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18 / 10 / 2012
Sylvain Thibon / Membre
Articles : 194
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Canal+ : fini le véhicule de service en dehors des heures de travail pour les journalistes

Les JRI (journalistes reporters d'images) de Canal+ se voient désormais interdire de conserver le véhicule de service en dehors des heures de travail. Cette dernière décision formulée aux JRI de Paris et de province sans la moindre concertation soulève de multiples questions juridiques et techniques.

Les organisations syndicales se sont saisies de ce dossier et souhaitent qu’une négociation s’engage rapidement. Car si le droit permet à la direction de modifier certaines dispositions de son organisation, elle ne peut pas normalement le faire sans une concertation minimale, sans explication et sans compensation. Quand bien même elle le pourrait, le dialogue doit toujours l’emporter sur l’ultimatum. C’est pourtant encore une fois, cette terrible méthode de l’oukase qui est employée, suscitant une nouvelle fois l'incompréhension générale.

Les véhicules des JRI étaient jusqu’à maintenant mis à leur disposition en permanence. La direction de Canal+ a décidé unilatéralement que dorénavant, ces véhicules devraient être rendus chaque jour…
 
  • Ces journalistes, qui sont sur la route toute la journée (de 6h00 à 23h00, parfois plus, à Paris ou en province), devront ramener leur véhicule de service chaque soir, prendre le dernier métro pour rentrer à la maison puis le premier pour venir rechercher leur véhicule de service le lendemain…

Ces JRI sont en permanence sur le terrain à la disposition d’une direction parisienne, exigeante et peu regardante sur les conséquences sociales de ses décisions. Certains JRI travaillant sans relâche des journées de 12, 18, 20 heures, parfois 7 jours sur 7. Seuls dans leurs voitures pour se rendre sur les lieux de reportage, ils réalisent les interviews, montent leurs sujets, les transmettent à la rédaction parisienne et au passage se font « houspiller » parce que BFM vient encore de leur « griller » la politesse sur un événement jugé important à Paris ou en province…

Ces JRI qui ne déposent jamais (à tort comme les autres salariés de Canal+) d’heures supplémentaires, qui ne disposent que rarement de week-ends complets, qui sont parfois (souvent) rappelés pendant leurs congés ou leur temps de repos et qui n’ont d’autre choix que de se plier aux oukases permanentes, le tout pour un salaire peu enviable.

Dans ces conditions, le Code du travail est souvent ignoré, au risque d’une illégalité flagrante dans le non-respect des dispositions légales. Cette situation doit bien sûr évoluer. C’est un véritable plan de redressement social que notre syndicat appelle de ses vœux.

Certains journalistes prennent trop de risques dans l’exercice de leurs missions. Ces salariés ont droit à une vie de famille. Ils ont droit au respect des temps de repos légaux, ils ont droit à des condtions de travail normales, à une perspective de carrière engageante.

Faut-il rappeler que la durée de travail effectif (y compris les éventuelles heures supplémentaires accomplies) ne peut pas dépasser les limites de 10 heures par jour, de 48 heures par semaine ou de 44 heures par semaine en moyenne sur une période de 12 semaines consécutives ?

Des pauses d'une durée minimale de 20 minutes doivent être accordées aux salariés au moins toutes les 6 heures. Les heures effectuées au-delà de la durée légale sont considérées comme des heures supplémenatires. Tout salarié doit bénéficier d'un repos quotidien d'au moins 11 heures (sauf dérogations), auquel s'ajoute un repos hebdomadaire de 24 heures consécutives minimum.

Toute autre disposition doit faire l’objet d’une négociation collective et être encadré par des accords sociaux.

Ici, non seulement le Code du travail n’est pas respecté, non seulement on met en question l’état physique et psychologique de certains collaborateurs, mais on engage la chaîne dans une impasse, car il ne saurait y avoir d’avenir serein dans ces conditions. La fonction de journaliste n'autorise pas toutes les dérives.

  • Comble de l’étonnement, BFM, notre alter ego et néanmoins concurrente fonctionne socialement bien mieux. Les salariés de BFM sont aujourd’hui mieux traités.

Le plus urgent est de rouvrir un dialogue social large et respectueux avec les partenaires sociaux… La résolution du conflit sur la disponibilité des véhicules de service est un préalable.

  • Comme le remboursement partiel des frais de transport pour de nombreux salariés remis en question du jour au lendemain en début d’année ou la modification du calcul des temps de pause dans les centres de la relation clients, provoquant au passage 2 journées de grèves à Rennes et à Saint-Denis ces dernières semaines, la décision de modifier sans aucune concertation l’organisation du quotidien de nos JRI participe de cette méthode expéditive usitée depuis des mois, « j’ai le pouvoir, je décide ».

Sur le long terme...

Aujourd’hui, la rédaction gronde, la colère monte, elle est prête à se manifester. Il est donc urgent de revenir à la raison. De se mettre autour de la table et d’aborder l’ensemble des problématiques sociales et d'organisation qui plombent le moral des troupes, d'arrêter cette course folle à la réduction des coûts, d’embaucher là où les besoins se font le plus criants.

Dans le cas contraire, si rien ne vient rapidement, nous ne répondons plus d’une situation sociale explosive.

Nouvelles orientations, réorganisation, adaptation aux réseaux sociaux, évolution des technologies, évolution des métiers, stress... Sur ces sujets, notre syndicat fera dans les prochaines semaines des propositions constructives pour que s'engage avec notre direction une réflexion sur le moyen et le long termes.

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