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10 / 05 / 2016 | 8 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Comment permettre aux salariés d’accéder aux bons professionnels de santé dans un cadre collectif ?

« Un nouveau modèle économique est à trouver et c’est incompatible avec du low-cost. » « Les bénéficiaires d’un contrat collectif en santé attendent autre chose qu’un tableau à rallonge plus ou moins lisible des niveaux de remboursement des multiples actes. Ils recherchent des services sur mesure pour les accompagner au mieux dans leurs parcours de soins. Nous entendons explorer les conditions économiques qui permettront de proposer ces services au plus grand nombre. Un nouveau modèle économique est à trouver et c’est incompatible avec du low-cost », a déclaré Jacques Landriot, président de la MUCS, la « mutuelle des SCOP », en introduction du café social qu’elle parrainait au Procope, le 7 avril, sur les enjeux de l’individualisation de l’offre dans un cadre collectif.


Vie personnelle, vie professionnelle

La MUCS, qui pourrait à l’avenir intégrer dans ses contrats Betterrise, le service de coaching de santé en ligne que l’on retrouve déjà, en inclusion, dans l’ensemble des contrats d’Harmonie Mutuelle. Moins d’un an après le lancement de l’offre, près de 10 000 bénéficiaires utilisent régulièrement ce service. Le taux d’utilisation pouvant monter jusqu’à 40 % dans les entreprises les plus enclines à communiquer sur le sens de la démarche auprès des salariés.

« Ce sont les modules sur la gestion du stress qui sont les plus utilisés et pas ceux consacrés au bien-être et à la remise en forme. »« Les données de suivi, rendues anonymes, de cette application de coaching en ligne méritent le détour. C’est l’occasion de se rendre compte que ce sont les modules sur la gestion du stress qui sont les plus utilisés et pas ceux consacrés au bien-être et à la remise en forme. À l’avenir, il va y avoir des analyses très intéressantes entre le suivi des usages des salariés sur des applications de coaching en ligne et les indicateurs d’absentéisme de l’entreprise, par exemple », explique Pierre Brun, directeur de la stratégie et de l’innovation chez Harmonie Mutuelle, qui souligne toutefois une certaine frilosité des partenaires sociaux à croiser des indicateurs personnels et professionnels, même si l’anonymat est garanti.

  • « Il faut être vigilant sur ces applications de suivi permanent de la santé et le besoin de déconnexion qu’éprouvent les salariés dans leur travail », a tenu à souligner Sandrine Quillien, déléguée syndicale CFDT chez Engie qui participait à ce café social.

La tendance à la convergence est néanmoins pourtant bien tangible. « À l’avenir, nous allons proposer des bouquets de prestations en fonction des moments de la vie. Prenons l’exemple de la maternité et de la paternité ; c’est l’occasion de proposer un accompagnement spécifique par des professionnels et l’accès à des ouvrages spécialisés pour rassurer les futurs parents. L’expatriation, loin de France, peut aussi être propice à proposer un accompagnement sur mesure », illustre Pierre Brun. La clef étant à nouveau de parvenir à rendre accessibles ces services à l’ensemble des salariés qui en ont besoin en jouant sur la mutualisation.

Avis médical à distance

C’est toute la problématique qui se pose à l’avis supplémentaire sur un premier diagnostic que peuvent solliciter des salariés et leurs familles sur des pathologies graves auprès d’un spécialiste.

« Grâce à la mutualisation d’un contrat, il est possible de proposer ce service dans le socle proposé à tous les salariés et ayant droits. »

« Grâce à la mutualisation d’un contrat, il est possible de proposer ce service dans le socle proposé à tous les salariés et ayant droits. Nous sommes sur des pathologies graves, il n’y a donc pas de risque inflationniste sur le recours à notre service », explique Pauline d’Orgeval, cofondatrice du site Deuxiemeavis.fr, ouvert fin 2015. Ce lancement a suscité une salve de réactions négatives au regard du prix unitaire à 295 € du second avis, hors contrat collectif. « Les spécialistes de notre réseau sont indemnisés à hauteur de 120 € par avis, ce qui correspond à la moyenne des consultations à l’hôpital. Nous avons tenu à être très transparents sur le coût de notre service qui guide pas à pas le bénéficiaire pour partager, dans un dossier électronique sécurisé, toutes les informations nécessaires pour poser un diagnostic dans les meilleurs conditions », précise Pauline d’Orgeval. Voilà un marché de l’avis complémentaire à distance qui se développe. Si Deuxièmeavis.fr se développe sur les pathologies graves, d’autres acteurs ratissent plus large.`

Télémédecine, téléconsultation, téléassistance

« En Suisse, les assureurs se sont regroupés pour proposer Medic24, un service d’assistance téléphonique qui fonctionne 24 heures sur 24 », souligne Dr Pierre Simon, membre du CRAPS (Club de réflexion sur l’avenir de la protection sociale) et ancien président de la Société française de télémédecine (SFT-ANTEL).

« Le lieu de travail est un espace privilégié pour rendre des services de télémédecine accessibles et assurer un suivi. » « Le lieu de travail est un espace privilégié pour rendre des services de télémédecine accessibles et assurer un suivi. Les contrats de santé collectifs doivent s’adapter à une médecine qui devient de plus en plus individualisée et participative », considère cet expert des ressorts d’une télémédecine dont le développement va modifier l’économie de l’offre de soins. Du moins, dès qu’elle va concerner les spécialistes. En attendant, les acteurs développent d’abord de la téléconsultation avec des médecins généralistes. De la téléassistance aussi pour des personnes isolées, à l’instar du service Phony développé par Harmonie Mutuelle avec Orange dans le cadre d’un partenariat sur le développement de services d’e-santé au long cours.

La prévention comme dénominateur commun

« L’incitation publique à la prévention est globalement faible. » Le modèle économique de ces services est clairement posé. Surtout dans un cadre collectif avec une approche inclusive. Selon Daniel Szeftel, consultant en e-santé, « la grande majorité de ces services a un caractère préventif. Or le cadre du contrat responsable qui justifie l’exonération des charges sociales sur les cotisations dans un cadre collectif ne valorise pas suffisamment la prévention. L’incitation publique à la prévention est globalement faible ». Un besoin de prévention d’autant plus fort que les mutuelles doivent mieux accompagner les retraités… Et Jacques Landriot de conclure ce café social en illustrant comment la MUCS se donnait les moyens de convaincre les entreprises de proposer des couvertures de santé de qualité à leurs retraités : « Les coûts n’explosent pas, contrairement aux idées reçues et c’est un indispensable lien social, conforme à nos valeurs de l’économie sociale et solidaire, qu’il faut maintenir ».

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