et les enseignements à en tirer...
Dégradation des conditions de travail
Les constats sont accablants tant du point de vue de la situation financière des établissements que des conditions de travail des agents. L’absentéisme augmente dans bien des services sans que les agents ne soient remplacés. Le CHU de Nantes voit également réapparaître la taylorisation dans le cadre de la réorganisation du travail avec des infirmières de prises de sang, des infirmières de pansement.
Des systèmes d’astreintes pour les infirmières et les aides-soignants sont mis en œuvre hors de tout cadre réglementaire. À Fort-de-France, le délégué du CHU, Jean-Pierre Jean-Louis, indique que certains agents sont amenés à acheter sur leurs deniers les produits d’entretien nécessaires pour nettoyer l’hôpital.
Didier Bernus, secrétaire général de la fédération FO, indique que, dans certains services à Strasbourg, alors que précédemment 6 aides-soignants hospitaliers s’occupaient d’un étage, aujourd’hui ils ne sont plus que 4 pour 2 étages. « On ne peut pas faire fonctionner les hôpitaux sur la conscience professionnelle des agents ! » rappelle-t-il. Et de préciser « Si le Président de la République veut venir visiter les services hospitaliers afin d’expliquer comment il veut faire mieux travailler les agents avec toujours moins de moyens, je pense que ça risque de chauffer ! »
Les heures supplémentaires s’accumulent
À Marseille, le cumul des heures supplémentaires, pour le premier semestre 2014, représente 300 postes équivalents temps plein. À L’hôpital d’Arras, ce sont 230 000 heures supplémentaires qui se sont accumulées en 2013.
Les délégués des CHU dénoncent également la mise en place de comptes épargne temps virtuels en plus des CET réglementaires (qui sont plafonnés), les agents provisionnant des jours à la demande de leur encadrement mais hors de tout règlement. Il s’agit pour la fédération d’une bombe à retardement.
Mais derrière cette dégradation des conditions de travail des agents, c’est également l’offre de soin qui est attaquée par ces restrictions budgétaires. Ainsi, à Clermont-Ferrand, le passage de l’Agence Nationale d’Aide à la Performance a marqué les esprits. Le service oncho-pédiatrique y comptait 14 lits avec un taux d’occupation de 110 %. L’agence a alors proposé la fermeture de 5 lits.
Lors du rendez-vous au ministère, Didier Bernus, a exposé les quatre revendications principales de la fédération :
- l’arrêt immédiat des suppressions de postes ;
- l’octroi des crédits nécessaires aux hôpitaux garantissant les lignes de trésorerie, ces dernières ne devant plus être assurées par les banques (qui plus est à des taux exorbitants payés in fine par la Sécurité sociale) mais l’État ;
- le respect des textes réglementaires liés à l’organisation du travail ;
- l’octroi en urgence de crédits ciblés permettant d’assurer les remplacements nécessaires.
Si le cabinet a pu apporter quelques réponses sur des dossiers précis, la fédération regrette que « la question centrale des moyens financiers indispensables pour permettre à l’hôpital d’assurer sa mission de service public et le maintien des droits collectifs des agents, demeure sans réponse ».
Pour Didier Bernus, secrétaire général de la fédération des services publics et de santé, « le problème va au-delà de l’hôpital et est l'une des conséquences du pacte de responsabilité et du plan de réduction des dépenses publiques et sociales. C’est pourquoi une réponse intersectorielle est nécessaire ».