Dernières recommandations de la présidente du jury de l'ENA à la directrice de l'INSP
La présidente des jurys des concours d'entrée à l'ENA a récemment remis son rapport annuel au Premier Ministre et à la Ministre de la Fonction publique. Celui-ci ne manquera pas de retenir l'attention dans la mesure où les concours 2021 ont été organisés dans le contexte de la réforme de l'encadrement supérieur de l'État qui se met désormais en place. Les lauréats ayant à présent intégré le nouvel Institut National du Service Public (INSP) en début d'année, avec toutes les évolutions en découlant, en matière de formation et sur l'évolution des déroulements de carrières des futurs cadres supérieurs de l'État et leur situation lors de leur sortie de l'INSP, en octobre prochain, dans le nouveau corps interministériel des administrateurs de l'État.
Pour mémoire, 89 places ont été offertes pour constituer la promotion 2022-2023 de l’Institut national du service public.
Éléments à retenir
- Des concours 2021 attractifs et hautement sélectifs
Entre 2011 et 2021, l’augmentation observée est de +6 % de candidats présents au dernier jour des épreuves en 2021 sur les concours externe, interne et troisième concours. Les concours 2021 sont marqués par un taux de sélectivité particulièrement élevé. Sur les 1 769 personnes qui se sont inscrites et les 1 132 qui ont passé les épreuves écrites, 218 ont été déclarées admissibles et 89 admises.
- Une forte sélectivité et un certain classicisme académique pour les concours externes
Le rapport souligne un taux de sélectivité de 1 pour 14 pour les concours externes pris globalement. Les concours externes ont permis de recruter 40 lauréats pour le concours externe et 6 lauréats pour le concours externe « talents ». À noter que, dans les faits, pour un concours ouvert aux candidats titulaires d’un diplôme national sanctionnant au moins trois années d’études supérieures ou d’un autre titre ou diplôme équivalent, les élèves recrutés ont un master ou équivalent. Pour l'auteure de ce rapport, l’extrême concentration des parcours académiques sur des formations juridiques ou sciences politiques soulève une interrogation quant aux besoins sur les champs économiques, sociaux et technologiques sur lesquels l’État est aujourd’hui mobilisé.
- Un concours interne plus sélectif que les autres années mais dont la dimension de promotion interne reste insuffisante
Le taux de sélectivité progresse pour le concours interne du fait de l’augmentation des inscrits et des présents pour cette année 2021. Il s’établit à 1 pour 8, soit le taux le plus élevé depuis 2014 avec 265 personnes présentes, 70 admissibles et 32 admises.
Si les candidats ont généralement une plus grande maturité et une plus grande diversité de parcours que les externes, avec une bonne connaissance de l’administration et des premières expériences en gestion de petites équipes, il est observé que ce concours ne remplit plus suffisamment sa mission de promotion interne lorsqu’il mène à intégrer des profils justifiant en réalité de courtes expériences professionnelles. Aussi, pour accueillir des parcours plus expérimentés et, de fait, plus variés, il est recommandé de porter la condition d’ancienneté pour y prétendre de 4 à 6 années de services publics.
- Le troisième concours, un vivier conséquent et d’un grand intérêt
Il présente un taux de sélectivité en forte croissance s’établissant à 1 pour 12, ce qui constitue un retour aux taux observés en 2011 et 2012 avec 82 personnes présentes, 22 admissibles et 7 admises.
Soulignons que le concours constitue un indéniable vivier pour la haute fonction publique puisqu’il attire des parcours variés ayant des expériences à l’international comme en France, en province comme à Paris, des candidatures ayant un sens de l’intérêt général particulièrement fort et souvent déjà de solides expériences managériales. C'est pourquoi il est recommandé d’augmenter le nombre de lauréats pour cette voie d’intégration.
- Le concours spécial « docteurs » option sciences de la vie, un recrutement vivifiant et de grande qualité
Pour le concours spécial « docteurs », le taux de sélectivité constaté s’établit à 1 pour 34, ce qui en fait le concours le plus sélectif même si ce taux était en deçà des taux observés les années précédentes sur les autres disciplines. Au vu du vivier observé et de la grande qualité des profils, il est également suggéré d’augmenter le nombre de places à ce concours.
