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07 / 05 / 2019 | 288 vues
Frédéric Rey / Membre
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Inscrit(e) le 07 / 05 / 2019

Un dictionnaire sur « les mutations du travail et de l'emploi »

Les zones grises des relations de travail et d'emploi est un ouvrage inédit réalisé par Marie-Christine Bureau, Antonella Corsani, Olivier Giraud, Frédéric Rey (directeurs) avec la collaboration éditoriale et scientifique de Cyprien Tasset et le soutien des laboratoires IDHES et Lise. Il s'agit en quelque sorte d'un dictionnaire sur « les mutations du travail et de l'emploi » publié chez Teseopress, disponible gratuitement en ligne en intégralité ou par chapitre sur https://www.teseopress.com/dictionnaire.
 

Dans leur introduction, les auteurs soulignent qu'au long du XXe siècle, la « société salariale » s’était structurée sur l’emploi salarié, ses régulations et ses normes acceptées comme les règles d’un jeu partagé.
 

Depuis les années 1980, elle se défait ou plutôt elle se métamorphose. Historiquement, le salariat (entendu comme relation de travail spécifique, caractérisée par le lien de subordination qui lie le travailleur à son employeur et par la forme salaire de la rémunération du travail) a représenté ce que l’on peut appeler une « politique du travail ».
 

C’est-à-dire à la fois une logique générale d’insertion du travail dans le système social et économique (en rapport avec un état du développement technologique et propre à une phase de la dynamique historique du capitalisme), des modalités de régulation des conflits sociaux et un principe de stratification sociale.
 

Les moteurs des recompositions actuelles
 

En partant de ces considérations, les auteurs avancent l’hypothèse que les recompositions à l’œuvre au début du XXIe siècle seront à l'évidence porteuses d’une politique du travail nouvelle à terme.
 

Sans doute le salariat moderne (dans la forme qu’il a pris au XXe siècle) ne va pas disparaître. Cependant, de nouvelles formes des relations de travail, salariales et non-salariales vont émerger. Pour autant, il est difficile de dire ce qu'elles seront vraiment...
 

Dans cet ouvrage, les auteurs se sont attachés à identifier les moteurs des recompositions actuelles et observer les effets des processus à l’œuvre sur les normes contemporaines du travail et de l’emploi pour tenter de mieux comprendre les liens et les interdépendances entre les différentes zones du monde.
 

Ce « dictionnaire sociologique » des zones grises des relations de travail et d’emploi a pour but de servir de guide à ce travail d’analyse des recompositions des normes du travail. L’idée de zone grise permettant d’explorer la perte ou, tout du moins, l’affaiblissement des catégories binaires du travail et de l’emploi (indépendant/salarié, emploi/chômage, poste de conception/poste d’exécution, temps de travail/temps de loisir, lieu de travail/lieu de vie, formation/travail etc.).
 

Les zones grises recouvrent aussi des ressources et marges de manœuvre dont des gens, souvent en butte à la « précarité » selon les catégories établies, peuvent bénéficier pour expérimenter et faire advenir de nouvelles institutions...
 

Le terme « zone grise » que les auteurs utilisent comme référence commune dans ce dictionnaire sociologique a récemment connu une large diffusion ayant rendu le sens plus flou.
 

On le rencontre aujourd’hui dans le langage courant sous différentes acceptions, que ce soit pour indiquer un « entre-deux », une situation indécidable (les zones grises du consentement sexuel) ou une zone d’ombre, un angle mort (dans l’aéronautique, une surface qui n’est pas explorée par le faisceau d’un radar).
 

De façon plus spécifique, la notion est aujourd’hui entrée dans le vocabulaire de la géopolitique où elle est principalement mobilisée pour désigner des aires géographiques qui échapperaient au pouvoir central des États.
 

Le débat chez les géopoliticiens interpelle les sciences sociales du travail en ce qu’il soulève une question majeure : les zones grises sont-elles des zones sans loi, sans Dieu ni maître ou bien des zones de non-droit, de fait fabriquées par les institutions étatiques et supranationales et l’incohérence générée par leurs interactions ?


On songe à la concurrence des normes d’emploi dans une économie globalisée où les régulations nationales sont mises à mal ou instrumentalisées dans des conflits commerciaux (voir États-Unis), tandis que la porosité des frontières du droit national complique l’identification de l’employeur et affaiblit les institutions de régulation permettant d’établir ses responsabilités.

 

Recherche internationale et comparative


Enfin, comme le rappellent les auteurs, cet ouvrage « le dictionnaire sociologique des zones grises des relations de travail et d’emploi » est aussi le résultat de sa propre histoire et s'appuie notamment sur les travaux récents menés dans le cadre d’une recherche internationale et comparative financée par l’Agence nationale pour la recherche entre 2011 et 2015, réunissant une trentaine de chercheurs issus d’horizons nationaux et disciplinaires variés.


Le réseau des chercheurs a été étendu à ceux qui comptent parmi les meilleurs spécialistes francophones et allophones de leurs domaines.


Des chercheurs latino-américains font partie du réseau de recherche constitué à l’occasion de l’ANR. Cela explique la place de cette zone du monde dans le dictionnaire. Le dictionnaire s’appuie sur une approche essentiellement sociologique mais il comprend aussi un grand nombre de contributions de politiciens, d’historiens, de juristes, d’économistes, de linguistes...
 

À noter enfin que cette publication désormais largement accessible, a pour vocation de rester un corpus vivant. L’existence numérique de ce dictionnaire laisse la place à actualisations et ajouts et souhaite donner vie à un dialogue vivant avec son public et les communautés de ceux qui pensent et animent, à un titre ou à un autre, les réalités collectives du travail en dynamique.
 

Le dictionnaire fera l'objet d'une présentation le 16 mai 2019 au CNAM, à 17h30
 

Marie-Christine Bureau, Olivier Giraud, Antonella Corsani et Frédéric Rey vous convient à l'« happy hour » du laboratoire Lise le jeudi 16 mai 2019, à 17h30, dans l'amphithéâtre Fourastié au 292, rue Saint-Martin, accès 11 (75003 Paris) afin de vous présenter leur nouvel ouvrage : Les zones grises des relations de travail et d'emploi. Un dictionnaire sociologique. Si vous désirez vous joindre à cet « happy hour », vous pouvez vous inscrire à l'adresse suivante : zaera.mariaux@lecnam.net.

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