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Des résultats en demi-teinte pour l’observatoire QualiTHravail®
L’an dernier à cette même époque, le cabinet Ariane Conseil lançait, avec le soutien de l’ADAPT et de l’Association française des managers de la diversité (AFMD), l’observatoire QualiTHravail®, 1ère étude nationale sur la santé et la qualité de vie au travail des personnes en situation de handicap. Les résultats de cette première édition ont été dévoilés au mois d’octobre.
- Le point avec Valérie Tran, présidente directrice générale du cabinet Ariane Conseil.
Pourriez-vous revenir sur ce qui vous a poussé à créer l’Observatoire QualiTHravail® ?
Avec cet observatoire, nous souhaitions combler un vide auquel nous sommes confrontés régulièrement depuis que nous accompagnons les entreprises dans la mise en place de leurs politiques d’emploi d'handicapés.
Jamais la parole n’a été donnée directement aux handicapés.
En effet, il n’existe pas d’étude d’envergure sur ce sujet. De plus, si les perceptions des managers, des dirigeants d’entreprises ou encore des collègues sur l’emploi d'handicapés ont été et sont encore aujourd’hui largement explorées, jamais la parole n’a été donnée directement aux handicapés. Il nous a donc semblé utile et légitime qu’ils fassent entendre leur voix, notamment au moment des dix ans de la loi handicap. Ce sont tout de même eux les mieux placés pour s’exprimer sur leurs conditions de travail.
Il semblerait justement que les principaux intéressés aient saisi cette occasion de s’exprimer…
Effectivement, avec 1 902 personnes ayant répondu et 400 employeurs, privés, publics ou associatifs représentés pour cette première édition, la thématique a véritablement suscité l’intérêt. Nous l’avons constaté, les gens ont pris leur temps pour remplir le questionnaire et n’ont pas hésité à enrichir leurs réponses de commentaires dans les questions ouvertes qui leur étaient proposées. Deux personnes sur trois ont apporté leur vision en répondant à ces questions ouvertes. Il ressort justement que les gens souhaitent davantage d’écoute et de prise en compte de leurs attentes. C’était l’un des objectifs de l’observatoire QualiThravail®. Or, nous en avons fait l’expérience : cette idée de consulter et d’associer les gens aux politiques de handicap, si elle est bien pilotée, peut être très enrichissante, notamment aux moments clefs de la politique, lors d’un bilan, de la construction d’un plan d’actions ou de la négociation d’un accord par exemple.
Quels autres résultats sont les plus significatifs ?
Plus de 11 % des 1 902 personnes ayant répondu ne sont pas reconnues. L’une des particularités du questionnaire était de s’adresser non seulement aux handicapés administrativement reconnus (et donc bénéficiaires de l’obligation d’emploi de 2005) mais aussi aux « non reconnues » disant rencontrer des difficultés de santé affectant leur activité professionnelle… Quels enseignements pouvons-nous en tirer ? En premier lieu, l’importance d’une population qui pourrait prétendre à la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). Mais aussi et surtout l’importance d’une population qui a sans aucun doute des besoins en termes d’accompagnement, d’aménagements de travail et qui, administrativement parlant, n’entrent pas dans le périmètre des missions de handicap. De fait, nous sommes bien placés pour savoir que certaines personnes ne demandent pas si facilement la RQTH.
Vous faites le lien entre les résultats de l’étude et votre prochain petit-déjeuner sur les maladies chroniques invalidantes…
S’agissant des scores de santé et de qualité de vie au travail, il ressort que les personnes atteintes de maladies chroniques, de déficience psychique ou porteuses de handicap mental sont les moins bien loties. Pour ne parler que des maladies chroniques (sclérose en plaque, cancer, diabète…), on précisera que 35 % des 1 902 personnes ayant répondu sont concernées. On rappellera également que, d’après les sources officielles, 15 millions de personnes, soit 20 % de la population sont atteintes de maladies chroniques. Des chiffres édifiants qui nous ont convaincus d’organiser un petit-déjeuner sur le sujet le 26 janvier prochain et d’éditer un rapport spécifique qui sera disponible dans quelques semaines.
Quelles sont les pistes d’actions possibles pour les employeurs ?
Nous l’aborderons au cours de notre petit déjeuner… Nous pensons qu’il faut aller au-delà des simples actions de formation et de sensibilisation en proposant des dispositifs d’appui et d’accompagnement de proximité : l’appropriation de la maladie par la personne, le partage avec l’équipe et le manager est un chemin parfois difficile… Ces dispositifs d’accompagnement sont d’autant plus nécessaires que l’analyse des chiffres nous montre par ailleurs que l’acceptation et le partage de la situation sont de puissants facteurs de qualité de vie au travail. Enfin, dernier point particulièrement fort pour ce type de pathologies, au-delà d’accompagner l’ensemble des parties prenantes il faut absolument donner des marges de manœuvre aux organisations, notamment en donnant de la souplesse dans les modes d’organisation du travail (télétravail, co-working, temps choisi…) : c’est essentiel pour rendre possible la conciliation de la maladie avec l’activité professionnelle.
Résultats disponibles sur www.arianeconseil.fr, rubrique actualités. Prochaine édition en 2017.
Petit-déjeuner gratuit « maladies chroniques et emploi »
Mardi 26 janvier 2016 à Paris de 9h00 à 11h00.
Table ronde animée par Anne-Lise Farkoa, journaliste sur radio Vivre FM avec notamment les interventions de :
- Hélène Chaze : responsable de mission handicap de SPIE Île-de-France nord-ouest ;
- Stéphanie Galvan : directrice générale du cabinet Ariane Conseil ;
- Michael Goetz : directeur de l’ARACT Aquitaine ;
- Muriel Londres : coordinatrice adjointe du collectif des [im]Patients, Chroniques & Associés ;
- Dr Vinh Ngo : médecin-coordinateur au CIAMT ;
- Alain Olympie : directeur de l’Association François Aupetit (AFA).
- Santé au travail parrainé par Groupe Technologia