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09 / 01 / 2013 | 1 vue
Sylvain Thibon / Membre
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Canal+ 2013 : les grands enjeux

Voilà nous y sommes et déjà, tout va très vite.

Alors que 2012 va très vite s’effacer de nos mémoires, il va nous falloir rapidement affronter nous aussi notre falaise et escalader la roche, éviter le friable, contourner les anfractuosités, trouver les bons appuis, dessiner le bon chemin pour que 2013 ne se révèle pas être une année noire.

Quatre grands enjeux pourraient ponctuer la vie de Canal+, bousculer son quotidien, questionner son avenir.

Vivendi


Vivendi tout d’abord et son (im-)probable démantèlement. Toutes les hypothèses, supputations, suppositions sont encore sur la table. Il semble que l’arrivée d’un nouvel acteur comme premier actionnaire du groupe modifie encore la donne et bouscule les schémas préétablis il y a quelques mois, lors de l’éviction de Jean-Bernard Levy. Si sortir Vivendi des télécoms à l’étranger semble assez aisé à réaliser, il n’en serait pas de même en France et pour cause. Rapprochement entre opérateurs, regard et contrôle étroits de l’autorité de la concurrence, vente de SFR, transformation de son périmètre ou conservation de l’activité dans le groupe : tout semble encore ouvert. Une chose est sûre pourtant : des centaines de salariés vont prochainement quitter SFR, le plan de départs volontaires est en marche, prélude au grand chambardement.

  • Pourtant, la sortie incertaine des télécoms est un préalable à la réorganisation globale du groupe Vivendi. Sans cette séparation, pas d’orientation indépendante pour le pôle médias. C’est d’abord par la clarification de l’avenir du pôle télécoms que viendront les orientations et les clarifications futures pour les autres activités jeux, musique et télévision… Ainsi, Canal+ se trouve tenue d’attendre pour que son horizon s’éclaire enfin.

Prochaine échéance, l’assemblée générale des actionnaires au cours de laquelle devrait être présenté le nouveau périmètre du groupe, si tout va bien. Il y aurait ainsi juste une année entre les annonces de Jean-René Fourtou « il n’y a pas de tabou sur le périmètre du groupe » et la nouvelle organisation du groupe Vivendi. Ainsi, 58 000 Salariés, presque 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires, ce paquebot que l’on veut démanteler pourrait finalement résister encore… Nous ne sommes pas au bout de nos surprises.

Le management de Canal+

 

Depuis plus d’un an, Canal+ bruisse du prochain renouvellement de son management. Bertrand Meheut l’a lui-même annoncé publiquement en désignant Rodolphe Belmer comme son dauphin. Mais plusieurs mois après cette annonce, le changement n’est que partiel et l’attente d’une clarification chaque jour plus attendue. Les bouleversements programmés chez Vivendi peuvent en partie expliquer cet attentisme. D’autres raisons, plus personnelles, entrent certainement dans le processus de décision, mais l’important n’est pas là. La difficulté naît de cette sorte de « no man’s land » ainsi créé, cet espace qui nous sépare de l’annonce et de sa réalisation, l’attente d’une clarification, d’un calendrier précis et partagé.

Quelques départs ou repositionnements annonciateurs de prochains bouleversements se sont déjà produits en fin d’année. Ils vont se poursuivre tout au long de l’année 2013. Après tout, si ces changements se réalisent dans la douceur, qui pourrait s’en plaindre ? Mais l’absence de visibilité contrarie certaines ambitions, freine ou retarde l’émergence de nouvelles organisations, provoque quelques tensions alors qu’il est grand temps de resserrer les rangs, fixer le cap, lever les voiles. À l’assaut par gros temps, l’équipage soudé saura faire face.

Les affaires

La concurrence, la crise, la technologie, les affaires doivent trouver les relai de croissance qui vont permettre d’affronter puis de sortir par le haut de cette zone de turbulence qui s’annonce. De ce point de vue, 2013 pourrait être une année charnière, une année comme nous n’en avons jamais vécue, faite de bouleversements, Vivendi, management… Mais aussi de la nécessité d’adapter un modèle économique à la nouvelle donne technologique et commerciale. Une chance, le groupe se porte très bien. Économiquement, Canal+ est aujourd’hui une belle réussite, mais l’amortissement des investissements dans le clair après le rachat des chaînes Bolloré, en Pologne avec le rachat de la société « N », ou de la nécessité d’investir dans les technologies de pointe en matière d’interactivité et de contrôle d’accès impose le maintien d’un résultat financier conséquent et une gestion rigoureuse. Or, en ponctionnant toujours plus sur les budgets de fonctionnements, en retardant les investissements indispensables, on affaiblit la superstructure, sans parler des économies sur la masse salariale qui impose au minimum le maintien, plus surement la réduction des effectifs. À trop tirer sur la corde…

Le social

Nous avons vécu 2012 (et particulièrement la fin de l’année) comme annonciatrice d’orientations sociales inquiétantes. Les départs et licenciements se sont multipliés, dégradant encore un peu plus un climat social pourtant déjà bien alourdi par des mois de contraintes ou d’oukases. Espoir, peut-être, en ce début 2013 avec l’acceptation, inattendue, de notre revendication relative à la pérennisation de l’emploi. Notre syndicat a voulu faire de 2013 et certainement de 2014, deux années consacrées à la défense de l’emploi à Canal+. Comme nous le revendiquions, cette orientation est intégrée à l’accord NAO pour 2013. Pour cette raison et quelques autres, notre syndicat a finalement décidé de parapher l’accord.

Il reste à concrétiser cette orientation partagée. Ce devrait être le cas dès le premier trimestre 2013 par la négociation puis la signature d’un accord cadre pour fixer les objectifs, définir le calendrier, les moyens, les acteurs...

Pour nous, les choses sont claires. Il s’agit de pérenniser l’emploi, de faire cesser les licenciements de circonstance, de favoriser l’emploi en CDI contre la multiplication des emplois de consultants ou de prestataires… L’emploi, c’est notre cheval de bataille à venir et nous allons vérifier très rapidement que cet enjeu, nous le partageons avec notre direction. Nous sommes persuadés qu’il est temps de clarifier certaines organisations aux structures devenues parfois illisibles, complexes tendant à l’inefficacité. Dans le contexte présent, il serait paradoxal de ne pas s’attaquer sérieusement à cette question et par ricochet, aux modalités de l’organisation du travail.

On travaille parfois, beaucoup, beaucoup trop dans l’encadrement. La charge de travail fera l’objet d’un traitement particulier par une analyse que nous voulons rigoureuse. Rappeler les règles, responsabiliser les managers, fixer les limites, nos alertes ont peut-être enfin été entendues. Mieux vaut tard que jamais, mais l’urgence est là, au risque d’avoir à gérer des situations individuelles et collectives dangereuses.

Enfin, 2013 devrait également être l’année du renouvellement des mandats des représentants du personnel de l’UES Canal+. Comité d’entreprise, délégués du personnel, CHSCT… Élections professionnelles importantes s’il en est dans le contexte présent et à venir.

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