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« Il a fait Harvard » : Canal+ recrute son directeur commercial à l'externe
Bientôt un an d'attente et enfin, l’annonce d’une arrivée prochaine. Lors de la dernière convention de la distribution à Issy-les-Moulineaux, ça a été une surprise, chacun pensant que l'on ne reverrait pas de sitôt un patron du commercial après l'éviction du précédent.
On a donc trouvé l'oiseau rare. Douze mois de recherche, le marché des directeurs commerciaux est donc si tendu en France ?
Quelques semaines encore avant de découvrir le nom et le visage du futur directeur commercial de Canal+.
Ce sera un homme. Difficile, paraît-il, de trouver une femme pour ce type d'emploi. Tiens donc... Pourtant, de potentielles prétendantes nous ont quittés ces derniers mois. Elles étaient en mesure d’occuper ce poste, bon cursus, gestion efficace, ambition mesurée, créativité, reconnaissance... Mais on ne va quand même pas faire revenir les anciennes.
Du neuf et du top... from, Harvard please!
HEC, ce n’est pas assez, il faut aller chercher de l'expérience aux États-Unis. Si vous méritez Canal+, Canal+ saura vous mériter. C'est la dernière annonce avant l'arrivée de cet inconnu, 40 ans et Harvard dans son balluchon. Le modèle américain deviendrait-il la norme en matière de commerce ou est-ce pur hasard ?
Pourtant, selon de fins connaisseurs maison, nos très bonnes écoles françaises n'ont rien à envier aux belles américaines.
Ne doutons pas un instant, Harvard ou pas, ce futur patron sera un bon professionnel. Mais pour réussir, il devra s'appuyer sur les équipes en place. Or, depuis quelques années et avec une accélération certaine ces 12 derniers mois, nous assistons à la valse permanente des cadres de la direction commerciale.
Départ des anciens, avec pour corollaire l’effacement de la mémoire collective, des méthodes et des procédés qui ont souvent fait le succès des campagnes commerciales de ces dernières années.
- Du neuf, on vous dit ! Avec parfois le recrutement de jeunes surdiplômés, généralement issus de grandes écoles...
Il n'est pas sûr que cette politique de recrutement facilite la tâche du prochain patron du commercial. En effet, comment concilier autorité, gestion participative, évolution de carrière, partage d’expériences lorsque le fossé devient si grand entre « les anciens » et ces nouvelles recrues à qui l'on a certainement survendu une position idéale dans un avenir pas trop lointain.
Ce modèle de recrutement pose déjà problème.
Certains de ces diplômés finissent évidemment par s'ennuyer, n'entrevoyant aucune perspective professionnelle de court terme, tandis que les anciens dépriment, attendant leur tour d'être mis sur la touche puis éjectés. Un bon accord de rupture devant éteindre tout contentieux…
C'est évidemment une conception rétrograde et dangereuse pour l'organisation future de notre entreprise. Cette méthode renie à tous les niveaux la nécessaire complémentarité des compétences portées par les plus anciens avec celles renouvelées de la plus jeune génération. Recruter exclusivement du « TGE » (très grandes écoles) à chaque étage de l’organisation finira par gripper l’ensemble des mécanismes au détriment de l'entreprise et du bien-être de chacun.
Les savoir-faire acquis ces dernières années sont irremplaçables. C’est en respectant et en favorisant la diversité sociale de l’organisation que nous aurons les meilleures chances d’atteindre les objectifs ambitieux fixés pour 2012 et pour se préparer à affronter des lendemains plus compliqués. Bienvenue à l’inconnu d'Harvard et bonne chance !