- Un taux de féminisation en progression
Avec 38 élèves femmes sur 89, (soit 43 %), la promotion 2021 sera la plus féminisée depuis 2015 qui constituait une année elle-même inédite.
- Sur les épreuves des concours
À partir des constats dressés sur les épreuves écrites et orales de 2021, des préconisations sont aussi formulées par la rapporteuse sur le déroulé des concours en se projetant sur le processus de réforme engagé par l'INSP. Une manière d'apporter une contribution supplémentaire aux réflexions la directrice de l'Institut pour les évolutions qu'elle aura à mener dans ce domaine également...
Principales préconisations
Suppression :
- de l’épreuve d’anglais de tous les concours, considérant que la maîtrise des langues et de l’anglais en particulier est plutôt solide déjà chez tous les candidats ;
- des épreuves académiques à l’oral, pour les repositionner lors de la phase d’admissibilité ;
- le maintien des épreuves d’économie et de questions sociales parmi les épreuves écrites obligatoires, considérant qu'elle sont seules à mêmes de préparer les élèves à leurs futurs enjeux professionnels ;
- la constitution d'un socle commun d'épreuves écrites sur 5 épreuves académiques obligatoires sur le droit public, l’économie, les questions sociales, la composition de questions contemporaines et les questions européennes et une sixième matière optionnelle : les questions internationales ou les finances publiques ;
- dédier les épreuves d’admission à l’évaluation de la personnalité, du parcours et des aptitudes professionnelles.
Dans le prolongement des rapports des jurys des deux premières années de ce concours, le concours spécial « docteurs » pourrait converger sur certains aspects avec les autres concours d’accès à l’institut par l’adjonction d’une autre épreuve écrite qui pourrait être la composition de questions contemporaines, dans la mesure où, selon la rapporteuse, la tenue d’une seule épreuve écrite actuelle est fortement aléatoire.
Parallèlement, un certain nombre d'aménagements des épreuves et la redéfinition des coefficients des différentes épreuves sont évidemment recommandés.
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La féminisation dans les postes de directions des entreprises
En dix ans, on est passé de 9 % à 45 % de femmes dans les conseils d’administration...mais il reste en core beaucoup à faire au niveau des instances dirigeantes ..
En 2020, seul un quart des entreprises avaient une quasi-parité dans leurs 10 plus grosses rémunérations.
Le Parlement a adopté fin décembre une loi visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle.
Afin d'accélérer la participation des femmes à la vie économique et professionnelle, la loi prévoit plusieurs mesures : instauration de quotas de 40% aux postes dirigeants des grandes entreprises, nouvel index de l'égalité dans l'enseignement supérieur, meilleur accès des entrepreneures à l'investissement public...
Elle fixe un quota de femmes parmi les cadres dirigeants et les membres des instances dirigeantes des entreprises d’au moins 1 000 salariés .
L’objectif est d’imposer des quotas de 30% de femmes cadres-dirigeantes et de 30% de femmes membres des instances dirigeantes en 2027, puis d’atteindre des quotas de 40% en 2030. Les entreprises auront deux ans maximum, à partir de 2027 puis de 2030, pour se mettre en conformité avec ces quotas, sous peine de pénalité financière (1% de la masse salariale au maximum).
Les écarts de représentation entre les femmes et les hommes seront publiés sur le site du ministère du travail, dans les deux ans suivant la publication de la loi.
Pour en savoir plus:
Les priorités fixées à la DIESE
Le Premier ministre, Jean Castex, et la ministre de la Fonction publique, Amélie de Montchalin, ont envoyé à Émilie Piette, la nouvelle déléguée interministérielle à l’encadrement supérieur de l’État, sa lettre de mission pour les années à venir....
Parmi les priorités,mises en avant:
- L’élaboration de la politique RH de l’encadrement supérieur et dirigeant de l’État
- le pilotage des lignes directrices de gestion interministérielles,
-La détection et l’accompagnement des talents
-La diversification des parcours professionnels
-La valorisation et le développement des compétences et d’une culture commune
-L’attractivité et la diversité de la haute fonction publique
- L’animation du collectif interministériel et des employeurs de l’État
-l’incitation à la mobilité des cadres dirigeants.
La Diese devra aussi élaborer un référentiel de compétences commun à ces agents.