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14 / 11 / 2012
Jacky Lesueur / Abonné
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Vives craintes sur l'emploi à France Télévisions

Il manque 200 millions d’euros pour boucler le budget de l’entreprise publique en 2013. Les salariés redoutent un plan social.

L’augmentation de six euros de la redevance audiovisuelle en 2013 vient d’être confirmée par le gouvernement.

Pour les 10 000 salariés de France Télévisions, cela ne va pas changer grand-chose. Malgré ces 50 millions d’euros supplémentaires, il manquera encore 150 millions d’euros dans les caisses de l’entreprise publique pour boucler le budget 2013.

Comment en est-on arrivé là ?


Les recettes publicitaires, affaiblies par la suppression des spots en soirée, vont baisser de 75 à 90 millions d’euros. L’État ponctionne 21 millions d’euros de contribution à la dette. La dotation publique pour l’an prochain sera diminuée de 100 millions d’euros. « La situation de l’entreprise est dramatique, l’avenir est très préoccupant et il y aura de la casse. Deux cents millions d'euros, c'est l'équivalent de 3 500 postes. Sans une prise de conscience du gouvernement, on va droit dans le mur », s’alarme Éric Vial, délégué central FO à France Télévisions.

Pour serrer la ceinture de la télé publique, le PDG, Rémy Pflimlin, envisage d'ores et déjà de multiplier les rediffusions et de réduire l’investissement en matière de créations.

Il annonce surtout des « conséquences sévères sur l’emploi ».

  • Un plan national de réduction des effectifs prévoit déjà la suppression de 500 postes d’ici 2015.
  • Un plan de 1 000 départs volontaires en retraite est en cours et un plan de départs volontaires ouvert à tous est en discussion.


« Mais si ça ne suffit pas, il y aura aussi un plan social et cette fois, ce sont les journalistes qui vont prendre le plus », s’inquiète Éric Vial.

Les antennes en régions et outre-mer risquent d’être les premières à faire les frais de l’austérité. Pour terminer 2012 à l’équilibre, un vaste plan d’économies a déjà été mis en place.

Ce sont les locales de France 3 qui sont directement touchées. Plusieurs agences ont fermé durant les vacances de la Toussaint et n’ouvriront pas entre Noël et le jour de l’an.

Le pôle Sud-Ouest, qui couvre un grand quart de la France, est le plus touché avec la suspension de tous les journaux locaux. « Il y a seulement une petite équipe de permanence qui réalise 1 minute 30 d’infos à intégrer dans le journal régional de Bordeaux, au lieu de l’édition locale habituelle de 7 minutes », explique Élise Daycard, déléguée FO basée à l’agence de Pau. Elle craint que ces fermetures ne se renouvellent à chaque retour des vacances scolaires. « Le plus terrible, c’est que nous faisons de très bonnes audiences, c’est contre-productif. Le journal de Pau a gagné 9 000 téléspectateurs l’an dernier et dépasse tous les soirs TF1 en termes d’audience », poursuit la déléguée FO.


Éric Vial ajoute : « Le personnel est à bout, chaque nouveau gouvernement amène sa réforme. L’augmentation de l’assiette de la redevance, soutenue par un sénateur PS, a été rejetée par Jean-Marc Ayrault. On aurait gagné 100 millions d’euros. Il refuse aussi notre proposition de rajouter une heure de pub le soir. Tout ce qui pourrait nous sauver, c’est une décision du gouvernement pour trouver une fois pour toutes un financement pérenne et un fonctionnement adéquat. Mais nous n’avons pas ces décisions politiques et tout est tout le temps remis en cause ».

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