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05 / 06 / 2013 | 3 vues
Roman Bernier / Membre
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Des pilotes de Ryanair arborent le logo d’un « syndicat » pour protester contre les méthodes de la direction

Depuis quelques mois, les relations sont particulièrement tendues entre la direction de Ryanair et les pilotes. Ceux-ci multiplient les actions revendicatrices et les révélations qui dérangent par le biais d’un groupe représentatif anonyme, le Ryanair Pilot Group (ci-après RPG). Cette structure ad-hoc montée par les pilotes sans le consentement de la compagnie (chez Ryanair, les pilotes n’ont pas le droit de se syndiquer) permet aux pilotes de se prononcer sur l’actualité de la « low-cost » par le moyen de sondages, de votes ou de communiqués de presse.

Il y a un peu moins de deux mois, le climat s’est fortement dégradé entre les deux camps. En cause, une pétition du RPG mise en ligne à la disposition des pilotes de Ryanair et adressée à l’Union européenne (chaque pilote devait l’imprimer, la signer, la dater avant de l’adresser aux autorités compétentes). Le document établissait une supposée relation de cause à effet entre le management agressif de la compagnie et les conséquences sur la sécurité des vols, ce qui n’était pas du goût de la direction qui a immédiatement menacé de licenciement tout pilote signant cette pétition.

Malheureusement pour Ryanair, cette affaire n’est pas restée lettre morte puisque, le 20 mai, lors d’une interview sur Bloomberg, Michael O’Leary, patron de Ryanair, a été interrogé sur la sécurité de ses vols et sur le RPG. La ligne de défense était simple : ces pilotes ne sont pas représentatifs de la compagnie (selon M. O’Leary, ils seraient en réalité des membres du IALPA, le syndicat de pilotes d’Aer Lingus ou du syndicat des pilotes européens). Quant aux pilotes de la compagnie souhaitant signer cette pétition, ils le feront « au péril de leur vie ».

Outre le caractère excessif et potentiellement terrorisant d’une telle déclaration, il est à remarquer qu'il est assez contradictoire que M. O’Leary invoque la question de la non-représentativité tout en interdisant à ses pilotes de de se syndiquer ou de se joindre à ce groupe…

La représentativité en question 

Longtemps organisé en groupe anonyme, le RPG s’est donc retrouvé dans une impasse. Chacune des publications ou des pétitions du groupe était rejetée sous-prétexte de non-représentativité. Or, déclarer son appartenance était susceptible de licenciements. Malgré les déclarations de bonne foi selon lesquelles un notaire atteste de l’identité de chacun, il fallait une preuve véritable que le groupe était composé de pilotes de Ryanair. Cette preuve a été apportée, selon une information rapportée dimanche par le quotidien The Independent, par de nombreux pilotes et co-pilotes qui se sont décidés à arborer le logo du RPG au travail, malgré les risques évidents pour leur carrière.

La réaction de Ryanair ne s’est pas fait attendre : afficher les symboles du RPG en service sera considéré comme une atteinte à la politique de l’entreprise. Toujours selon The Independent, un mémo interne de Peter Belew, directeur des opérations chez Ryanair, mettrait en garde tout contrevenant en précisant qu’une personne surprise à porter le logo du RPG s’exposerait à des sanctions disciplinaires pouvant aller jusqu’à la saisie du salaire ou l’annulation du vol (chez Ryanair, comme seuls les horaires de vol sont payés, cela revient à saisir le salaire du commandant, des hôtesses et des stewards). Contacté à ce sujet, Ryanair a répondu ne pas « commenter les rumeurs ou les spéculations ».

Toujours est-il qu’il s’agit du premier mouvement collectif de pilotes de Ryanair qui pourrait s’apparenter à une syndicalisation. Il est malheureusement impossible de savoir combien ont porté le logo du RPG à ce jour. De fait, on ne peut vérifier les dires du groupe qui prétend représenter plus de 50 % des effectifs de pilotes de Ryanair.

Cependant, si les prises de position du RPG venaient à devenir publiques et plus anonymes, on peut légitimement s’interroger sur les conséquences pour la compagnie à bas coût. Va-t-on voir s'imposer au forceps un syndicat de pilotes ? Ou bien la direction va-t-elle continuer sa politique du bâton, au risque d’aboutir à une escalade des tensions et au conflit social ? Dernière possibilité, les dirigeants de Ryanair pourraient accepter de négocier mais cela ouvrirait la porte à d’autres revendications de la part des hôtesses et des stewards par exemple ?

Une chose est sûre, Ryanair n’est pas au bout de ses peines… Et ses pilotes non plus.

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