L’évaluation randomisée dans la réforme du service public de l’emploi
Ce texte interroge la construction et l’usage de l’évaluation chiffrée dans la conduite de l’action publique à partir du cas de l’évaluation randomisée de l’efficacité de trois formes d’accompagnement des chômeurs.
Lorsque l’Unédic développe l’externalisation du placement des chômeurs en 2006, mesurer l’efficacité de ces formes d’accompagnement devient un enjeu institutionnel crucial. L’évaluation randomisée, qui est en cours d’introduction en France, est présentée par ses promoteurs comme suffisamment fiable pour orienter l’action publique et est la méthodologie retenue. Alors que les dirigeants des institutions du service public de l’emploi en attendent un arbitrage de tensions institutionnelles, cette méthode d’évaluation se trouve prise au cœur de ces tensions. Nous montrons que les chiffres n’ont pas d’autorité autonome mais sont agis par des acteurs qui interviennent aux différentes étapes de l’évaluation (élaboration, mise en œuvre et mobilisation des résultats). Pour cela, il est nécessaire d’étudier conjointement les dispositifs replacés dans leur contexte institutionnel et leur évaluation.