Organisations
Intéressement : les salariés aux talcs de Luzenac n'entendent pas se faire rouler dans la farine
La plus grande carrière de talc à ciel ouvert au monde, située à Trimouns en Ariège, est à l’arrêt depuis le 16 juin. La quasi-totalité des salariés est en grève, à l’appel des syndicats. Ceux-ci dénoncent la volonté de la direction de remettre en cause l’accord sur l’intéressement.
Le 26 juin, les salariés des talcs de Luzenac, en Ariège, ont voté leur douzième jour de grève à l’appel de FO et CGT. La carrière (située à 1 800 mètres d’altitude) et l’usine de traitement sont à l’arrêt. Selon FO, la mobilisation atteint 90 % chez les salariés hors cadres.
L’accord triennal sur l’intéressement, qui prend fin le 30 juin prochain, est au cœur du conflit. Actuellement, l’intéressement est uniquement basé sur les résultats financiers de l’entreprise.
Il permet aux salariés de toucher environ deux mois de salaire par an.
La direction refuse de reconduire l’accord en l’état. Elle veut mettre en place un plafond inférieur à ce que les salariés touchent aujourd’hui et assortir l’intéressement d’un critère basé sur les performances des salariés.
Édouard Jeannot, délégué FO qui dénonce l'attitude de la direction, revendique également que l’intéressement prenne désormais en compte la marge réalisée par les sous-traitants pour fabriquer des produits à haute valeur ajoutée.
La date de l’échéance de l’accord approchant, les salariés se sont mobilisés deux fois début juin mais les négociations sont restées au point mort. Mi-juin, ils se sont mis en grève. Nous n’avons toujours pas de réelle proposition à partir de laquelle on pourrait travailler, on reste dans le flou, poursuit Édouard Jeannot.
Racheté en 2011 par le groupe Imerys, le site compte 219 salariés. En dix ans, 66 postes ont été supprimés. Pourtant, la production de talc ne cesse d’augmenter. En deux ans, elle est passée de 370 000 tonnes à 500 000 tonnes par an, selon eux.
Tous les services sont saturés. Nous en sommes à un stade où nous réclamons des embauches en NAO, poursuit Édouard Jeannot. L’entreprise fait des bénéfices mais une grosse part va aux actionnaires.
Le 26 juin, les délégués syndicaux ont rencontré les représentants européens du groupe. Ces derniers persistent à conditionner la poursuite des négociations à une reprise du travail, ce que les salariés refusent.
La direction perd 300 000 euros par jour mais elle en fait une question de principe. Depuis le début de la grève, l’argent qu’elle a perdu représente plus que l’accord sur l’intéressement qui est revendiqué. Mais les salariés ne reprendront pas le travail si rien n’est signé.
Face à ce bras de fer, la préfecture a proposé de nommer un médiateur mais la direction semble ne pas y avoir donné suite. Les salariés, qui avaient installé des barrages filtrants sur la RN20 la semaine dernière, prévoient de nouvelles actions dans les jours à venir si le dialogue social ne reprend pas.