Organisations
CPA, CPF et DIF dans le secteur public : le grand bazar
Soucieux d'inventer des comptes (CPF, CPA, CEC, pénibilité), les pouvoirs publics tentent depuis 2013 de liquider le droit à la formation des salariés du privé et du public.
Las, le DIF résiste et face à diverses improvisations de fin d'année le compte personnel d'activité ne fonctionnera toujours pas en 2017 pour les salariés du public.
La bien mal nommée « réforme » de 2014 fait plonger toute la formation en France
- Improvisée par les partenaires sociaux fin 2013, à peine discutée et amendée au Parlement en février 2014 elle a ensuite été sinistrée par le ministère du Travail et le COPANEF (dispositifs inutilisables, décrets tardifs, illisibles ou impossibles à mettre en œuvre).
- La réforme de 2014 aura réduit l'effort de formation des entreprises d'un tiers environ en l'espace de deux ans (tout en liquidant des organismes de formation de qualité et des services formation dans les grandes entreprises).
Dans l'administration, le gouvernement tente désormais d'imposer un compte personnel de formation (CPF) et un CPA (une coquille vide regroupant des droits variés mais très virtuels) toujours non financés et alors que les fonctionnaires n'ont jamais pu utiliser leur DIF depuis 2007.
Le 6 décembre 2016, les pouvoirs publics négociaient encore le CPF et le CPA pour les fonctionnaires.
Dans l'attente de décrets et comme il est impossible de mettre en œuvre ce CPF toujours pas financé ni inscrit dans la loi, le DIF va perdurer une année de plus dans les 3 fonctions publiques.
Coût total du DIF pour les fonctionnaires : environ 24 milliards d'euros
Rappelons que, depuis juillet 2007, les fonctionnaires ont cumulé environ 600 millions d'heures de DIF (120 h pour plus de 5 millions de fonctionnaires) sans que jamais plus de 1 % de ces heures ne soient utilisées pour leur formation.
La Cour des comptes ayant estimé en 2009 qu'une heure de formation en DIF coûtait environ 40 euros (rémunération comprise) ; les administrations doivent donc bien au moins 24 milliards d'euros pour la formation de leurs fonctionnaires.
Le successeur du DIF est un irrémédiable échec dans le privé.
Dans le secteur privé, on imagine déjà le successeur du CPF tant les résultats de ce dernier sont désastreux en entreprise (autrefois, 600 000 DIF réalisés par an contre 60 000 CPF en rythme annuel et depuis octobre 2016 une chute avérée encore des entrées en formation).
L'éducation et la formation ne consistent évidemment pas à capitaliser des heures sans rien (pouvoir) en faire.
La prochaine réforme (en 2018 sans doute) devra tout remettre à plat mais surtout changer radicalement de méthodes et de perspectives en formation :
1- ne plus mêler la formation des chômeurs et celle des salariés en poste (elles n'obéissent pas aux mêmes besoins ni ressorts) ;
2- restaurer les obligations légales des employeurs à 2 % au moins de la masse salariale ;
3- installer une nouvelle cotisation de formation payée à la fois par les employeurs et par les salariés eux-mêmes ;
4- donner aux fonctionnaires le pouvoir de partir en formation quand ils le souhaitent (hors temps de travail) et sur le thème de leur choix sans y mêler le plan de formation de leur administration ;
5- simplifier pour tous le départ en formation en supprimant les innombrables barrières et contrôles (les listes de formations dites certifiantes, les parcours du combattant via les financements mutualisés, le formalisme et les lourdeurs bureaucratiques).
La formation tout au long de la vie n'est pas un vain slogan européen.
La société de la connaissance implique désormais une formation généralisée, libre et ouverte, une formation aussi naturelle et accessible que le sont les congés payés.
La formation doit aussi devenir responsable : employeurs et travailleurs doivent s'impliquer dans le développement des compétences. Sans cette montée en compétence de tous, notre pays ne retrouvera ni sa compétitivité ni même un avenir social et économique commun. L'avenir appartient à ceux qui voudront, pourront et sauront apprendre.
Les modèles éducatifs du passé implosent partout dans le monde sous les coups du numérique et de la globalisation. Notre société ne peut se figer dans ses statuts antédiluviens, sa culture des avantages acquis (sur qui ?) ou des diplômes et labels conformistes. Un temps supplémentaire devra être consacré aux apprentissages, le temps du développement des compétences.
Il faudra désormais passer 10 % de son temps travaillé à se former (ceci sur le temps libre principalement), être capable de changer, de s'adapter, d'apprendre, de désapprendre et de réapprendre tout au long de sa vie (y compris après la vie active).
La réforme de la formation de 2014 a prouvé que les partenaires sociaux ne pouvaient plus piloter ni même inspirer la formation en France, ce pan éducatif est devenu trop important pour faire l'objet de négociations sociales convenues.
La formation des fonctionnaires, comme celle des travailleurs du privé devra totalement être ré-écrite en 2017 sous peine de voir le pays s'enfoncer et perdre sa compétitivité.