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01 / 02 / 2011 | 2 vues
ALAIN ASTOURIC / Membre
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Inscrit(e) le 21 / 01 / 2011

La qualité totale oublie les concessions afférentes à l'imperfection humaine

On s’en doutait depuis quelques temps, nous y sommes ! La « ressource humaine » supporte de moins en moins bien la course à la performance, les changements incessants, le stress professionnel. Même si elle ne nie pas pour autant la nécessité de la réussite économique.

Depuis deux décennies les techniques managériales de mutation organisationnelle permanente, de travail en mode projet, de réingénierie, d’« empowerment » et de rémunération variable individuelle ont poussé les hommes... Pardon, les ressources humaines, vers la religion de la mobilité, la transformation permanente, la flexibilité, la polycompétence et l’individualisation des résultats au sein d’une entreprise prétendument individualisée pour le bien de tous. Or, s’il est exact que ces évolutions peuvent offrir certaines opportunités de responsabilisation des salariés et de mise en place d’organisations moins hiérarchiques, elles font surtout peser de graves risques sur la santé mentale des travailleurs.

  • D’abord, parce que l’injonction à l’autonomie qui a été faite aux salariés n’a pas suffisamment intégré le frein que constitue en parallèle la procéduralisation excessive du travail : l’organisation est aujourd'hui exagérément normée et l’employé n’a plus le droit, faute de se le voir reprocher, de dévier des tâches à accomplir les unes derrière les autres.


Ensuite, parce que l’idée même de qualité totale (que nous dénoncions dès 2004 dans un ouvrage intitulé, Le management durable), ne fait aucune place à la réserve, ignore la nuance et oublie les concessions afférentes à l'imperfection humaine. La qualité totale n’est au mieux qu’un idéal, elle devient ridiculement contraignante avec l’apparition de pratiques contraires comme, par exemple, avoir à satisfaire un maximum le client en y passant moins de temps.

Enfin, parce que les grandes écoles, comme bon nombre de hauts dirigeants, sous prétexte que les nouvelles réalités conduisaient à de nouveaux comportements, ont oublié de considérer que la nature humaine est depuis longtemps ainsi faite que seul un management respectueux des personnes peut inscrire de bons résultats dans la durée. 

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Bonjour

Article très intéressant. Je suis d'accord sur beaucoup des points évoqués. Par contre je trouve dangereux d'utiliser ainsi le terme Qualité Totale.

Pour moi la Qualité Totale est restée ce qui se pratiquait dans les années 80, méthodes de résolution de problème, vrais groupes de travail décentralisés... donc très axée sur la dynamique de groupe, l'autonomisation des différents acteurs, quel que soit leur niveau hiérarchique.

Les normes apparues ensuite ont écrasé ces dynamiques. C'est bien beau de viser les 6 sigma, mais effectivement on oublie que l'homme est imparfait !

C'était juste une remarque pour souligner que pour moi les vraies démarches Qualité Totale s'attachent à prendre en compte les imperfections et surtout à faire travailler les gens en groupe pour les compenser ! ce que les normes ne savent guère provoquer...