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30 / 03 / 2009 | 11 vues
Rémi Aufrere-Privel / Membre
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SNCF : entre redistribution des cartes et paralysie du dialogue social !

Les résultats définitifs des élections professionnelles à la SNCF (représentants du personnel dans les comités d'établissement régionaux) servant d'élément essentiel au calcul de la représentativité syndicale ont été rendu publics vendredi 27 mars.

Voici le comparatif par rapport à la précédente élection de 2006... 

La CGT obtient 39,3% des voix (-0,8%), l'Unsa 18,05% (+3,57%), Sud-Rail 17,67% (+2,7%), la CFDT 11,59% (+0,1%), FO 7,98% (+1,36%), la CFTC 5,4% (-2,74%).

Analyse de la nouvelle cartographie syndicale

La CGT connait un effritement de son électorat. Fin janvier, le secrétaire général de cette organisation Didier Le Reste avait adressé un courrier à ses secrétaires de syndicats leur demandant en langage cégétiste, de se retrousser les manches pour la campagne électorale. Des inquiétudes semblaient apparaitre sur le terrain. Mais même si le score obtenu est un des plus bas depuis plusieurs élections, le premier syndicat cheminot se déclare satisfait de conserver très largement sa première place à la SNCF. L'organisation cégétiste craignait plus particulièrement une percée de SUD Rail qui ne s'est pas réalisée à la hauteur des craintes de l'organisation.

L'UNSA engrange un gain important avec + de 3,5% par rapport à 2006. Une partie de ce résultat que l'on peut estimer de 1 à 2% est certainement l'apport des voix de la CFTC où des listes ont été constituées presqu'au dernier moment avec le syndicat autonome. Avant le scrutin, certains dirigeants de l'UNSA pariaient sur un gain de 1 à 2 points reconnaissant leurs propres faiblesses sur le terrain. C'est donc pour eux une "divine surprise".

Une partie importante de l'électorat national du syndicat chrétien a choisi l'UNSA, y compris lorsqu'il n'y avait pas d'alliance régionale. Et ce, alors qu'il a été remarqué que la présence militante UNSA sur le terrain durant la campagne électorale a été généralement modeste hormis quelques régions très dynamiques. Précisons que la direction nationale de l'UNSA cheminots n'avait pas été en capacité de conclure un accord national avec la centrale chrétienne malgré des volontés fortes du côté de cette dernière.

L'évènement, c'est surtout que l'UNSA devienne la 2eme organisation syndicale cheminote à la SNCF en passant devant SUD Rail. Ceci, malgré le contexte de la loi de modernisation sociale de 2008 qui risque d'empêcher à terme la constitution d'une "vraie confédération syndicale" qu'Alain Olive et les dirigeants interprofesionnels de cette centrale appellent de leurs voeux. Ce qui relativise l'attachement d'une partie des cheminots au "syndicalisme confédéré".

La progression de SUD Rail n'est pas une surprise. Mais la faiblesse relative de cette augmentation en est peut-être une. Les observateurs les plus attentifs prédisaient entre 2 et 4 % supplémentaires en jouant sur l'effet Sarkozy-contestation. Il est vrai que le Président de la République a bien aidé cette organisation dans le contexte de crise actuelle en désignant SUD comme le perturbateur social à la SNCF.

Mais, les électeurs cheminots ont, semble-t-il, limiter leur protestation considérant les limites du vote syndical radical.

Pour SUD Rail, être dépassé par l'UNSA et devenir la 3eme organisation syndicale sera ressentie comme un échec même si comme la CGT, elle annonce que le "syndicalisme revendicatif" demeure à la 1ère place à la SNCF.

Avec 0,1% supplémentaire, la CFDT alliée à la FGAAC (agents de conduite) ne retrouve pas l'addition arithmétique des deux organisations en 2006 (11,58% + 3,04%). C'est donc plutôt décevant mais de rares observateurs plus ou moins partiaux pariaient sur la disparition (non franchissement du seuil de 10%) et l'échec de l'alliance. Sur 12 régions (sur 27 entités), la CFDT-FGAAC ne sera pas considérée "représentative" au sens de la loi, mais certaines de ces régions sont très proches de ce seuil.

Précison que l'alliance CFDT-FGAAC maintient sans ambiguité possible son niveau de représentativité en voyant s'éloigner le seuil des 10% .

En guise de compensation, la FGAAC et la CFDT constatent qu'elles demeurent une force essentielle chez les agents de conduite (délégués du personnel) avec près de 30% des voix dans ce collège électoral particulier mais primordial dans le dialogue social avec la Direction.

Côté CE, même si le résultat est en-deçà des espoirs de la CFDT-FGAAC, les deux organisations poursuivront leur processus fusionnelle. La CFDT explique l'élection par un contexte de crise et un niveau de contestation radicale très élevé qui ne pouvait favoriser l'organisation cédétiste positionnée sur la ligne pragmatique de la revendication-négociation entre contestation politique radicale et accompagnement.

Le syndicat FO (allié avec la CFE-CGC) réalise une progression notable avec +1,36% des voix, augmentation qu'il n'avait pas connu depuis bien longtemps. C'est le résultat d'efforts de campagne très importants.

Cela n'aura pas suffi, malgré le renfort (accord national) de la modeste CFE-CGC, pour atteindre le seuil fatidique de 10% .

Avec moins de 8%, FO et la CFE-CGC vont donc disparaitre de la représentativité nationale syndicale ce qui limitera considérablement les chances du syndicat de retrouver sa place en 2011 (date des prochaines consultations), voire rendra impossible sa présence politique nationale.

Toutefois, on notera le bon score réalisé par FO-CGC dans 9 régions cheminotes (sur 27) où le syndicat confédéré dépasse les 10% lui offrant une représentativité régionale (avec pour concrétisation matérielle un permanent pour chacune des régions concernées). Toutefois le fonctionnement de la fédération devrait être réduit en moyen de 70 à 80% et le débat interne confédéral de refonte des trois fédérations des transports, être relancé dès fin 2009. Notons aussi que FO ne sera pas représentatif au Fret SNCF malgré des engagements militants importants sur cette filière.

Précisons que plusieurs dirigeants ou anciens dirigeants de la fédération FO (secrétaire fédéral en activité, ancien secrétaire général adjoint, ancien secrétaire fédéral) ont décidé de quitter en mars cette organisation sans toutefois appeller leurs ex-camarades et cheminots électeurs du syndicat à reporter leurs suffrages ailleurs.

Ce qui n'a pas été le cas d'ex-dirigeants de la CFTC cheminote.

Comme FO-CFE-CGC, celle-ci disparait du paysage syndical national suivant la loi sur la représentativité. C'est un vrai non-évènement dans la mesure où l'absence d'accord national ou d'alliance avec une autre organisation condamnait la fédération chrétienne à la disparition nationale. Avec 5,4% (contre 8,14%), la CFTC connait un déclin qui ne devrait pas permettre une résurrection en 2011.

Confirmons qu'un report réel s'est opéré de la CFTC vers des listes UNSA (avec ou non existence de listes communes UNSA-CFTC) par le transfert de responsables chrétiens reconnus et respectés ce qui justifie en partie le score du syndicat autonome comme je l'ai précisé auparavant.

Que pouvons-nous conclure ?

Il reste quatre organisations syndicales représentatives à la SNCF (CGT, SUD, UNSA, CFDT). Mais celles qui considèrent que la négociation doit (re)prendre toute sa place, où considérées comme telles par des observateurs et la Direction de l'entreprise publique rassemblent seulement 29,64% de l'électorat alors que la "loi de modernisation sociale" confère aux ensembles syndicaux la possibilité de conclure des accords s'ils représentent 30% !

Ainsi à 0,36% près, la politique contractuelle à la SNCF pourrait être limitée par les deux autres organisations (SUD sur une ligne radicale, CGT sur une position plus ou moins critique)... ce qui provoquera probablement soit une paralysie de la négociation sociale, soit le retour en force d'une CGT revitalisée dans son rôle de "co-gestionnaire  revendicatif" comme elle se plaisait à le remplir du temps du Président Gallois. Et alors qu'elle vient de perdre un peu moins d'un tout petit point...

Les deux années qui s'annoncent seront donc riches de positionnement syndicaux et... de "station debout pénible" pour la seconde entreprise ferroviaire publique européenne.

Ce sera un défi de grande ampleur pour les cheminots et le Président de la SNCF, Guillaume Pepy.

 

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Concernant le syndicat FO , la baisse de moyens (en temps syndical) que j'ai annoncé dans l'article devrait être d'environ 55% (au lieu des 70 à 80% annoncés).

Cela ne concerne que le temps syndical (en heures) sachant que le nombre de permanents nationaux passera de 18 à 9 personnes, ce chiffre devant inclure les 2 à 3 permanents pour la CFE-CGC suite à l'accord national FO-CGC.

Ce qui fait pour FO, 6 à 7 permanents syndicaux (niveau national) au lieu de 18.

Précisons que les 9 permanents ainsi obtenus le sont par la réalisation du score de 10% et + dans neuf régions SNCF.

A défaut d'être représentatifs nationalement, FO et la CFE-CGC n'obtiendront du temps syndical (2h par suffrage) que sur les voix comptabilisées dans les CE régionaux avec + de 10% des suffrages.

 

Voici pour les précisions techniques et mes excuses pour l'imprécision momentanée.